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18 mai (Requête du bicolore)

Kelita

Port-au-Prince, Haïti

Drapeau

18 mai 2010, en ce jour qui ramène le 207ème anniversaire du bicolore haïtien, le drapeau symbole vivant de l'âme de nos aïeux adresse aux citoyens et citoyennes sa requête.

Au Président de la République
Aux juges
Aux Doyens
Aux Commissaires du gouvernement
Au parlement
Aux autorités de l'État
Aux citoyens et citoyennes haïtiens

Moi, le bicolore haïtien né la veille de l'indépendance d'Haïti par les héros de Vertières, ainsi déclaré:

Que ce 18 mai qui ramène le 207ème année de ma création par l' auguste empereur Jean Jacques Dessalines de regretté mémoire, je ne compte plus fêter et comme de faite, je ne fête plus.
Je ne veut plus continuer à faire semblant que sur ce mât d'ou je flotte depuis l'existence de cette nation que j'aime tant dont je représente la fierté, l'honneur, la dignité de tant d'âmes qui se sont sacrifiées pour me donner la vie, tout va pour moi à merveille.

Non, aujourd'hui je dis non! Et je jette le masque, je proteste énergiquement contre toutes ces humiliations, toutes ces déceptions que certains de ces citoyens qui se prétendent être des fils et filles de la patrie me font subir. J'exprime en ces mots, ma honte, mon indignation, mon chagrin. Je mets a nu mes blessures ouvertes qui ne date pas d'hier et qui peinent à se cicatriser tant elles sont profondes.

Je proteste formellement en ce jour contre tous ceux-là qui, pour certains avantages confirmés foulent aux pieds ma liberté sur ce territoire sacré, arrosé du sang de nos ancêtres qui ont passé toutes leurs existences à travailler, bêcher la terre pour qu'à l'aube de 1804 qui marque l'année de l'indépendance de ce pays, ils voient enfin briller sur cette Ile la lumière de l'espoir, la lumière de la liberté.

Liberté, égalité, fraternité trois piliers sur lesquels se fondent notre nation, trois mots d'extrême importance mais dont les citoyens d'aujourd'hui semblent ne pas accorder trop d'importance. Ils les répètent, mais ne l'ont point en mémoire pour se souvenir que ce sont ces mots qui permettent à ce pays d'exister en tant que tel aujourd'hui.

L'union fait la force, tels sont les mots gravés au bas des armes de la patrie qui symbolisent honneur, dignité, respect, indépendance, souveraineté. Et voilà plus de deux siècles depuis que cette nation est née, voilà également plus de deux siècles depuis qu'elle n'est plus. La division, la corruption, la discorde, la dilapidation, la perdition, le vol, le brigandage, le souci de satisfaire les intérêts mesquins, la folie du pouvoir, tous ces mauvais sentiments sont les seules armes qui gouvernent la République et le peuple est le seul a subir les conséquences et le pays de plus en plus s'en va à la dérive.

Dérive politique, dérive socio-économique et maintenant on se retrouve là, les mains liées, les genoux pliés sur nous mêmes, paralysés, rien ne peut plus marcher, rien.

Pour le drapeau pour la patrie, mourir est beau, ce sont ces mots qui composent notre hymne. Quels citoyens en ce jour sont prêts à mourir pour sauver Haïti?

Quels citoyens sont prêts à laisser de côté ses intérêts pour se battre pour qu'Haïti reprenne sa liberté, son indépendance? quels citoyens sont prêts a se sacrifier pour qu'au bout de ce mât, je flotte en toute dignité?

Pour le pays, pour les ancêtres marchons unis, dans nos rangs point de traitre, du sol soyons seuls maitres. Des mots célèbres, des paroles sorties du plus profond de l'âme de ces héros qui ont rêvé, qui ont cru, qui ont voulu, qui ont pu et qui ont frappé à grands coups sur l'enclume et la bataille fut gagnée, les ennemis ont été merveilleusement vaincus sur le territoire ou l'esclavage régnait en maitre.

Ils se sont unis, ils ont donné rendez-vous avec l'histoire, ils ont conquis l'histoire, l'histoire s'est laissée faire et leur a donné raison, la raison d'espérer, la raison de croire, la raison d'être. Et les traitres existaient!

Ce qui nous a valu l'assassinat de ces héros sur le champs de bataille. Ils sont morts en combattant encore pour nous, pour ce pays. Des traitres qui pullulent, qui se multiplient encore et encore sur le territoire. Ils sont là, et moi, de là haut d'ou je flotte. je les regarde, j'en suis terrifié, vraiment, j'en ai le cœur plein.

Est-ce la raison pour laquelle je ne veux plus fêter dans ces conditions ou depuis le12 janvier les choses vont de mal en pis. Ces milliers de gens qui sont morts, ces jeunes, ces enfants, ces vieillards, ces paralysés, ces édifices écroulées, tant d'innocents! Ces familles abandonnées, cette jeunesse délaissée. Ceux là qui sont restés enterrés sous les décombres, ce pauvre peuple qui se repose sous ces tentes insupportables au chaud soleil, menacé par les intempéries, les tempêtes, les cyclones, en proie aux maladies. Et tous ces papiers qu'on signe en riant de belle dent, ces plans, ces commission, ces millions de milliards...?

Du mât du Palais national ou je suis tombé, secoué par ce tremblement de terre, j'ai embrassé la terre et la terre m'a embrassé de ses deux mains et m'a dit: «si j'ai tremblé c'est pour te faire sentir que moi également, je proteste. J'ai en haine ce qui se passe sur ce territoire, je partage ta douleur, ta rancœur. J'ai tremblé pour que ces hommes puissent changer et se convertissent de leur méchanceté»

Saurions- nous prendre leçon de ce qui est arrivé et changer? L'avenir seul peut nous le confirmer

Désormais, moi le bicolore haïtien, né la veille de l'indépendance d'Haïti , ainsi déclaré et comme de fait, je déclare à tous que ce 18 mai qui ramène le 207ème anniversaire de ma création par les héros de Vertières, dont je suis fier et le restera toujours, je ne fête plus et ceci, jusqu'à ce qu'un jour sur ce sol règne la paix, la dignité, le respect. Jusqu'à ce qu'on retrouve notre indépendance, notre souveraineté et ce jour là, je pourrais recommencer à flotter sur ce sol en toute liberté.

Ainsi signé

Le bicolore haïtien

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