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En souvenir de

Patrick Saint-Éloi

Ernest Pépin

Patrick Saint-Éloi

 

Le poète s’en est allé
Il avait goût de mer  et parfum d’arc-en-ciel
L’amour chantait à travers lui
Comme un songe de bambou
Et le cerf-volant faisait chanter le vent

Poète
Tu berçais l’île
Et la farine était douce dans ta voix d’arbre-à-pain
Et les étoiles clignaient de l’œil
Et nous habitions avec toi le feu créole de l’amour
Et nous habitions  avec toi la chevelure des vanilles

Qui portera pour nous le chapeau des étoiles ?
Qui demandera justice et réparation?
Qui tressera les fils du soleil ?

Fils de l’étoile filante
De l’illumination
De la révélation
De la révolution secrète des orchidées
Nous voilà silencieux
Au creux même de la douleur
Etourdi comme iguanes du midi

Patrick  s’en est allé
Les étoiles ne chantent plus
Et le ciel à voix basse chuchote une prière d’écume
Et nous voilà faisant peuple
Feuilles d’un même arbre blessé
Bourgeonnant une saison d’harmonie
Pour la Soif Etanchée des mots
Plus doux
Plus créoles
Plus aimants
Plus amants

La voix s’en est allée
C’était voix d’incendie
Voix de cassave chaude
Et d’anses fragiles creusant nos  rêves
A l’heure où la mer tend un bouquet d’algues douces au balancement des îles
A l’heure où l’abeille murit son miel dans un chant d’acacia
La voix s’en est allée
Voler plus haut
Chanter plus loin
Et nous sommes sourds de nos propres hurlements
Géreurs de nos silences
Chantant déjà la nostalgie du chant
Comme d’une absence la perle inconsolée
Filez étoiles
Filez
La musique est à nous
Même si nous l’offrons à la fraternité du ciel

Ernest Pépin
22 septembre 2010

boule

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