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LA VIE

par Nadim Hyppolite William,
assassinée en avril 2007 à Port-au-Prince

La Vie, c’est la joie et la tristesse,
La Vie, c’est le jour et la nuit,
La Vie, c’est la vie et la mort,
Il faut être conscient des deux.
 
La chose la plus importante à se rappeler est que
La Vie est Dialectique; elle existe à travers des dualités.
C’est un rythme entre des opposés.

L’on ne peut être heureux à jamais,
Autrement  le bonheur perdrait tout
sens.

L’on ne peut toujours être en harmonie,
Autrement l’on ne serait plus conscient de l’harmonie.
A l’harmonie doit suivre la discorde encore et encore
Et à la joie doit succéder la tristesse.
A tous les plaisirs leurs peines et
A toutes les peines leurs plaisirs.

Si l’on ne comprend cette dualité de l’existence,
L’on demeure dans une misère non nécessaire.
Il faut accepter le tout, avec ses agonies et ses extases.
Ne pas exiger l’impossible.
Ne pas désirer qu’il existe seulement les extases
Et non les agonies.
L’extase ne peut exister seule, elle a besoin de contraste.
L’agonie devient l’arrière plan, puis l’extase se définie : très claire et nette.
Comme dans la noirceur de la nuit, les étoiles sont si scintillantes.
La plus obscure est la nuit, les plus brillantes sont les étoiles.
Au grand jour, elles ne disparaissent pas,
Elles deviennent seulement invisibles.
L’on ne peut les remarquer parce qu’il n’existe pas de contraste.

Pensons à une vie sans la mort.
Ce serait une peine insupportable,
Une existence insupportable.
Ce serait impossible de vivre sans la mort,
La mort définit la Vie, lui donne une certaine intensité.
Du au fait que la vie fuit, chaque moment devient précieux.
Si la Vie était éternelle, qui donc y prêterait attention.
L’on pourrait espérer demain à jamais.
Qui donc vivrait l’instant présent…ici…maintenant.

Parce que demain viendra la mort,
Nous nous forçons à vivre ici et  maintenant.
Il nous faut plonger dans le moment présent,
Le vivre dans toute sa plénitude ;
Qui sait : le prochain moment peut arriver comme ne jamais arriver.
A savoir ce rythme, l’on est à l’aise,
A l’aise avec les deux.

Quand la tristesse nous gagne,  il faut lui ouvrir les bras,
Sachant qu’ils sont partenaires du même jeu.
Nous devons constamment nous le rappeler.
Si cela devient un souvenir fondamental chez nous,
Notre
vie aura une saveur nouvelle :
La saveur de la liberté, du lâcher prise,
La saveur du non attachement.

Quelque soit la chose qui arrive,
L’on demeure tranquille, silencieux, acceptant.
Et la personne qui est capable
de demeurer
Tranquille, silencieux et acceptant
la douleur, la frustration et la misère,
Transforme la qualité même de la misère.

A celui ci, la misère devient aussi un trésor.
A
celui ci, la douleur donne un aiguisement.
A celui ci, même la mort n’est pas la fin,
Mais le début de quelque chose d’inconnu

Fleur

LIFE

(by Nadim Hyppolite William,
assassinated in April 2007 in Port-au-Prince)

Life is joy and sadness
Life is day and night
Life is life and death
One should be conscious of both.

The most important thing to remember is that
Life is dialectical, it exists through two dualities.
It’s a rhythm between opposites.

One cannot be happy forever
Otherwise happiness would lose all its true meaning.

One cannot be always in harmony
Otherwise one would no longer be conscious of harmony
Next to harmony should be dissension again and again
And sadness should succeed joy
All pleasures carry their pains and
All pains their pleasures

If this duality of existence is not understood,
One remains in an unnecessary misery.
The whole must be accepted, with its death throes and ecstasies.
Not to require the impossible.
Not to desire that ecstasies only exist
And not the death pangs.
The ecstasy cannot be existed alone, it needs contrast.
Death throes become the background, then ecstasy defines itself:
very clear and neat.
As in the darkness of night, the stars are so twinkling.
The most obscure is the night, the most twinkling are the stars.
In bright day, they don’t disappear,
They only become invisible.
They cannot be seen because no contrast exists.

Thinking of a life without death
Would be an unbearable pain,
An unbearable existence.
It would be impossible to live without death,
Death defines life, giving it a certain intensity.
(Due to) the fact that life shot by, each moment has become precious.
If life were eternal, who then would pay attention to it.
Tomorrow could be hope forever.
Who then would live at this present minute …here…now.

Because death will come tomorrow,
We are being forced to live here and now.
One  must be thrown in the present time,
Living in all of its fullness
Who knows, the next moment may arrive unexpectedly different.
Knowing this rhythm, one is comfortable,
At ease with both

When sadness overwhelms us, we must open up to it.
Knowing that they are partners of the same game.
We must constantly remember it.
If this becomes a fundamental  souvenir for us,
Our life will have a new flavor:
The flavor of freedom, of the let go,
The non attachment flavor.

Come what may,
One (should) remains peaceful, quiet, accepting it.
And the person who is able to remain
peaceful, quiet and accepting
the pain, frustration and misery,
Transforms even the quality of the misery.

To this person, misery has also become a treasure.
To this person, a grinding pain.
To this person, even death is not the end,
But the beginning of something unknown.

[English version: Emmanuel W. Vedrine]

 

Viré monté