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Qui l'aurait cru?

Par Rulx Valmé

Qui aurait cru qu'un jour le président du compas surnommé Sweet Micky par ses fans, Tèt Kale par ses partisans et Ti Simone par ses détracteurs se présenterait à l'élection présidentielle de novembre 2010 afin d'être élu à la magistrature suprême de l'Etat? Qui l'aurait cru? Si le tremblement de terre du 12 janvier n'avait pas eu lieu, le candidat de la plateforme politique Repons Payizan aurait-il l'intention de poser sa candidature à la présidence du pays ou nourrissait-il cette idée en se proclamant, il y a belle lurette le président du compas? Une déficience pour ne pas dire l'absence de leadership en Haïti a produit ce que nous pouvons appeler aujourd'hui le phénomène «Martelly» qui a fait et fait encore couler beaucoup d'encre.

De la musique à la politique quel revirement imprévisible! Ceci  nous amène à nous poser toute une série de questions: Qu'est-ce qui pourrait bien être à la base de ce revirement inattendu de Joseph Michel Martelly en faisant irruption sur la scène politique haïtienne? S'il est élu président au second tour du scrutin, réussirait-il à satisfaire les desiderata du peuple là où d'autres avant lui avaient échoué? Quelle réponse donnera-t-il ou quelle solution apportera-t-il aux problèmes des paysans quand on sait que deux tiers de la masse rurale dépendent d'une agriculture de subsistance, rudimentaire et archaïque? Le chanteur populaire s'acquittera-t-il de sa responsabilité de chef de l'Etat à bon escient compte tenu que ce dernier est novice dans le monde de la politique et surtout de son milieu? Ne dit-on pas que l'homme est le produit de son milieu? Il est fort probable qu'un Martelly au pouvoir soit animé de bonnes intentions en contribuant au bien-être de la population haïtienne et au développement du pays, cependant son environnement politique immédiat, va sans aucun doute accaparer son pouvoir et fera de lui une marionnette. Déjà, on prévoit que le parlement qui sera en majorité issu de l'INITE fera obstruction au prochain gouvernement. Qui vivra verra!

Il est avéré que la tâche qui attend le ou la 56ème président(e) d'Haïti sera ardue dans un pays où plus de 70% de la population active est au chômage et où 80% vit en dessous du seuil de la pauvreté avec moins de 2 dollars par jour, la moitié des richesses du pays est détenue par 1% de la population,  le bilan de l'épidémie de choléra qui ne fait que s'alourdir de jour en jour, l'insécurité qui fait rage, plus d'un million de sans-abris sont hébergés dans des campements de fortune et sans oublier le rapport mondial sur l'indice du développement humain (IDH) établi par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans lequel Haïti est classée au 145 ème rang sur 169 pays. De ce fait, le pays a besoin d'un leader politique compétent capable d'enrayer la corruption qui gangrène l'administration publique, d'endiguer le chômage, de rétablir l'autorité et la souveraineté de l'Etat, qui pourra se pencher sur le dossier de la reconstruction et relancer l'économie nationale, redorer l'image d'Haïti en luttant contre la mauvaise propagande orchestrée contre le pays à l'étranger depuis plusieurs décennies.

Après plus de deux siècles d'indépendance, le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental se trouve au bord de l'abîme, le peuple est aux abois et ne sait plus à quel saint se vouer. Qui volera à son secours? Saint-Michel, Saint-Joseph ou Sainte-Hyppolite ?

Montréal, le 6 février 2011

Rulx Valmé

boule

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