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Le soleil brille pour les épis et les élus

À mon ami, Henri-Robert Malbranche Chaumin

Élie Fleurant

Photo F.Palli.

Toi qui regardes les cieux des yeux d’épée,
Toi qui braves les torrents de l’ouragan,
Toi, épi des blés, des tiges, des églises, des sépulcres;
Toi qui entonnes le chant des épiques et de l’oiseau
Jusqu’au sarcophage,
J’ai à te dire:
Le soleil brille pour toi.
Son unicorne brigue vers ton front bronzé
Invoquant ton salut.
Et je regarde la dernière tige couchant sur l’argile,
Un parterre paresseux, voire gueux,
Tu ouvres les yeux et vides ton esprit et ta nonchalance
En guise de semonce.
Ô toi poète!
La pluie te plie comme l’herbe neuve de l’aurore,
Mais tu attends le passage de la brise, du vent
Et la vocation du Sage.
Toi, épi de la pluie, épique de la vendange,
Hercule tombé des cieux,
Ton effluve remonte en sillon vers les monts,
Et je recherche ton soleil qui brille pour la récolte divine.
Le soleil luit pour les épiques et les élus.
Or l’eau et ses gendres dociles livrent une course aléatoire,
Pourtant les gerbes rustiques, phallus vaniteux
Vivent sous la férule de la pesanteur et la densité.
Pardieu! Nous veillons et traînons
Sur les tournures de la culture comme les pluies épiques
Qui versent et culbutent en écurie.

Qui ose parer de lumière et d’épis?

Et je regarde l’insensé adorant le soleil levant.
Il attend la neige pour voir le soleil.
Et pourtant le Centaure dort, il dort
Sous la douceur de l’astre bénin régalant l’élu
De béatitude et du génie des épiques.

Le canard noir, dit-il, dort dans le noir.
Hélas! Il devine le pire pour l’étourdi médit.
Tête de fou ne se soucie pas.

Qui ose rire de sa folie?
N’est-ce Platon qui révèle sa divinité?
Eli, Eli, Eli, Lama  Sabachthani!
Et le chant du Centaure se fit entendre,
Or la Trinité accorde le salut aux élus.
Ô prophète pharisien!
Aiguille donc ton basque inventé
Pour éviter ta croûte dégueulasse.
Quelle peste incurable !
Ma parole, c’est incurable!
Souviens-toi! Le bonheur c’est l’auguste vertu.

Si les épines façonnées cernent mon front,
Les épiques ornent ma muse et entament mon luth,
Mes vers fuselés et tuméfiés
S’apprêtent à cogner, à forer  toutes les fibres de mes artères.
Je te salue ô soleil,
Sève de la verve et de la semence.
Ô Hélios, toi qui brilles pour les épis et les élus,
Nous conjurons ton soleil pour les lubinus!

Toi, ami du vent et du soleil
Qui recueilles les épiques de tes soixante-cinq lauriers,
Le soleil t’attend en souriant
Au carrefour de l’Orient;
Il  t’ensemence des épis,
Te baigne de ses doux rayons.
Toi aussi, mon utérin,
L’astre brille pour toi.
 
Élie Fleurant, poète lauréat
Prix UNICEF 2014  Intercontinental de Francophonie Europoésie    
Finaliste Prix international du livre insulaire, Ouessant 2014

15 octobre 2014

boule

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