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Une occasion d’aider à la reconstruction effective d’Haïti

Ecrit par Paul Sanon
Edité par Leslie Pétigny

Le 12 janvier 2010, un puissant  séisme d’une  magnitude de 7.0 sur l'échelle de Richer a  ravagé Haïti. Des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur vie, ensevelies sous les décombres. À Port-Au-Prince, à Jacmel et à Léogane,  la majorité des  édifices gouvernementaux, des  écoles, des églises, des hôpitaux, des universités et des hôtels ont été détruits. On dirait  que la nature, une fois de plus, s’est acharnée contre ce pauvre pays jadis surnommé la perle des antilles.

Cette catastrophe, tout en nous rappelant qu’il il n’y a qu’un pas entre la vie et la mort, nous permet en outre d’apprécier à sa juste valeur cet élan de générosité de la communauté internationale manifesté par l’acheminement d’une aide humanitaire massive. A la vue de ce désastre, nous ne pouvons passer non plus sous silence le courage et la résilience légendaire du peuple haïtien qui, quoique soumis à toutes les privations, cherche toujours une raison de vivre.

D’aucuns parlent de drame haïtien, une sorte de malédiction imprimée au fond de la matrice sociétale haïtienne. Qu’en penser?

Si drame il y en a, il ne saurait être exclusivement haïtien. C’est sans doute la  résultante de l’exploitation abusive de la pauvreté d’Haïti par des étrangers et de luttes fratricides entre  Haïtiens. En effet, de nombreuses nations ont joué leur partition  dans l’état d’aliénation progressive d’Haïti. Directement ou indirectement, par commission ou par omission. A cet égard nous devons souligner les féroces colonisations des Anglais, des Espagnols, des Français et l’Occupation Américaine. Après l’indépendance de la jeune nation, la France, la dernière puissance colonisatrice est allée jusqu’à réclamer et obtenir des dizaines de millions de dollars pour reconnaître cette indépendance. Aussi, les  coups d’Etat et les sempiternels mouvements d’instabilité sont en grande partie orchestrés ou financés par l’Establishment de ces pays. Certains brandissent souvent l’argument de la corruption des cadres nationaux. Mais ils omettent toujours  de mentionner à dessein que la corruption est une infraction plurielle. Ils préfèrent pointer du doigt les corrompus et dédouaner les corrupteurs qui élisent domicile dans les grandes capitales occidentales.

Nous ne cherchons pas à nier la part de responsabilité des Haïtiens, ni nous prêter à une articulation victimaire et misérabiliste. Ce serait  exonérer trop facilement l'élite haïtienne, et offrir une amnistie aux politiciens véreux. A travers toute l’histoire haïtienne, ils n’ont été motivés  que par la consolidation aveugle de leur pouvoir et la préservation des intérêts mesquins de leur clan, contribuant ainsi à l’affaiblissement de la nation.

L’aide humanitaire qui afflue de toute part en ce moment noir de la vie nationale constitue clairement un signe d'espoir. Mais nous souhaitons qu’elle entre dans le cadre d’un projet d’assistance continue et même de reconstruction à l’instar de celui formulé pour réhabiliter l’Europe ravagée après la Seconde Guerre mondiale. C’est  une question d’équité.

La communauté internationale ne peut pas se permettre uniquement de panser des blessures comme par le passé. Elle doit aujourd’hui écarter le bandage et mettre le doigt dans la plaie vive. Une plaie plus d’autant plus béante et puante requérant une intervention à long terme.

Nous formulons le vœu que cette aide soit bien orchestrée et réponde aux besoins les plus urgents. Avant le séisme, on assistait à l’invasion des myriades d’ONG administrant des pseudo- projets très souvent en duplicata. Au bout du compte, aucune amélioration sociale en profondeur n’est constatée. Si nous partons du même point de vue de  multiplication des ONG, nous obtiendrons les mêmes résultats.  Il incombe alors aux gouvernements amis d’Haïti d’insuffler une orientation rationnelle à leurs démarches d’assistance, à partir d’un plan directeur. Haïti est le pays de tous les besoins et de tous les défis. La précarité sévissant tous les domaines, une assistance technique et financière dans un contexte réfléchi et global de reconstruction y trouvera sûrement un terrain fertile.

Les catastrophes naturelles, les conflits locaux, l'indifférence  de puissances étrangères ont contribué à une marginalisation systématique d’Haïti. Le leader chrétien américain, Pat Robinson, a récemment encouragé cette marginalisation  en tournant en dérision les tribulations actuelles du peuple haïtien dans un discours aux accents de discrimination et une interprétation erronée des faits marquants de l’indépendance d’Haïti.

Non, il n’existe pas de malédiction haïtienne. Les Haïtiens sont tout simplement un peuple qui n’a jamais eu sa chance. Ils ne sont jamais pardonnés d’être les premiers noirs à s’affranchir du joug esclavagiste, remettant ainsi en question l’ordre colonialiste des choses. Peuple chaleureux, hospitalier et convivial, ils ont été sur les fronts de bataille, de Savannah à l’Amérique latine épousant la cause de la libération des noirs et l’émancipation des indépendantistes. Le moment est donc venu d’aider Haïti en retour.

Personne ne pouvait mieux traduire l’état d’âme des Haïtiens  que le président des Etats-Unis d’Amérique. En effet, Barack Obama, dans un article paru dans le magazine Newsweek, déclare que "cette catastrophe, nous rappelle que la vie peut être incroyablement cruelle, que la douleur et la perte sont  souvent infligées injustement et avec peu de  miséricorde".  Nous espérons que la classe intellectuelle et politique contemporaine mondiale, témoin de la dure réalité haïtienne,  comprendra son obligation morale de traduire dans les faits la conception du vivre ensemble dans ce monde qui selon un adage africain, n’est qu’un petit  village. 

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The Path to Rebuild Haiti

From a Haitian perspective

 

On January 12, 2010, a massive earthquake measuring 7.0 on the Richer scale killed thousands in our native land and destroyed most of our government buildings, schools, Churches, hospitals and hotels. It appears that nature and misfortune have often conspired against us. This disastrous catastrophe, besides teaching us the fine line existing between life and death, forces all of us to realize our common humanity as the whole world is standing up to offer their help in their own particular way.  Perhaps, our era is better equipped to bring long term solution to Haiti’s chronic problems.

In the midst of this chaotic state, the Haitian people with their bare hands have shown resiliency, heroism and courage. Accustomed to privation and unreliable services, we keep soldiering on.  Truly, the Haitian drama is not exclusively Haitian. Because its people were either colonized or occupied by the Spanish, English, French and American.  As a point of fact, Haiti which was once considered as the jewel of the islands in colonial times, has greatly contributed to European wealth. As Haitians, we are not trying to negate our part of responsibility and play victims. However, directly or indirectly, many nations have contributed to its demise whether by commission or by omission. We won’t condone and neither forget the Haitian elite, and politicians who throughout our history were more interested in consolidating their power and their clan’s interest rather than the nation as a whole.

Yes, conflict and instability have been part of our daily lot. It is true that we must change our mentality and upgrade our sense of civism. But, again, and again many think that our corrupted politicians were for the most part foreign-educated and have often used their international connections to destroy us. Most of our Coup-d’etat ,according to many,were either masterminded or financed by foreign elements. Still, the buck stops with us, the Haitian people.

The showering of aid on Haiti, as never before, has been seen by many as a sign of hope and redemption. Hopefully Haiti, situated a few miles away from United States, can receive the kind of help that was needed to rebuild Europe after World War II. With a bit of luck, France can give back a little something for having forced a nascent nation to pay an exorbitant sum of money to recognize its independence.

 As promised, the international community can not afford to only provide a face lift. Unlike before, their aid must be long term, methodical, well- orchestrated and tangible. There must be a master plan from which everything emanates. At this juncture, instead of spending little money here and there into small little projects to embellish their resume and enrich our so-called politicians, aid has to be systemic. Prior to the earthquake, there were a myriad of small non-govermental-organizations in Haiti. Still, there were almost no roads, no running water, no electricity, no adequate amount of schools etc. Often most of those organizations’ money is spent into administrative costs and only a bare minimum is allocated to the project. The super nations must tackle the infrastructures like: agriculture, education, and foreign investments with their auxiliaries such as roads, running water, communication; electricity, security, airports, etc.

It is important to note that we can not keep doing the same thing and expect different results. With so much needed, each helping nation should select a particular infrastructure to rebuild.  If Italy pledges to education, in every corner of the island, it will bring its own administrative personnel and technicians to do so. If Germany wants to provide electricity to every county, it will do the same. If Holland wants to contribute into the environment, it will tackle forestation, and provide a cheaper way to cook.  Then the whole world will know who really contribute. Again, this time, we must have a master plan from which everything emanates. No challenge is, today, unsolvable.

We can do it!

Finally, natural disasters, local conflicts, and foreign indifference and actions have reduced Haiti to its simplest expression. Even, Pat Roberson, an American pastor, derides us in our current tribulations in the name of Christian love! We are not that bad, we only have bad breaks. Our only sin was to be the first group of black slaves to victoriously fought against slavery, colonialism and oppression to finally gain our independence. We can not keep paying for something that has happened more than 200 years ago. Like the Roman, Greek, Turk, English, Italian, Russian, Chinese Spanish, French, British, and German, there is no curse on us. Truly, we are a warm, loving, and hard-working people .No one could say it better than US president Barrack Obama in an essay written in Newsweek magazine:  “In the aftermath of disaster, we are reminded that life can be unimaginably cruel. That pain and loss is so often meted out without any justice or mercy”.We hope that this generation will understand its moral obligation to really live up to the old African adage: “The world is a global village”’.  Therefore, let brotherly love invade our hearts and help Haïti.

 Witten by Paul Sanon

Edited by Karen Thompson

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