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L'exorcisme de la blès
Vaincre la souffrance
dans Autobiographie de ma mère
de Jamaica Kincaid

par Patricia Donatien-Yssa

L'exorcisme de la blès Vaincre la souffrance dans Autobiographie de ma mère de Jamaica Kincaid, Patricia Donatien-Yssa
Éd. Le Manuscrit • 2007 • EAN 9782748194500 • ISBN 2-7481-9450-0 • 215 pages • 17,90 €.

L'exorcisme de la blès est une étude critique du roman Autobiographie de ma mère de Jamaica Kincaid. L'auteur explore à travers cette étude le roman dense et troublant d'une écrivaine dont l'écriture est un cri de colère contre un système colonial avilissant. Patricia Donatien-Yssa nous donne ainsi les clés d'un style marqué par la spiritualité et le symbolisme qui révèle une identité rhizomique et s'inscrit dans la subvertion des discours européens. Grâce à l'exploration de l'esthétique de la souffrance et de la mort, en un mot, de la blès, maladie coloniale infectant espaces, corps et esprits, l'auteur nous permet de comprendre l'acte rituel de création et de sublimation auquel se livre Kincaid pour nous offrir cette œuvre caractérisque.

Sommaire

11. Avertissement

13. Introduction 

21. Créer en exil, l’écriture de la Déterritorialisation 

Autobiographie de ma mère :

35. Le chronotope de la blès

53. L’esthétique de la blès

63. Spiritualité, surnaturel et culture de l’irréel 

83. La quête de Xuela : un conte de vie et de mort

99. Corps entendus, corps interdits

127. Mon père, mon frère, mes hommes

155. Mère: refus et quête d’un absolu

177. Dire la colonisation : une textualisation de la blès

Conclusion Autobiographie de ma mère

195. Œuvre postcoloniale ou Œuvre en révolte 

201. Jamaica Kincaid: sa vie, son œuvre

207. Bibliographie

Avertissement

Le présent ouvrage est une étude critique en français qui a été réalisée à partir de la version anglaise du roman de Jamaica Kincaid: The autobiography of my mother, publiée en 1996 par Farrar Straus & Giroux. Cependant, dans un souci d’uniformisation de la langue, et de lisibilité maximale du texte, la version française du roman a été adoptée pour mener à bien ce travail. Toutes les références à l’ouvrage sont donc faites en français sous le titre: Autobiographie de ma mère et toutes les citations sont extraites de la version française publiée par les éditions Albin Michel. Les contraintes de mise en page ne nous ont pas permis d’insérer systématiquement les citations originales du roman de Kincaid en notes de bas de page, comme cela était prévu au départ. Cependant grâce à la qualité de la traduction de Dominique Peters, la bonne compréhension de l’angle d’attaque et des interprétations que nous proposons ne semble aucunement être altérée par ce déficit. Par ailleurs, dans la bibliographie sont présentes toutes les références qui permettent de trouver la version originale qui demeure, bien entendu, la véritable création de l’auteur; et d’en évaluer la portée ainsi que la qualité.

Le lecteur découvrira également dans cette étude le concept de la blès dont la définition est présentée en introduction. Pour éviter toute confusion avec le mot blessure et les acceptions qui lui sont attachées, nous avons fait le choix de conserver l’orthographe du mot créole telle qu’elle apparaît dans le dictionnaire informatique du créole martiniquais de Raphaël Confiant1, écrivain et chercheur martiniquais.

Introduction

L’œuvre de Jamaica Kincaid prend corps dans le mythe d’une fin de millénaire2 où les certitudes existentielles et sociétales s’effondrent pour laisser la place aux investigations et aux expériences. Après avoir écrit deux romans de facture classique et assimilable au bildungsroman, où la réécriture du vécu personnel du passage à la maturité demeure la stratégie narrative fondamentale; Jamaica Kincaid prend au milieu des années 90 un tournant décisif avec la publication du roman Autobiographie de ma mère.

Dans cette création centrale, qui apparaît comme étant à ce jour l’œuvre majeure de l’auteur, Jamaica Kincaid installe son écriture dans un véritable processus fictionnel et aborde dans un trope élégant, complexe, mais dépourvu de sophistication, l’exploration du chaos, de la désorientation, de l’ambiguïté et de l’incertitude, en un mot de la souffrance.

L’écrivain antiguaise se lance, à travers l’écriture de ce roman qui fait le récit de la vie d’une jeune femme écorchée mais volontaire, dans l’élaboration d’une œuvre rude et dense. C’est dans une véritable démarche volontariste d’exploration et de tentative de compréhension de l’âme caribéenne que l’auteur situe sa fiction, en périphérie de toute forme classique de narration. C’est en effet dans l’expérimentation spatiale, temporelle, philosophique et esthétique que Jamaica Kincaid s’inscrit d’emblée. Dans une approche déstabilisante d’une fiction qui s’articule autour d’un chronotope où les ancrages spatiaux et temporels se dérobent, de personnages qui naviguent entre réel et irréel, et d’une narration basée sur le glissement, la superposition et la fragmentation, elle aborde la question de la résistance ultime : celle de l’être humain face à la souffrance.

Le concept de souffrance est abordé dans ce roman singulier, par le biais d’une multiplicité de thématiques et de stratégies d’écriture révélatrices d’une réelle connaissance de l’histoire, de la culture et de la spiritualité caribéennes. Jamaica Kincaid, malgré une volonté affichée de se démarquer de tout courant littéraire et de toute orientation théorique, appartient, à n’en point douter à la vague des auteurs qui, nés dans la deuxième moitié du xxème siècle, dans un pays anciennement colonisé, ont emboîté le pas à leurs aînés. Ces écrivains ont en effet fait le choix de s’exprimer dans une écriture tout aussi fermement positionnée dans la contestation des normes et des canons européens, mais cependant affranchie de toute revendication nationale et des contraintes discursives de l’activisme politique, portées par leurs prédécesseurs.

Son roman explore donc les différentes figures communes à cette vague d’auteurs: l’identité, l’hybridité, les antagonismes entre races, classes et sexes opposés: autant de facteurs d’angoisse et de crispation. Toutefois, Kincaid à l’instar de son confrère le Guyanais Wilson Harris3, refuse de situer l’articulation de son œuvre dans une opposition binaire itérative qui jetterait dans un affrontement duel le colonisateur et le colonisé, le riche et le pauvre, le blanc et le noir, l’homme et la femme.

C’est au contraire dans l’interstice, dans la fissure, dans l’incertitude des frottements et des glissements opérés dans la perte de contrôle caractéristique de l’être humain que Kincaid positionne ses personnages, sa narration et son intrigue. Sa stratégie est celle de la négation de la certitude et de l’investigation du non visible pour une recréation fantasmée d’un monde trop irrémédiablement figé dans un carcan systématique.

C’est cette posture de remise en question et de parti pris d’une esthétique du contre-exotisme qui nous a poussés à positionner Jamaica Kincaid et en particulier son œuvre Autobiographie de ma mère à la pointe de notre réflexion sur la création artistique caribéenne. En effet, l’art caribéen a connu au cours du xxème siècle un développement prodigieux singularisé autant par la diversité que par l’originalité de la production. Dans le domaine de la littérature, autant que dans celui des arts plastiques, chorégraphiques et visuels, les balbutiements du xixème siècle ont laissé la place à une création riche et innovante. Devant ce foisonnement et la variété des formes et choix d’expression, la question de la cohérence de cet ensemble se pose; et induit une interrogation sur la pertinence d’une postulation esthétique qui serait capable de rendre compte à la fois d’un cheminement commun et de cette diversité créative.

Les investigations diverses que nous avons menées pour tenter d’apporter une réponse à ce questionnement, ainsi que nos nombreuses rencontres avec des peintres, chorégraphes et écrivains, nous ont permis d’émettre l’idée que l’élément commun qui constituerait le ferment de cette postulation serait la souffrance singulière et fondatrice de l’être caribéen : la blès. Nous avons donc décidé d’adopter le concept de la blès comme outil analytique de l’art caribéen ; et nous avons à partir de là émis une théorie à même de révéler les trajectoires hybrides et heurtées d’œuvres entre ambiguïté et révélation.

Le but de cet ouvrage n’est pas l’exploration de cette théorie qui fera l’objet d’un autre manuel ; cependant pour la clarté de nos propos nous allons malgré tout exposer le sens de la blès ainsi que les bases de ce concept, et par ailleurs renvoyer nos lecteurs à un article que nous avons écrit sur le peintre Leroy Clarke pour la revue électronique Lisa4.

Ce terme de blès, intrigant pour la majorité des lecteurs, appelle bien entendu une exploration de son champ d’acceptions. La blès, telle que nous l’avons définie dans notre théorie pour une approche critique de l’art caribéen, désigne une maladie, «un syndrome créole qu’il est difficile de traduire en termes médicaux occidentaux». Le mal est décrit comme un «désordre des organes […] qui se caractérise par des douleurs au niveau du thorax, du dos […] certains parlent même d’un corps étranger à l’intérieur de la poitrine. Cette maladie est causée par un traumatisme…»5. En dehors de ces définitions qui renvoient à des manifestations purement physiques, il est apparu qu’à un second degré, la maladie peut également être comprise comme une affection qui irait d’une mélancolie sans conséquence sur le corps à une pathologie psychosomatique grave qui altérerait la santé mentale et physique.

Ce syndrome serait apparu dans la Caraïbe dans les populations ayant subi successivement la déportation, l’esclavage et la colonisation. Il découlerait d’un traumatisme fondamental généré par les régimes déstructurants et annihilants de l’esclavage et du système colonial, et par le carcan de souffrance et de déni de soi imposé à chaque individu. La blès serait donc la conséquence de siècles d’un renoncement et d’un refoulement infligés à eux-mêmes par les individus prisonniers de ces systèmes, dans le but de survivre. Considérée aujourd’hui comme désuète et comme faisant partie d’une approche mythologique, voire folklorique, du rapport au corps, la blès semble malgré tout «constituer une version plausible des effets destructeurs qui se développent entre générations…»6. Elle présenterait encore une réelle pertinence quant à l’élucidation d’une certaine difficulté à affronter les souffrances conscientes, et à extérioriser les plaies et les lancinements inconscients liés à l’histoire et aux mécanismes de sauvegarde développés à la fois par chaque individualité mais aussi par l’ensemble de la communauté.

Cependant, la blès demeure singulièrement active et perceptible dans l’art et en particulier dans la création littéraire et plastique. En effet, nombreuses sont les œuvres caribéennes: peintures, sculptures, romans qui s’édifient autour du thème majeur de la souffrance et en déclinent, dans des expressions troublantes et dérangeantes, toutes les figures. Toutefois cette souffrance n’est pas seulement la conséquence d’un vécu individuel mais aussi le résultat d’une intériorisation collective de siècles de rabaissement, de frustration, de fureur et de douleur. L’artiste dans sa position de magicien de l’âme, de récepteur intuitif, est celui qui ressent le mieux ce qui est enfoui au plus profond des êtres. Comme les autres, il est en blès, mais contrairement aux autres, il détient un pouvoir de révélation et sait transformer sa blès en énergie créatrice. L’esthétique de la blès ne se situe pas dans une apologie de la maladie et de la décadence, ni dans la «volupté de la souffrance»7 mais une réactivité à la souffrance structurante et dynamisante. Du point de vue de son auteur, mais également pour l’ensemble de sa communauté l’œuvre est «un opérateur de survie»8. L’artiste caribéen, plus que tout autre acteur social, reconnaît l’état de crise et la déliquescence de sa société et dès lors la maladie qu’est la blès «devient l’apprentissage des possibles et par là une voix de libération spirituelle»9 et créative. La prise en compte et le non-évitement de la blès induisent une forme de renversement non systémique qui conduit aussi bien le créateur que sa création vers une valorisation du négatif. Il ne s’agit aucunement d’un pessimisme esthétique mais au contraire d’une volonté d’embrasser le réel aussi laid et corrompu soit-il, et de construire sur le ferment de l’horreur et de la pourriture une nouvelle version du monde incisive, tendue mais démystificatrice.

Ainsi Jamaica Kincaid, grâce à une déterritorialisation libératrice, se livre elle aussi à l’acte rituel d’exorcisme de sa blès en créant le personnage de Xuela, monstre, créature hybride aux voix multiples dont le voyage initiatique figurera l’immersion thérapeutique et fondatrice de l’auteur. C’est donc à une incursion dans un chronotope mythique et mythologique que Kincaid nous invite, un chronotope exploré dans une esthétique de l’excès et de la confusion volontaire qui débouche sur un éventail de représentations souvent violentes et troublantes.

Dans une écriture agressive et subversive qui s’inscrit volontairement dans l’anormalité, Kincaid aborde les thèmes fondateurs de son roman : la spiritualité, la représentation de soi, le rapport filial et la colonisation. L’auteur visite cette ample thématique de la souffrance et de ses causes, en adossant son œuvre à une structure faussement linéaire, qui se révèle être un croisement hybride et interstitiel du conte, de la transgression des limites, et de la dérivation philosophique; et ce dans un style où le choc et la colère s’entremêlent dans une répétition incantatrice de l’affirmation de soi.

C’est par conséquent à une découverte des différents processus stratégiques et esthétiques d’extériorisation de la blès et de cristallisation en énergie créatrice, que nous invite le présent ouvrage. On y verra comment Kincaid réussit à textualiser la souffrance, et à en faire un moteur narratif spatio-temporel, en positionnant la blès non seulement en thématique centrale mais aussi en véritable cadrage esthétique. Ainsi, le personnage principal du roman, son environnement, son discours, son épopée et ses relations à l’autre, sont-ils tous définis en rapport à la souffrance qui habite l’espace et l’histoire coloniale. Mais au-delà, c’est l’écriture même de Kincaid qui devient une chair palpitante qui hurle son existence.

Notes

  1. Raphael, Confiant. Dictionnaire créole martiniquais-francais. Guyane: Ibis Rouge, 2007.
     
  2. Le roman Autobiographie de ma mère a été publié en 1996.
     
  3. Rejoignant Edouard Glissant dans l’idée que la Caraïbe constitue par excellence une zone de peuplement et de culture rhizomiques, Harris développe dans son ouvrage The womb of space (1983) le concept d’une ‘tradition souterraine’ où les éléments et les systèmes apparemment opposés se rejoindraient dans un réseau complexe de ramification.
     
  4. Patricia, Donatien-Yssa. «Leroy Clarke entre poésie et peinture, chantre de la spiritualité et de la liberté » in Pascale, Guibert. En terre étrangère? Poésie anglophone et arts graphiques, La revue Lisa Vol. V, n°2, 2007.
     
  5. Confiant, Op.cit. p.40.
     
  6. Odile, Marcel. La maladie européenne. Paris: PUF, 1993, p. 98.
     
  7. Ibidem p.27.
     
  8. Ibid. p.85.
     
  9. Ibid. p.310.

L'auteure

Patricia Donatien-Yssa, docteur en Études Anglophones, est maître de Conférences à l’Université des Antilles et de la Guyane et spécialiste de littérature et de l’art caribéens.

Elle développe depuis une dizaine d’années des recherches sur la littérature féminine, la spiritualité, les arts et l’esthétique, ainsi que sur les interfaces qui existent entre ces aspects et les phénomènes socio-anthropologiques et historiques dans la Caraïbe.

Parallèlement à ces activités de chercheur, Patricia Donatien-Yssa est artiste peintre et a exposé à de nombreuses reprises dans la Caraïbe, en Europe et en Afrique. Elle a également été en charge de scénographies pour des pièces de théâtre et des chorégraphies.

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L'Exorcisme de la Blès de P. Donatien Frantz Fanon Prize 2008

L’essai L’Exorcisme de la blès, Jamaica Kincaid Autobiographie de ma mère, publié par Patricia Donatien-Yssa aux éditions Manuscrit-Université, a obtenu le Frantz Fanon Prize 2008. Cette étude critique explore le surprenant roman Autobiographie de ma mère publié par Jamaica Kincaid en 1996 pour interpréter le cri de colère de l’écrivaine caribéenne-étasunienne contre un système colonial avilissant.  Procédant à l’examen de l'esthétique de la souffrance et de la mort dans ce texte, Patricia Donatien révèle la fonction de sublimation de la blès, (maladie coloniale infectant les espaces, les corps et les esprits), qui caractérise l’acte rituel d’écriture chez Jamaica Kincaid. Elle expose l’articulation de la  spiritualité et du symbolisme dans une écriture qui reflète la dimension rhizomique de l’identité caribéenne et se caractérise par la subversion des discours coloniaux sur la culture et l’écriture.

Le Frantz Fanon Prize  récompense chaque année trois ouvrages qui apportent une contribution significative à la pensée caribéenne. Il est décerné par la «Caribbean Phylosophical Association » un groupe de recherche international  qui se consacre la l’étude de  la production d’idées en accordant une attention toute particulière aux échanges Sud-Sud. Rattaché à  l’«Institute for the Study of Race and Social Thought»  de la renommée université Temple de Philadelphie, la «Caribbean Phylosophical Association » est actuellement présidé par Lewis Gordon, membre fondateur, titulaire de la chaire la plus prestigieuse de l’université Temple. La C.P.A compte parmi ses membres Henry Paget (Brown University) spécialiste des mouvements philosophiques caribéens, rédacteur en chef de la «C.L.R James Review» et Brinda Mehta (Mills College) dont les recherches portent sur les littératures et la philosophie caribéenne et indo-caribéenne.

Le Frantz Fanon Prize sera remis à Patricia Donatien-Yssa, Maître de Conférences en littératures de la Caraïbe anglophone et de l'Afrique anglophone à l'Université des Antilles et de la Guyane, au mois de Juin  2008 en Guadeloupe  lors de la conférence annuelle de la «Caribbean Phylosophical Association» qui comprendra une présentation de l’ouvrage.

Rodolphe Solbiac  
Docteur en langues et littératures anglophones

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Press Release
The Frantz Fanon Prize for 2008


The Frantz Fanon Prize Committee has announced that the 2008 prize will be awarded to:

The Prize will be awarded in Guadeloupe at the 5th annual international meeting of the Caribbean Philosophical Association.

According to the Committee, “Cornell’s Moral Images of Freedom… has the added significance in that Cornell also succeeds in extending the very notion of critical theory from one that was centered around the roles and effects of class and reason in the advanced capitalist societies to a view that includes the roles and effects of race and gender in these societies. Thus the chapter, ‘Decolonizing Critical Theory: The Challenge of Black Existentialism,’ is one that brings the tradition of Black existentialism and Africana phenomenology into a critical dialogue with the Western tradition of critical theory examined in the earlier chapters. It is an insightful analysis of the tradition of Black existentialism…

The chapter makes clear the contributions of Black existentialism to the tradition of critical theory as well as the criticisms of the tradition as developed in the works of Kant, Heidegger, Derrida and Cassirer. This makes the author of this book an excellent choice for the Association’s Frantz Fanon prize.”

“After an exegesis of writings by key black existential thinkers, Cornell brilliantly applies the decolonial turn of these black philosophies of existence to a unique reading of Toni Morrison's novel, PARADISE. This latter move linking Kant to Morrison's detailing of aesthetic judgment is in line with current theorizing by scholars of Caribbean political thought who seek to ‘creolize’ political narratives from early to late modernity hitherto limited in most contemporary political theory to European and Euroamerican texts.… For those deeply interested in the transformative power of thought and its applications to the world in which we live, as C.L.R. James once remarked, Moral Images of Freedom is our text. This work will not disappoint as it shows how questions raised by Kant and the Frankfurt School may very well have their answers in the theories of interlocutors located in the global South at modernity's underside.”

Patricia Donatien-Yssa, L’exorcisme de la bles …uses the trope of the blès to propose an innovative understanding of postcolonial themes such as identity, hybridity, racial antagonism, gender marginality. She rejects binary oppositions and what she calls "factual analysis" to find in the affect and self-image developed by the artist/writer the very essence of the creative process. As a result, her exploration of Kincaid's Autobiography of My Mother develops a range of subjects such as the writing of deterritorialization, the chronotope and the aesthetic of the blès, spirituality and the culture of the unreal, the quest for life (and death), the 'textualization' of suffering. These topics reject exoticism and orientalised positionings of the Caribbean to postulate an indigenist Caribbean art form.”

“Donatien-Yssa’s book deserves the Frantz Fanon Prize for its original and unconventional theoretical reading of Jamaica Kincaid’s Autobiographie de ma mère…. She weaves her original theoretical tool of the ‘blès’ into every chapter of the book, using it as a guiding theme throughout the study of a literary piece that is de-territorialized, achronological, rhizomatic, antiexoticist, ambiguous, contradictory, therapeutic and profoundly spiritual….

Through her original analysis, Donatien-Yssa gives theoretical substance to Kincaid’s break with the categorization of her work as postcolonial.”

Viré monté