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La jupe de la rue Gît-le-Cœur
Théâtre comme audience d'un petit roman

Jean Durosier DESRIVIERES

 

Texte théâtral

Prix Spécial du Jury Etc_caraïbe 2013 Synopsis

 

 

 

 

 

 

 

La jupe de la rue Gît-le-Cœur, Jean Durosier Desrivières • Lansman • ISBN 2872829989 • 2014 • 52 pages • 10 €.

La jupe de la rue Gît-le-Cœur

Déambulant dans Paris, du côté de Saint-André des Arts, un écrivain tourmenté, apparemment démodé, dévoile son étrange histoire. Jusqu’à quel point le poème d’Allen Ginsberg qui l’accompagne apaisera-t-il ses pensées et ses humeurs, nourries des sanglantes actualités du monde et de l’insupportable réalité de la ville? Par étourderie, il se trompe de rue, et brusquement l’image ou le mirage d’une jupe le fait basculer dans un autre espace-temps... Qu’adviendra-t-il de lui?

"On peut dire qu’avec La jupe de la rue Gît-le-Cœur, Jean-Durosier Desrivières a inscrit brillamment son nom dans l’histoire haïtienne de l’audience. Non seulement pour avoir, trente-trois ans après Franketienne (Pèlen tèt, 1978), porté ce procédé narratif au théâtre ; mais aussi, mais surtout pour avoir plié l’audience à ses exigences d’auteur, en la délestant de son poids oralitaire, en soumettant l’oralité – la prolixe insoumise – au travail d’écriture peuplé de mots pétris de silences, de mystères, de symbolismes, de secrets…

Partie de l’audience, l’œuvre passe par tous les chemins pour aboutir à un travail de composition calculée, maîtrisée et réussie." ("Audience et contre-audience", extrait de la postface de Faubert Bolivar)

Extrait

"Un bon écrivain tronçonne sa femme et ses enfants avec, mec, pi il vous sert une belle et bonne histoire par petites bouchées, une histoire à petites doses de joyeuses cruautés. Toi, ça se voit que t’es pas ce genre de mec. Toi, t’es dans ta tour, mon pote. Mais la tour a été abolie, mec. Ils font dans l’authentique maintenant, les mecs. Finie, la tour. Il n’y a pas à imaginer. Le cru, le goût du sang. Du bon cru, c’est ça que demande le public qui fait des simagrées devant le JT à toute heure. Ecrire, c’est travailler dans la chair crue, la chair vive mon pote. C’est systématique. Schizophrène ils disent. Il faut être schizophrène dans cette carrière, mec. Schi-zo-phrène ! Psychopathe, aussi ! Ils disent ça aussi, psychopathe ! Tu fais semblant de vivre comme nous, comme tout le monde, quoi ! et pi tu tronçonnes, tu tronçonnes, tu tronçonnes, et boom ! un bestseller. Les voisines y passent avec les voisins qui gênent, et les enfants, s’il y en a, et les chiens avec. Un écrivain contemporain est un dépeceur de classe, mec. Il vit sur terre avec les barbares, mec. Être dans la lune, c’est être cinglé. Il faut laisser ça à Pierrot. C’est fini tout ça, révolue la lune. Il faut descendre sur terre, il faut être sur terre, mec. Tu lis ou pas ? Un écrivain ça lit aussi ou pas ? Eh ben moi j’te dis que ça lit, oh oui ! ça lit de l’actuel, du cru, du saignant… Vu ta tronche, tu ne dois pas beaucoup causer avec ceux de ton espèce, toi. Ceux de la télé, là. Ceux qui provoquent la guerre et qui y vont en costard pour poser pour leur bouquin."

 

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