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Le carnaval des travestis:
les travestis Makoumè
Véronique Rochais et Patrick Bruneteaux
Le carnaval des travestis: les travestis Makoumè, Véronique Rochais et Patrick Bruneteaux • Éd. Lafontaine, Martinique • 2008 • ISBN 2-912006-67-8 • 5 € |
Le carnaval martiniquais, très différent du carnaval brésilien, est avant tout un carnaval populaire. Presque tous les bourgs s’animent à l’approche des jours gras et l’invention individuelle renouvelle toujours, année après année, les déguisements. Pour autant, derrière la multitude des travestissements et des parades, on peut retrouver un certain nombre de grands thèmes qui renvoient à la réalité du peuple créole opprimé.
Le carnaval antillais nous invite donc à réfléchir sur les significations de festivités qui semblent davantage prolonger les conflits sociaux ordinaires qu’à obéir à une logique d’inversion, de suspension des règles de la vie sociale. Cet ouvrage montre que l’héritage du colonialisme est porté par le carnaval à travers un théâtre imaginaire qui accentue l’identité noire sous ses différents aspects culturels. Si l’on ne voit presque pas de bwabwa mettant en dérision les Békés, en revanche les groupes de parades et les individus imagent leurs souffrances (relations hommes/femmes, esclavage) et célèbrent leur force à travers le magico-religieux.
Cependant, cette fonction de passage entre le réel du quotidien et le réel du carnaval est loin d’être aussi évidente aujourd’hui. La logique de production touristique véhicule le risque de dénaturation du carnaval martiniquais. Surtout, elle entre en décalage avec les anciennes et les nouvelles générations qui, depuis plusieurs années, en viennent à s’interposer et à rivaliser avec les nouveaux technocrates. Désormais, caisse de résonnance de tensions qui ne se disent pas au quotidien, le carnaval martiniquais risque de devenir une fête contestée par les jeunes exclus du développement.
Véronique Rochais: Doctorante en anthropologie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Membre associé au CRPLC (Centre de Recherches sur les Pouvoirs Locaux en Caraïbe). Elle travaille sur la culture martiniquaise depuis plusieurs années (sorcellerie, santé, religions, identités).
Patrick Bruneteaux: Chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique. Membre associé au CRPLC de Schoelcher. Il travaille depuis des années sur les cultures populaires et les figures du Double. Son dernier ouvrage: Devenir un Dieu. La religion politique du nazisme. Esquisse d’une théorie sur le dédoublement. Publibook, 2004.
Extraits°
Page 23
…On peut voir un exemple du dualisme «Blancs/Noirs» dans l’invention du mercredi des Cendres par le peuple des anciens esclaves tandis que le carnaval «blanc» de Saint-Pierre ne célébrait que le mardi gras. Les «pleureuses déchaînées qui accompagnaient les ‘bwa bwa’ en place publique avec des chants et des danses» remettaient en cause l’ordre social...
Page 89-90
…Dans cette zone de turbulences où sont malmenées les normes sociales, «l’inversion carnavalesque la plus typique est celle de l’homme qui se déguise en femme et celle de la femme qui s’habille en homme. Ce jeu qui peut paraître équivoque et grossier à la fois, fut toujours condamné par l’église. Revêtir les vêtements du sexe opposé est considéré comme un péché contre le sixième commandement». Dans le carnaval martiniquais, la folie sociale contrôlée n’apparaît plus que dans le comportement d’une catégorie spécifique, les travestis makoumè. En Martinique, les travestis sont constitués de tous les personnages déguisés selon les règles de la tradition. En revanche, les travestis sexués, pourtant très présents dans tous les carnavals de la Caraïbe et de l’Amérique latine, demeurent marginalisés en Martinique. Ce sont des petits groupes, informels qui viennent se poser sur un carnaval organisé sans eux. Ils entrent dans le cadre de la participation secondaire. Hors programmation, ils viennent se surajouter au cadre. Les carnavaliers officiels (groupes à pied, groupes de parade) font le carnaval au sens où, sans eux, il n’y a pas de festivités dans les rues…
Sommaire
Introduction: | |||
De quelques enjeux martiniquais dans le Carnaval | |||
1) Présentation du Carnaval en Martinique 2) Le Carnaval révélateur d’une société qui se cherche 3) Quelques informations complémentaires pour introduire le Carnaval |
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I- Les travestis dans l’histoire | |||
I-1 I-2 |
Les travestis dans l’histoire des Carnavals Les travestis dans l’histoire des Carnavals de la Martinique |
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II- Figures et évolutions historiques des travestis en Martinique | |||
Le travestissement: une logique d’exposition Figures libres et figures imposées Figures traditionnelles et figures modernes Travestissement du réel et travestis mythologiques Travestis consensuels et travestis contestés |
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III- Les travestis makoumè | |||
III-1 III-2 |
Mise en dérision sexuelle des femmes et célébration de l’objet d’amour Les principaux travestissements martiniquais mettant en jeu une relation homme/femme |
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III-2-1 III-2-2 |
Les mariages burlesques Les diablesses |
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III-3 III-4 |
Les travestis makoumè dans la rue La perception des travestis makoumè par l’élite martiniquaise |
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IV- Le sens du travestissement. Le Carnaval martiniquais, symbole d’une quête identitaire | |||
IV-1 IV-2 IV-3 IV-4 |
Un Carnaval particulariste d’affirmation de la communauté noire Un Carnaval porté par un esprit majico-religieux revivifiant L’importance des relations homme-femme dans le Carnaval Une logique de fusion collective dans la fête |
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Conclusion |