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Rythmer la vie, Renel Exentus Juin 2025 Crédit photo: Marjorie Walter |
Avec le soutien de la société de recherche et de diffusion de la musique haïtienne (SRDMH), la chorale de Marjorie Walter1 a réuni, le samedi 14 juin 2025, entre 17heures et 19heures, un public varié à l’église St-Sixte pour un concert inoubliable. Composée de personnes de différentes communautés, de jeunes et de moins jeunes, la chorale a plongé l’auditoire dans une atmosphère de fièvre et de recueillement en associant des rythmes musicaux issus d’Amérique du nord, de l’Europe et d’Haïti.
Monsieur Jean Claude Nazon2, animateur du concert a rappelé que le programme est divisé en deux parties regroupant chacune sept (7) morceaux. Dans la première partie, Marjorie Walter a commencé avec l’emblématique morceau «Somewhere Over the Rainbow» de Harold Arien. C’est une ballade écrite avec les paroles de Yip Hardind. Composée pour le film Le Magicien d’Oz de 1939, elle a été chantée par l’actrice Judy Garland dans le rôle principal de Dorothy Gale. La chorale a exécuté le morceau avec une telle dextérité que le public commençait à applaudir avant la fin de la prestation.
La deuxième pièce au programme a été le «Choral No 5» de l’Oratorio de Noël (BWV 248) de Jean Sébastien Bach (1685-1750). Caractérisée par la richesse de ses harmonies, cette pièce a été interprétée avec une grande expressivité. Compositeur et musicien allemand de la fin de la période baroque, Jean Sébastien Bach a laissé une production musicale prolifique sur une variété d’instruments. Sans répit, Marjorie Walter a changé de registre. La troisième pièce a eu pour titre «Papa nou». Elle est la version créole de la prière Pater Noster. Elle est l’oeuvre du célèbre compositeur haïtien Emile Desamours. Né au Cap-Haitien en 1941, Emile Desamours compte dans son répertoire une importante production musicale inspirée du folklore et de la musique populaire haïtienne. Comme le soutient Dauphin (2014, p 298), «il sait insuffler à ses compositions pianistiques une vitalité harmonique inspirée des Sonates de Beethoven de la première période et des préludes de Chopin»3. Avec un dynamisme entraînant, le morceau «Papa nou» se caractérise par un fond harmonique néoclassique. La chorale a pu traduire la variété de ces rythmes avec l’aide de plusieurs musiciennes et musiciens, dont Daniel Bellegarde, Julie Vauvan, Julier Fortier-Auclair, Paricia Sorya et Ho Ti The Van. Dans la même lancée, la première partie du programme s’est poursuivie avec le chant populaire ‘‘Peze kafe’’. D’auteur inconnu, ce morceau fait partie du patrimoine culturel traditionnel haïtien.
Après les chauds applaudissements du public, Marjorie Walter a encore changé de registre musical en interprétant sa cinquième pièce: «Rhythm of live» écrite par Dorothy Fields et Cy Coleman en 1969, interprétée à plusieurs reprises par des chœurs laïcs et religieux. Cette pièce a fait l’objet d’excellents arrangements choraux. À l’église de St-Sixte, la soliste Olive Kaiser, membre de la chorale, l’a interprétée avec brio. Sans transition, la chorale est passée à la pièce de la jeune et talentueuse artiste néo-zélandaise Ella Marija Lani Yelich-O'Connor dite Lorde. Cette pièce a pour titre «Royals». Elle est tirée de son premier album «Pure Héroïne». Elle porte l’empreinte à la fois de l’art pop et l'électro pop. Elle s’inscrit dans le registre de la chanson minimaliste.
Pour clore la première partie du programme, Marjorie Walter a interprété la pièce «Canticorum jubilo» de Georg Friedrich Haendel (1685-1759). Comme Jean-Sébastien Bach, Georg F. Haendel est un compositeur allemand qui a marqué l’apogée de la musique baroque.
Pour joindre l’agréable à la surprise, Léon, âgé de 11ans, membre de la chorale, a interprété le concerto de Ravel pendant l’entr’acte. Le public a apprécié la dextérité avec laquelle le jeune talent a exécuté les notes sans le moindre support visuel.
Après la pause, il n’y a pas eu de changement dans la programmation. Le mélange de rythmes et de traditions musicales est maintenu. La chorale a commencé avec le «Cantique de Jean Racine, op.11». Ce morceau constitue une pièce vocale composée en 1865 par Gabriel Fauré (1845-1925). Il se caractérise par la tonalité de ré bémol majeur.
Après le Cantique de Jean Racine, Marjorie a fait un saut dans le temps et dans l’espace pour exécuter trois morceaux tirés du patrimoine culturel haïtien: «La Rèn Solèy» et «Panama m tonbe» sont de l’univers des chants traditionnels tandis que Kanaval est du célèbre compositeur haïtien Sydney Guillaume. Âgé de 42 ans, Guillaume est compositeur de musique classique, de musique de film, chef d'orchestre, clinicien, chanteur et pianiste. Il est également l'auteur d’une variété de pièces pour ensembles de chambre et de compositions chorales. Le public a apprécié l’exécution des notes en dansant et en imitant les gestes des membres de la chorale.
Les deux dernières pièces du concert sont «Sauve-toi» de Paule Tremblay et «Carmina Burana». Paule Tremblay est à la fois autrice-compositrice-interprète et pianiste. «Sauve toi» est tirée de son 7ème album, Les nuits étoilées. Associé à la voix de Guy Kaye, le morceau «Sauve-toi» décrit la complexité des sentiments dans un style cinématographique avec une touche electro pop. Paule Tremblay a interprété sa chanson avec l’accompagnement de la chorale.
Les «Carmina Burana»4 sont une cantate scénique composée par Carl Orff en 1935-1936. Le titre complet, en latin, est «Carmina Burana: Cantiones profanæ, cantoribus et choris cantandæ, comitantibus instrumentis atque imaginibus magicis», soit en français: Poèmes chantés de Burons: Chants profanes, pour chanteurs solistes et chœurs, avec accompagnement instrumental et images magiques.
Avec ce mélange de rythmes et d’harmonies de divers horizons, le concert a pris fin dans une atmosphère de fièvre et d’émerveillement. Dans les regards et les sourires des personnes de l’assistance après la prestation, il était facile de lire le questionnement suivant: pourquoi ce dialogue de rythmes et de registres musicaux de différentes cultures ne se sert-il pas de modèle aux rapports sociaux?
Notes
- Pour avoir plus d’informations sur le travail de la musicienne Marjorie Walter, visiter le site web suivant: https://choeurwalter.org/
- Président de la SRMDH.
- Claude, Dauphin. (2014). Histoire du style musical d’Haïti. Mémoire d’encrier: Montréal.
- Voir l’article de Wikipédia.