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29. mars 2010 |
Les écoles situées à travers les trois département géographiques du pays les plus touchés par le cataclysme du 12 janvier sont autorisés à rouvrir leurs portes à partir du 5 avril. Le ministre de l'Education, Joël D. Jean-Pierre, en a fait l'annonce lors d'un atelier de réflexion tenu les 25 et 26 mars 2010 à l'intention des différents acteurs impliqués dans la gestion du système. Un guide d'orientation du personnel éducatif ainsi qu'un calendrier scolaire (2009-2010) réaménagé ont été établis. Des changements importants sont prévus cette année au niveau de l'organisation des examens d'Etat.
«La reprise des activités scolaires dans l'Ouest, le Sud-Est et les Nippes est fixée au 5 avril. Elle sera progressive... Selon la capacité des établissements d'enseignement d'aménager des espaces adéquats et bien sécurisés.» Le titulaire du MENFP, dans un souci de régulation du secteur, a fait état des directives de son ministère pour la réouverture des classes au niveau des départements les plus touchés par le séisme dévastateur du 12 janvier.
Intervenant à l'ouverture de la rencontre placée sous le signe de la relance des activités scolaires, M. Jean-Pierre qui, d'emblée, ne garantit aucun appui financier aux enseignants et aux directeurs d'école décapitalisés, se dit préoccupé par leur situation. Il s'en remet toutefois aux partenaires internationaux qui, selon lui, sont conscients du fait que les 120'000 enseignants du système et les 70% d'écoles détruites constitueraient une lourde charge financière pour l'État qui n'a pu percevoir que 35% de ses recettes pour le mois de février.
Le numéro un du MENFP admet toutefois que la tâche qui consiste à gérer le système après le tremblement de terre du 12 janvier est immense, mais le premier train à mettre en marche est la prise en charge psychologique des écoliers et des enseignants. «Ce n'est pas encore le grand chantier de rénovation des curricula, de la réforme du système d'évaluation et de formation, il s'agit d'un exercice participatif permettant de dégager des perspectives pour le développement durable du secteur.»
Les trois moments de la reprise
Rénold Telfort, directeur de l'Enseignement fondamental, répète sur tous les tons que le tremblement de terre du 12 janvier a bouleversé la pratique quotidienne des activités scolaires dans le pays. Faisant état de l'ampleur des défis même dans les régions non affectées, il souligne à son compte que toutes les écoles ont cessé de fonctionner. «Le MENFP préconisait la réouverture des classes dès le 1er février. Depuis, plusieurs écoles font des tentatives pour aménager des espaces convenables.»
Fort de la nouvelle réalité socio-éducative nationale, M. Telfort propose l'idée d'une reprise s'articulant de manière séquentielle en trois étapes: appui psycho-social, développement de compétences sociales à travers l'étude de thèmes spécifiques à l'environnement et poursuite des programmes en vigueur avec un accent spécifique sur les objectifs essentiels. Un calendrier scolaire révisé propose 90 jours de classe devant permettre d'atteindre les objectifs essentiels des programmes pour compléter l'année scolaire en cours.
«Cette fin d'année est mise en relation directe avec la prochaine année scolaire. On se donne du temps pour travailler sur la stabilité mentale des enfants», avoue le responsable de la DEF qui refuse d'admettre que cela suppose la promotion automatique des apprenants, compte tenu de leur traumatisme à corriger, de sorte que leur développement psychologique individuel ne soit pas bloqué. Soit. Mais la recherche d'un nombre maximal de jours de classe, selon des observateurs, devrait aussi impliquer l'élimination systématique des épreuves officielles pour la 6e A.F, la 9e A.F et le bac (première partie), entraînant ainsi la tranformation de la réalité du bac (deuxième partie) en défi.
L'évaluation des apprentissages
Les examens d'Etat sont maintenus ou à maintenir pour la 6e et la 9e A.F sous réserve de certaines adaptations en fonction des situations concrètes des différentes régions du pays. «La période de tenue des épreuves est prévue pour les 9 et 10 août pour la 6e A.F, du 16 au 18 août pour la 9e A.F.»
Pour les autres classes, vu le nombre de jours de classe perdus, la DEF enjoint les enseignants et directeurs d'école de privilégier les évaluations formatives en diminuant les moments d'arrêt pour l'évaluation certificative et en augmentant les temps d'apprentissage. «La démarche consiste à mesurer les objectifs d'apprentissage plutôt que de sanctionner les niveaux de connaissance», explique M. Telfort qui précise que cette proposition de privilégier une évaluation formative est bien inscrite dans la stratégie du MENFP pour l'école fondamentale.
Deux dates à retenir
Jackson Plateau, directeur de l'Enseignement secondaire, met l'emphase sur la nécessité d'organiser des activités à caractère psycho-social à l'intentiion des enseignants et des élèves. Il souscrit à la méthode de l'enseignement-apprentissage au secondaire qui doit être plus active et axée sur la participation et le travail en groupe des écoliers, tout en s'appuyant sur l'essentiel du programme.
Deux dates importantes sont proposée par le responsable de la DES: 23 au 27 août 2010: évaluation officielle de la philo; 4 octobre 2010: réouverture des classes. «Il est conseillé aux enseignants de réaliser des évaluations formatives à des moments précis pour éviter une surcharge de contenus.»
La DEF et la DES, chacun en ce qui le concerne, proposent des documents de référence nécessaires à la formation des enseignants sur les catastrophes naturelles dans les zones touchées par le séisme. L'école pouvant jouer un rôle majeur dans l'adaptation affective des élèves et la préservation de leur santé mentale.
Tandis qu'un climat de confiance s'est instauré peu à peu dans l'opinion au sujet de la reprise des activités scolaires dans l'Ouest, le Sud-Est et les Nippes, rien ne semble définitivement joué pour certains acteurs impliqués dans la gouvernance du système. Car, à une semaine de la réouverture des classes telle que programmée par le MENFP, les directeurs d'école ne savent rien à propos des tentes ou des hangars promis. Pire: ils ne savent point le langage à tenir envers les parents et les enseignants fragilisés par le séisme. Est-ce à dire que la notion de reprise des activités scolaires n'a pas le même contenu pour tous les acteurs du système qui sont d'ailleurs tous d'avis que la vie scolaire doit reprendre son cours. Mais dans des conditions acceptables.
Robenson Bernard