A l’Ombre du Mapou
Force endurance et longévité
Semblent le caractériser
Héritage de l’Afrique ancestrale
Symbole de prestige et de grandeur
Dont le mysticisme ne laisse
Indifférents ni les voyageurs
Ni les fils authentiques du terroir
Ce terroir confus et paradoxal
Terroir combien suicidaire
Et viscéralement attachant
Unique dans sa misère
Contemplant follement
Sa grandeur passée

II
Jadis au son du lambi
A l’instar du tocsin
Dans les pays dits civilisés
Tous les fils d’Haïti
Dans un élan spontané
D’amour et de patriotisme
Jaloux de leur liberté
Chèrement conquise
Sursautaient et en rangs serrés
Ouvraient la marche en scandant
Grenadiers à l’assaut
Et organisaient sans relâche
Sans peur et sans reproche
La défense de la patrie sacrée

III
Certains en avaient peur
Ils en tremblaient à l’occasion
Qu’importe ils la surmontaient
Et au péril de leurs vies
Accomplissaient leurs devoirs
Ce en quoi ils étaient des hommes
Des vrais des braves des héros

IV
Jadis lorsque la nation haïtienne
Etait encore en devenir
Que tous les espoirs étaient permis
Avant cette vague d’acculturation
Maintenue hélas à dessein
Jadis au temps des rêves cyclopéens
Alors que les vertus cardinales
Étaient religieusement cultivées
Et se transmettaient fièrement
De génération en génération
Quand l’étranger était l’invité
Et non le perfide bwana
Maîtres des biens et des vies
Il y avait beaucoup d’espoir

V
Le Griot à l’Ombre du Mapou
Rêveur et penseur à la fois
Témoins privilégié et vulgarisateur
De l’histoire événementielle
Guide spirituel de tous ces jeunes
Avides de connaître ce passé
Glorieux fier et grandiose
Cette culture qui s’effrite
Ce passé à nul autre pareil
Qui devait conditionner
Notre présent et l’avenir

VI
Jadis ce Griot tout édenté
Chiquant son tabac de piètre qualité
Vieillard apparemment verbeux
Et pourtant…
Il n’était ni tribun
Ni bel orateur de salon
Toutefois à travers son souffle
Court et entrecoupé
S’exprimaient en un langage
Un tantinet sibyllin
Les grands moments de l’histoire
L’histoire des hommes vaillants
Et des grandes dames de ce pays

VII
Son flair de paysan
Infaillible ou presque
Sa vision mystique
De ce coin de terre
Accident géologique
Dérive de l’histoire
Ou traversée du désert
Cette vision hélas
S’est révélée prémonitoire
Car nous avons somme toute
Lamentablement échoué

VIII
Reviendra-t-il - peut-il revenir
Le temps des réjouissances
Des joyeuses retrouvailles
De la famille haïtienne réunie
Réconciliée avec elle-même
Sous le feuillage protecteur
Qui calme et qui apaise
A l’Ombre du Mapou

 Viré monté