Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

Un certain mardi de janvier

par Nicolas André

19. janvier 2010

 

Traduzione in italiano

 

 

 

 

La cathédrale de Port-au-Prince décapitée.

Cathédrale

Mercredi 13 janvier 2010. Réveillé un goût amer à la bouche, j’étais loin d’imaginer l’horreur que j’allais vivre, refusant de croire dans un premier temps que ce qui s’est passé mardi soir entre 16 et 17 h n’était pas une vision cauchemardesque, un simple mirage. En sentant la terre danser sous mes pieds et en voyant l’arrière de ma maison (en construction) tanguer comme un navire sur une mer houleuse, je me suis dit que ça n’était qu’un léger tremblement et je croyais avoir raison quand, quelque trente secondes plus tard, je ne ressentais plus rien. Puis... arrivaient les informations et, au fur et à mesure qu’elles progressent, j’ai pensé que c’était peut-être une exagération de la situation...

Mardi 12 janvier 2010. Nous ne pouvons pas dormir. Qui l’aurait pu? De petites secousses sismiques arrivent de temps en temps en même temps que les nouvelles qui décrivent implicitement la destruction de la ville de Port-au-Prince. Tout le monde se trouve dehors, suspendu au téléphone qui ne répond pas. On cherche à avoir des nouvelles d’un parent, d’un ami ou de simples connaissances, à défaut... Rien! Rien de rien! Le téléphone reste inexorablement et implacablement muet. Quand, contre mauvaise fortune on essaie de faire bon cœur en cherchant un sommeil qui n’arrive pas, on se rend compte qu’il est cinq heures et qu’on est le 13 janvier. Ah oui, le 13 janvier... j’y reviens.

Pétion-Ville, Place Boyer. Je suis parti de très tôt sans savoir où aller. Je voulais voir et surtout chercher à comprendre. J’ai réussi le premier pari. J’ai vu mais sans pouvoir comprendre. J’ai vu une foule compacte regroupée en familles sous des tentes de fortune. Des rescapés ou des réfugiés qui ont dormi là et se sont réveillés en se demandant qu’est-ce qui a bien pu leur arriver. Sur les visages, on lit la désolation, la tristesse et la souffrance.

Pétion-Ville

Pétion-Ville.

Place Saint-Pierre, toujours à Pétion-Ville, la situation n’est pas trop différente. Les gens ont faim et ont soif. Tout manque. Quelques particuliers essaient d’apporter leur aide qui, si dérisoire soit-elle, n’a pas de prix. Ici, on offre des sachets d’eau, là on essaie de soigner un blessé avec les moyens à sa disposition.

Pétion-Ville

Se méfier des apparences.

Plus loin, j’ai vu des voitures écrasées sous des maisons écroulées. J’ai vu des gens au visage boursouflé à force de pleurer ou de souffrir. Certains sont blessés, boitillent ou marchent avec l’appui d’un autre, heureux toutefois d’échapper au sort de ces corps enveloppés dans des couvertures blanches... des corps à même le sol qui hébergeaient il n’y a pas encore douze heures un souffle, une vie... des gens qui n’ont pas eu le temps de voir venir la mort. En face du tribunal de Paix, non loin de l’ancien marché de Pétion-Ville, un homme d’un certain âge, assis devant un cadavre, pleure toutes les larmes de son corps. À côté, cinq autres cadavres sont allongés sur le sol. En longeant la rue Panaméricaine, jusqu’à l’entrée de Morne Lazare, j’ai pu dénombrer plus d’une dizaine de cadavres des deux côtés de la rue. Des immeubles effondrés cachent de nombreuses victimes.

Devant le Centre hospitalier Éliazar Germain, dont l’intérieur fourmille de blessés, des dizaines d’autres attendent, sans trop grand espoir d’être admis à entrer sur la cour de l’hôpital. Quant à y recevoir des soins... Une malade est étendue dans une voiture tout-terrain, le visage douloureux. L’hôpital « Nos petits frères et sœurs », érigé à quelques pâtés de maison, n’existe plus que par ses décombres... Partout, on retrouve des petits groupes de gens qui fuyant leur maison qui n’ayant plus de maison, telle cette jeune femme, la vingtaine, assise à l’écart son bébé dans les bras, inconsolable et inconsolée. Je me suis assis près d’elle, la regardant pleurer. Le bébé dormait. Sa maison s’est effondrée avec tout ce qu’elle possédait. Elle a pu s’en tirer sans égratignure. Assise au sol, non loin de la station d’essence Texaco, la jeune Pamela ne sait plus que faire. Sans argent, sans vêtement, elle a plus d’une raison de pleurer: son petit Darwin, un bébé de quelques mois, a pu s’endormir après avoir longtemps pleuré et crié parce qu’il a faim. Pamela est sans nouvelles de sa mère et de son frère qui habitaient Carrefour-Feuilles. Ah, Carrefour-Feuilles, j’y arrive.

Pétion-Ville

Delmas, Ave Martin Luter King Nazon.

Jeudi 14 janvier 2010. Notre parcours a été long. Nous avons tellement vu de choses, ma femme et moi! Elle devait se rendre à Carrefour-Feuilles pour confirmer ou infirmer la nouvelle de la mort de plusieurs de ses cousines et cousins, et d’un beau-frère, tous habitants de ce quartier de Port-au-Prince. Elle a pu confirmer. Tout d’abord, nous sommes passés par Delmas. Le long de la route de Delmas, des immeubles de plus d’un étage ne laissent apparaître que leur toit à ras le sol. Partout des gens à pied, des groupes à chaque carrefour attendant un secours hypothétique – tout le monde ou presque, se trouvant dans le même état d’esprit et dans la même situation. Un peu plus loin à l’angle de Delmas 48, une station-service qui distribue de l’essence! Ô miracle! On se précipite, on se bouscule, on s’engueule et on en vient même aux mains. Tout le monde se trouve un jerricane ou un bidon et laisse momentanément son véhicule – en plein milieu de la rue dans certains cas – pour recueillir un peu de cette substance, déjà précieuse, devenue vitale...

Pétion-Ville

Delmas.

À Delmas 3, le local du Centre sportif Dadadou sert d’abri à de nombreuses familles. Des tentes sont dressées, des tapis étendus sur le sol comme dans un grand pique-nique communautaire. La catastrophe qui s’est abattue sur le pays rapproche les survivants, selon certaines réflexions. Un sentiment de solidarité anime tous ces braves bougres qui se retrouvent du jour au lendemain sans abri ou hantés par la peur de retourner chez eux, pour certains. Le centre-ville, de son côté, offre un spectacle de totale désolation. Parler d’hécatombe, ce serait rester en dessous de la vérité. Ce séisme cataclysmique qui a frappé le pays se ressent au centre-ville. Et dire que des communes comme Carrefour ou Léogâne, ou d’autres départements comme Jacmel, apprend-on, sont touchés au bas mot aux trois-quarts. Des édifices publics et légendaires se sont écroulés. La Cathédrale de Port-au-Prince est comme doublement décapitée. Le Palais national aussi. Le bâtiment du Palais de Justice n’est plus qu’un souvenir. L’Église du Sacré-Cœur de Turgeau donne envie de pleurer, s’il restait encore de pleurs après avoir vu les cadavres.

Pétion-Ville

La cathédrale décapitée.

Les cadavres, ils sont allongés un peu partout, du moins ceux qu’on voit. Dans le garage d’une morgue privée à la rue Dr Aubry, des tas de ces cadavres occupent l’espace. En longeant cette rue, à proximité de ce qui est resté de la Cathédrale de Port-au-Prince, d’autres cadavres déjà en décomposition jonchent les trottoirs presque à intervalles réguliers. Le bâtiment de la Direction générale des impôts (DGI), celui logeant le ministère de l’Intérieur, entre autres, ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient. À la rue Monseigneur Guilloux, à proximité de l’Hôpital général, on constate une très grande animation. Probablement, des gens sont à la recherche d’un proche disparu. Le bâtiment de l’École nationale des infirmières n’accueillera plus des dizaines de jeunes filles comme avant, avec la même structure et les mêmes installations. À l’angle des rues Alerte et Mgr Guilloux, des jeunes du quartier se servent de cordes qu’ils attachent à des blocs de béton qu’ils veulent faire tomber pour repêcher quelques morts qui donnent l’impression d’avoir été pendus. À la route des Dalles, les morts font bon ménage avec les personnes vivantes qui gagnent les rues pour rester loin des bâtiments. Beaucoup de gens ont péri sous les maisons effondrées mais certaines personnes sont encore vivantes et se trouvent sous les décombres. En témoigne ce bébé d’à peu près trois mois que les gens viennent de tirer sous des débris. Nous pouvons constater qu’elle respire faiblement mais est bien en vie et, quoique recouvert de poussière, il ne porte aucune égratignure. Cela se passe à proximité de l’angle de la route des Dalles et de l’avenue Magloire Ambroise.

Pétion-Ville

Angle Magloire Ambroise et Route Dalles.

Édifiés mais surtout horrifiés, nous reprenons le chemin inverse pour retourner à Pétion-Ville. En longeant l’avenue Martin Luther King, nous constatons que des cadavres sont entassés de part et d’autre sur les bas-côtés, et commencent à dégager des odeurs de putréfaction. Ce voyage macabre s’est achevé par notre retour au point de départ et ma réflexion est la suivante: «Si l’on vous informe de ce qui se passe, vous ne pouvez rester insensible; si vous voyez ne serait-ce qu’une partie de ce qui se passe, vous ne pourrez plus être la même personne, car votre vie va changer à jamais.» Cet après-midi du mardi 12 janvier 2010 restera à jamais un souvenir douloureux et ineffaçable pour nous, Haïtiennes et Haïtiens, où que nous nous trouvions.

Tout est à refaire dans un pays déjà en proie à tant de calamités. Je me souviens de l’année dernière. Après les ouragans, et surtout Gonaïves, un drame a frappé beaucoup de familles à Nerette. Quoique absent du pays à l’époque, je revois avec tristesse toutes les informations qui se déroulaient à une vitesse vertigineuse à l’époque. Et voilà que maintenant une catastrophe – que je vis avec terreur – de plus grande ampleur et beaucoup plus dévastatrice vient frapper tout Haïti. Ce qui nous porte à nous demander: est-ce que la Nature se dresserait contre nous? Assurément, répondraient cette femme, rescapée miraculeuse de sa maison et à qui j’ai rendu visite, ainsi que ce groupe de personnes que j’ai entendu commenter l’événement qui nous secoue. Ils essaient de montrer que seuls l’être haïtien et ses réalisations ou possessions matérielles sont les victimes de ce tremblement de terre. Aucun arbre, disent-ils, n’est atteint et ils sont rares, les animaux qui en pâtissent.

Mais il ne s’agit là que de réflexions de particuliers. À vous de juger si elles contiennent ou non quelque vérité. En attendant, nous n’avons d’autre choix que de nous serrer les coudes, de pleurer nos morts mais surtout de reconstruire ensemble cette terre sans cesse ravagée qui nous a vu naître. Et il est grand temps que nous la reconstruisions. Ensemble!

boule  boule  boule

Un certo martedì  di gennaio

di Nicolas André
(Traduzione in italiano di F. Palli)

Pétion-Ville

Port-au-Prince, Chiesa del Sacro Cuore.

Mercoledì, 13 gennaio 2010. Risvegliatomi con un gusto amaro in bocca, ero lontano dall’immaginare l’orrore che stavo per vivere, dapprima mi rifiutai di credere che ciò che era accaduto martedì sera tra le 16 e le 17 non era una visione da incubo, un semplice miraggio.

Sentendo la terra ballare sotto i miei piedi  e vedendo la parte posteriore della mia casa (in costruzione) ondeggiare come una nave in un mare tempestoso, mi ero detto che era solo un leggero tremore e credevo di avere avuto ragione, quando una trentina di secondi dopo, non ho sentito più nulla. Poi... arrivarono le informazioni e man mano che il tempo passava, ho pensato che forse stavano esagerando la situazione...

Martedì, 13 gennaio, 2010. Non riusciamo a dormire. Chi avrebbe potuto? Piccole scosse sismiche si succedono nello stesso tempo che le notizie descrivono implicitamente la distruzione della città di Port-au-Prince. Tutti sono all'esterno appesi al telefono che non risponde. Si cerca di avere notizie di un parente, di un amico o di semplici conoscenti,… niente! Niente di niente! Il telefono resta inesorabilmente, implacabilmente muto. Quando, si cerca di dormire, senza riuscirci, ci si rende conto che sono le cinque del mattino e che è il 13 gennaio. Ah si, il 13 gennaio…

Pétion-Ville, Piazza Boyer. Sono partito molto presto senza sapere dove andare. Volevo vedere e soprattutto capire. Ho soddisfatto il primo desiderio. Ho visto ma senza capire. Ho visto una folla compatta raggruppata in famiglie, sotto ende di fortuna. Sopravvissuti o rifugiati che vi hanno dormito e si sono svegliati domandandosi cosa era potuto succedere. Sui volti si legge la desolazione, la tristezza e la sofferenza.

Piazza Saint-Pierre, sempre a Pétion-Ville, la situazione non è molto diversa. La gente ha fame e sete. Tutto manca. Alcuni cercano di portare un po’ di aiuto, che, anche se minimo, non ha prezzo. Qui si offrono sacchetti d’acqua, là si cerca di curare un ferito con i pochi mezzi a disposizione.

Più lontano, ho visto delle auto schiacciate sotto le macerie di case crollate. Ho visto gente dal volto tumefatto a forza di piangere o di soffrire. Certi sono feriti, zoppicano o camminano sostenuti, comunque felici di avere sfuggito la sorte di quei corpi avvolti in coperte bianche… corpi che giacciono al suolo e in cui solo poche ore prima c’era ancora un soffio, una vita… Gente che non ha avuto il tempo di vedere arrivare la morte. In faccia al tribunale della pace, non lontano dal mercato di Pétion-Ville, un uomo di una certa età, seduto davanti a un cadavere, piange tutte le lacrime che ha. Accanto, cinque altri cadaveri sono distesi sul suolo. Percorrendo la via Panaméricaine, fino all’entrata di Morne Lazare, ho contato più di una decina di cadaveri, edifici crollati nascondono molte altre vittime.

Davanti al centro ospedaliero Éliazar Germain, il cui interno formicola di feriti, altre decine attendono, senza molta speranza di essere ammessi. Ancora meno sperano di ricevere delle cure… Una donna dalla faccia sofferente è distesa in un fuoristrada. A pochi passi, l’ospedale «Nos petits frères et sœurs», esiste solo per le sue macerie… Ovunque, si incontrano piccoli gruppi di persone, chi fugge la propria casa, chi non l’ha più, come la giovane donna ventenne, seduta con il suo piccolo tra le braccia, inconsolabile e inconsolata. Mi sono seduto accanto a lei, guardandola piangere. Il bambino dormiva. La sua casa era crollata con tutto ciò che essa possedeva. È riuscita a fuggirne senza un graffio. Seduta per terra, non lontano dalla stazione di benzina Texaco, la giovane Pamela non sa più cosa fare. Senza soldi, senza vestiti, ha più di un motivo per piangere: il suo piccolo Darwin, un bambino di cinque mesi, dopo avere lungamente pianto e gridato per la fame, è riuscito ad addormentarsi. Pamela non ha notizie né di sua madre né di suo fratello che abitano a Carrefour-Feuilles. Ah, Carrefour-Feuilles, sto per arrivarci.

Giovedì, 14 gennaio 2010. Il nostro cammino è lungo. Mia moglie ed io, abbiamo visto talmente tante cose! Doveva recarsi a Carrefour-Feuilles per verificare la notizia della morte di diverse cugine e cugini, e di un cognato, tutti abitanti di questo quartiere di Port-au-Prince. La notizia è stata confermata. Dapprima siamo passati da Delmas. Lungo la strada, gli edifici di più di un piano lasciavano vedere solo il loro tetto sprofondato a livello del terreno. Dappertutto gente a piedi, gruppi a ogni incrocio, tutti in attesa di un ipotetico soccorso – tutti o quasi, erano nello stesso stato d’animo e nella stessa situazione. Un po’ più lontano, all’angolo Delmas 48, un distributore che ha della benzina! Ô miracolo! Ci si precipita, ci si urta, ci si arrabbia e si arriva fino alle mani. Tutti trovano un recipiente o un bidone e abbandonano momentaneamente il proprio veicolo – nel mezzo della strada in certi casi – per raccogliere un po’ di questa sostanza, già così preziosa, diventata vitale…

A Delmas 3, il centro sportivo Dadadou serve da rifugio a molte famiglie. Tende sono montate, tappeti stesi sul terreno come in un picnic collettivo. La catastrofe che si è abbattuta sul paese avvicina i sopravvissuti. Un sentimento di solidarietà anima tutta questa brava gente che si trova dall’oggi all'indomani senza rifugio o terrorizzata di rientrare a casa propria. Il centro città, da parte sua, offre uno spettacolo di assoluta desolazione. Parlare di ecatombe, sarebbe essere al disotto della verità. Questo terremoto catastrofico che ha colpito il paese si vede bene nel centro città. E pensare che dei comuni come Carrefour o Léogâne, o di altri dipartimenti, come Jacmel, sono toccati per i tre quarti degli edifici. Edifici pubblici e leggendari sono crollati. La cattedrale di Port-au-Prince è doppiamente decapitata. Il Palazzo nazionale pure. L’edificio del palazzo di giustizia non è altro che un ricordo. La chiesa del Sacro Cuore di Turgeau fa venir voglia di piangere, se restassero ancora lacrime per piangere dopo avere visto tanti cadaveri.

Cadaveri stesi ovunque, almeno da ciò che si vede. Nel garage di un obitorio privato della via Dr. Aubry, ammassi di cadaveri occupano lo spazio. Percorrendo questa strada in vicinanza della cattedrale di Port-au-Prince, altri corpi morti già in decomposizione ricoprono i marciapiedi a intervalli regolari. L’edificio della Direzione Generale delle Imposte (DGI), quello accanto al Ministero dell’Interno, ad esempio, non sono più che l’ombra di quello che erano. Alla via Monseigneur Guilloux, vicino all’Ospedale Generale, c’è una grande animazione. Probabilmente gente alla ricerca di un disperso. L’edificio della Scuola Nazionale delle Infermiere non accoglierà più decine di giovani ragazze come prima. All’angolo, delle strade Alerte e Mgr Guilloux, giovani del quartiere si servono di corde che attaccano a blocchi di cemento, li vogliono fare cadere per ripescare alcuni morti, che sembrano essere stati impiccati. Sulla via des Dalles, i morti coabitano con i vivi, che raggiungono le strade per abbandonare le loro case. Molti sono morti sotto le case crollate ma alcuni sono ancora vivi sotto le macerie, ne testimonia questo bebè di circa tre mesi che è appena stato estratto. Ci accorgiamo che respira debolmente ma è ben vivo e, nonostante sia ricoperto di polvere, non ha neppure un graffio. Ciò avviene all’angolo della via des Dalles e della via Magloire Ambroise.

Edificati ma soprattutto inorriditi, riprendiamo il cammino inverso per ritornare a Pétion-Ville. Percorrendo la via Martin Luther King, notiamo che i cadaveri sono ammucchiati da un lato e dall’altro, e cominciano a esalare un odore di putrefazione. Questo macabro viaggio è terminato e la mia riflessione è: “Se siete informati di ciò che succede, non potete restare insensibili; se avete visto anche solo una parte di ciò che avviene, non potrete più essere la stessa persona, poiché la vostra vita è cambiata per sempre.” Questo pomeriggio di martedì 12 gennaio 2010 per noi, haitiane e haitiani,  resterà sempre un ricordo doloroso e incancellabile ovunque ci trovavamo in questo momento.

Tutto è da rifare in un paese già afflitto da tante calamità. Ricordo ancora l’anno scorso. Dopo gli uragani, soprattutto a Gonaïves, le avversità colpirono molte famiglie di Nerette. Benché fossi assente dal paese, rivedo con tristezza tutte le informazioni che giungevano vertiginosamente. E ecco che una catastrofe – che sto vivendo con terrore – di più grande ampiezza e molto più devastante colpisce Haiti.

Tutto ciò ci spinge a chiederci: "La natura si rivolta forse contro di noi?" Certamente, risponderebbe questa donna, sfuggita miracolosamente dalla sua casa e alla quale ho reso visita, così come il gruppo di persone che ho sentito commentare l’evento che ci colpisce. Cercano di dimostrare che solo gli haitiani e le loro realizzazioni o proprietà sono vittime di questo terremoto. Nessun albero, dicono, è colpito, rari sono gli animali che ne patiscono.

Ma si tratta solo di riflessioni di alcuni. A voi di giudicare se esse contengano o no delle verità. In attesa, noi abbiamo altre scelte da fare, dobbiamo stringere i pugni, piangere i nostri morti ma soprattutto ricostruire insieme questa terra sempre devastata che ci ha visti nascere. È ora che la ricostruiamo. Assieme!

boule  boule  boule

A certain Tuesday of January

by Nicolas ANDRÉ
(Translated from French to English by Emmanuel W. Védrine)

Pétion-Ville

Église Sacré-Cœur.

Wednesday, January 13, 2010. Waking up with a bitter taste in my mouth, I was far from imagine the horror that I was going to see, refusing to believe at first glance what happened Tuesday night (between 4:00 and 5:00 pm) wasn’t a night-marish vision, a simple thing. Feeling the ground trembling under my feet and seeing the back of my house (under construction) pitching like a boat on a stormy sea, I said to myself that was only a slight quake and I thought I was right when, thirty seconds later, I didn’t feel anything. Then... came the information and, little by little as they progressed, I thought it was maybe an exaggeration of the situation...

Tuesday, January 12, 2010. We could not sleep. Who could? Some small aftershocks occurred from time to time as the news made an implicit description of the capital city, Port-au-Prince. Everyone was outside, hanging on the phone with no answer. People were trying to hear from a parent, from a friend or from some acquaintances, for lack... Nothing! Nothing at all! The phone remained inexorably and implacably mute. When, trying to make the best of it by trying to sleep, but instead a sleepless night - when one realized that it’s five o’clock and it’s January 13. Oh, yes, January 13... I’ll get back to it.

Pétion-Ville, Place Boyer. I went away very early without knowing where to go. I wanted to see and mostly, tried to understand. I won the first bet. I saw (things) but without being able to understand (them). I saw a dense crowd gathered together under some makeshift tents. Survivors or refugees, who have slept there, woke up wondering what could have happened to them. One could read grief, sadness, and suffering on their face.

At Place Saint-Pierre, still in Pétion-Ville, the situation wasn’t different. The people were hungry and thirsty. Everything was lacking. Some people tried to offer their help, but derisory could it be, it was noteworthy. Here, some bags of water being offered – there, they were trying to nurse an injured person with the means at one’s disposal.

Pétion-Ville

La quête de l'eau.

Farther, I saw smashed cars under crumbling houses. I saw people with swollen faces for they wept with rage or suffer so much. Some have been wounded, some were hobbling or walking by leaning on another person, however one is lucky to escape from the fate of these bodies wrapped with white sheets ... bodies, sheltered by the ground, having a breath, a life not even twelve hours ago... bodies of people who didn’t have time to see death coming. Across from the Court of Justice of the Peace, not far from the Pétion-Ville market, a man of a certain age, sat down before a corpse, weeping his eyes out. On the side, five other bodies lying on the ground. Walking down rue Panaméricaine, up to the entrance of Morne Lazare, I could count more than a dozen of corpses on both sides of the streets. Many victims were being buried under collapsed buildings.

In front of Centre hospitalier Éliazar Germain (the Éliazar Germain Medical Center), crowded with injured people inside, countless of others were waiting, with not too much hope to be admitted to the hospital’s courtyard. As for receiving medical care... a sick person lying in an all-terrain car with a painful face. The hospital “Our younger brothers and sisters”, from few blocks of (former) houses which their rubbles only exist... Everywhere, one found some small groups of people fleeing their house, people who no longer have a house, such as this young inconsolable and disconsolate woman in her twenties – sitting alone with her baby in her arms. I sat down near her watching her crying. The baby felt asleep. Her house collapsed with all that she had. She managed to get out of it without a scratch. Sitting on the ground, not far from the Texaco gas station, the young woman, Pamela, has no idea what to do. Without money, without clothing, she had more than one reason to cry; her little Darwin, a few months old baby, could fall asleep after crying of being hungry. Pamela has no news of her mother and brother who live in Carrefour-Feuilles. Oh, Carrefour-Feuilles, I’ll get there.

Thursday, January 14, 2010. Our journey was a long one. My wife and I have seen a gang of things! She had to go to Carrefour-Feuilles to confirm or invalidate the news about her (male and female) cousins, and the death of a brother-in-law – all of them residents of this Port-au-Prince’s neighborhood. She could confirm. First, we went through Delmas. Along the Delma road, one could only see the roofs of more than one story buildings flattened on the ground. Everywhere, there were groups of pedestrians, groups of people at each corner, waiting for some hypothetical aid – everyone or almost everyone in the same state of mind, in the same situation. Further down the corner of Delmas 48, a gas station distrusting gas! Oh, miracle! People were hurling (down), jostling each other, having a row with others and even came to blows. Everyone found a jerry can or a can and left momentarily their vehicle – in the middle of the street in certain cases – to catch a little bit of this already precious substance, which has become vital...

At Delmas 3, the local “Dadadou Sportive Center” served as shelter for many families. Tents have been mounted, carpets being stretched out on the ground like in a great community picnic. According to some reflections, the disaster that hit the country brings survivors closer. A feeling of solidarity animated all these overnight brave homeless compatriots or hunted by the fear of going back to their house (for some). As for downtown, a total scene of distress. Speaking of hecatomb would be (a word used) to remain below the truth. In downtown, one could observe the effects of this cataclysmal seism hitting the country. And we learned that some communes or administrative districts like Carrefour or Léogâne, or a (a big chunk of) geographic division such as Jacmel have been hit at the very least, 75%. Public and legendary buildings have collapsed. The Port-au-Prince Cathedral is doubly decapitated. The national palace as well. The building lodging the Justice Palace is only a souvenir. The Sacred-Heart Church of Turgeau makes one want to cry, if tears still remain after seeing so many dead bodies.

The corpses lying down everywhere, at least those that were seen. In the garage of a private mortuary, at rue Dr Aubry, loads of these cadavers have taken up the space. Running along(side) this street, in proximity to the ruins of Port-au-Prince Cathedral, other corpses, were already in a state of decay along(side) the sidewalks, almost at close intervals. The “DGI” (Direction Générale des Impots or General Headquarter of Revenues) building lodging the Interior Ministry, among other things, only remains the shadow of what they were. At rue Monseigneur Guilloux, in proximity to the General Hospital, one could observe a great (hustle and) bustle. Probably, people looking for a love one that disappeared. The building of National School of Nurses will no longer welcome many young women as it would in the past, with the same structure and the same installations. At the corner of rues Alerte and Mgr Guilloux, young people of the neighborhood used ropes attached to mass of concretes that they wanted to bring down in order to recover some dead bodies giving the impression that they have been hanged. At route des Dalles, the corpses like a house on fire with people who were alive, quickly spread out in the streets in order to stay away from the buildings. Many people perished under the collapsed houses, but some people were still alive under the rubble. In testimony of a three months old baby they have just pulled out under the rubbles. We could observe that she could poorly breathe, but is well and truly alive and, despite of being found in the dust, she has no scratch. This occurred in proximity of the corner of route des Dalles and avenue Magloire Ambroise.

Being edified and horrified, we took the reverse road to go back to Pétion-Ville. Walking down Martin Luther King Boulevard., we saw corpses that were being packed on both sides (of the street), and began to discharge putrefying smells. This gruesome trip ended up by our return to our departure point and my reflection is the following: “If you are being informed of what happened, you can’t remain insensitive; if you only saw a part of what happened, you’ll no longer be the same person for your life will be changed forever.” This afternoon - Tuesday January 12, 2010 –  will remain, forever, a painful and indelible souvenir for us, Haitians, whenever we may be.

Everything has to be done again in a country that’s already been racked by so many calamities. I remember last year. After the hurricanes, and particularly in Gonaïves, a tragedy has severely hit many families in Nerette. Though I was not in the country at the time, I revised, with sadness, all the information that occurred breathtakingly high at the time. And now, a disaster that I live with horror – one of a greater scope and a more devastating one that hit Haiti. It leads us to wonder if (mother) Nature has risen up against us. Most certainly, this woman would answer – a miraculous survivor of her house –  to whom I paid a visit, as well as the group of people I heard commentating on the event that shook us. They try to show that only the Haitian being and his accomplishments or material possessions are the victims of this quake. No tree, they said, has been hit and would be very rare of animals that suffered from it.

But here, it’s only a few particular reflections. It’s up to you to judge whether they have some truth or not. In the meantime, we don’t have other choice then sticking together, to lament (for) our love ones, but mostly to reconstruct together this mother land which has been incessantly ravaged. And it’s about time that we, together, rebuild it!

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