Potomitan

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Voyage sidéral

Ernest Pépin

Nelumbo nucifera

Lotus, Nelumbo nucifera. Photo F.Palli.

L’étoile gémit
Pousse un soupir
Dans un grand ballet chimique
Le soleil
Ouvre son œil d’épervier au  filet des nébuleuses
Accoucheuse d’autres galaxies
Spirale sidérale
Solo de lumière comme d’un feu d’artifice
Ou nous emmènes-tu
Noir qui gravite dans la poussière du noir
Et du noir tire sa fête jusqu’au nombril de l’univers
Et  nous relie au tout du tout
L’atome à des bans d’étoiles
L’étoile à des glissements de gerbes cosmiques
Le silence
L’explosion
Neurones incandescentes d’insectes stellaires
Expansion d’une nuée sonore
Grand chant
Grand temps primitif des années-lumière
Grand trou noir où se déverse l’énergie des millénaires sans commencement
Quelle bête fabuleuse vous respire à tâtons
Tout n’est qu’abondance
Tout n’est que pauvreté
Cathédrale incendiée dans la chair des ténèbres
Qu’appelles-tu et qui prête l’oreille à ton silence vagabond
J’entends l’aile du papillon
La soie d’une nuit qui se déchire comme une voile
Le big-bang d’une fleur qui s’ouvre
Et tout l’élan d’un projeté d’ébullition
Fraternel vaisseau
L’homme est embarqué comme la feuille dans la rivière
Tant d’indifférence le révolte
Il attend les dieux promis
Seule la matière répond à sa peur
Il attend le rire de l’univers
Un message
Une simple parole mais il est condamné à se parler tout seul
Tout est vitesse
Densité
Un chantier d’étoiles recyclées
Un point invisible d’où partent les radiations
Couleurs qui se nourrissent de fossiles dispersés
Et de brillances mortes
Les amoureux te poursuivent avec leur cœur
Tandis qu’éclatent les bulles de la vie
Qui viennent lécher nos mains inquiètes
Dans le carnage de l’espace
Et la rosée ancienne accostée par l’incessante flûte à prières
Avant que meure l’étoile tapie dans tes yeux
La larve de l’étoile
Ou l’hirondelle qui gouverne les saisons
Tout s’entend et murmure bagué de lumière ancestrale
Nous sommes un morceau de miettes
Une cité perdue qui à nouveau blasphème
Et tend un rameau de vie au bec de l’oiseau qui dédaigne les branches
Le grand oiseau de l’univers qui essaime dans un puits sans bordures
Le grand désir qui nous unit à la chevelure infinie
Enflammée
D’un palmier magnétique et qui serpente en moi et hors de moi
Je suis la fleur éclose à travers temps
L’étoile filante et liée à tout ce qui vit
La voix qui déchiffre le silence furieux
Le lotus et la pierre qui rayonnent d’aimer l’attouchement du cosmos

Ernest Pépin
Faugas/ Lamentin/ Guadeloupe
Le 9 Août 2011

Viré monté