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Le Recteur de l’UEH au colloque sur le développement urbain «Il est urgent de reprendre la réflexion et l’action sur les thèmes de la reconstruction et de la refondation» |
Un cordial salut et une chaleureuse bienvenue à vous tous et à chacun d’entre vous, au nom de l’Université d’État d’Haïti et de toute la communauté universitaire. Je voudrais saluer spécialement nos collègues de Paris-VIII, de l’Université de Lausanne, les conférenciers qui nous viennent de multiples horizons, nos partenaires de l’Union Européenne, de la République Française, de l’Agence Universitaire de la Francophonie, de la Fédération Suisse, entre autres.
Nous sommes particulièrement heureux et fiers de vous accueillir.
Heureux et fiers également de participer à cette cérémonie doublement symbolique, qui consacre:
- Le lancement du Colloque «Quel Développement Urbain pour la ville post crise»
- La graduation de la 3e promotion du programme de Master en géographie de l’université Paris VIII en collaboration avec l’Université d’État d’Haïti.
Pourtant, nous ne pouvons-nous empêcher de rappeler que ce double évènement, heureux et prometteur, tire ses racines de l’épisode le plus douloureux que nous ayons connu ces derniers temps: le séisme de 2010 et son cortège de blessés, de sans-abri, de morts, de disparus, de pertes de toutes sortes, de traumatismes, …
En 35 secondes, le séisme de 2010 nous a mis devant notre immense vulnérabilité, notre imprévoyance, notre gestion catastrophique de nos ressources, tout en nous imposant dans le même temps la nécessité d’une prise de conscience sérieuse et collective.
Je me rappelle encore les maitres-mots du moment: rebâtir, reconstruire, mais tout en précisant ne plus vouloir faire comme avant. On parlait surtout de refonder, d’aller au-delà de la seule métropole de Port-au-Prince, de considérer le pays comme un tout, dans toutes ses dimensions, dans toutes ses composantes, même si les dégâts se circonscrivaient essentiellement à la capitale et ses environs et quelques autres villes.
Pour Port-au-Prince elle-même, il était question d’en faire une ville moderne, rebâtie sur la base d’un plan d’aménagement sorti des cerveaux les plus experts et les plus compétents. Il y a eu effectivement des plans conçus, des déclarations d’utilité publique, des sommes pharamineuses déboursées, des promesses et des espoirs.
Aujourd’hui, 7 ans après, où en sommes-nous? Qui parle encore de reconstruction ou de refondation?
Le Colloque que nous lançons aujourd’hui aura la vertu de nous offrir l’occasion d’y penser, de reprendre les réflexions arrêtées en si bon chemin et peut-être de remettre à notre agenda national toutes les espérances suscitées à l’occasion.
Notre deuxième motif d’espoir est constitué par la graduation d’une cohorte de 16 nouveaux géographes qui vont recevoir leur diplôme de Master II dans le cadre du partenariat de l’UEH avec l’Université Paris VIII.
C’était encore au lendemain du 12 janvier 2010. Le pays pleurait encore la perte subite d’un nombre incalculable et insoutenable de vies humaines appartenant à toutes ses couches sociales, dont ses meilleurs cadres en géographie et en système d’information géographique (SIG): Georges Anglade, Gina Porcena Ménéus, Arsène Constant, pour ne citer que ceux- là. Ils étaient rares et l’équipe se constituait patiemment et difficilement dans un pays où l’importance de la géographie, de l’aménagement du territoire, de la planification urbaine et régionale et des domaines connexes était encore méconnue.
Cette situation avait porté l’UEH à renforcer sa collaboration avec l’Université Paris VIII et à élargir ses domaines de coopération. Il en est sorti ce Master délocalisé dont nous célébrons aujourd’hui la sortie de la 3e et dernière promotion. De 2011 à aujourd’hui, près d’une cinquantaine de géographes de niveau supérieur auront été formés. Et c’est pour la première fois que notre pays atteint cette masse critique de spécialistes de ce niveau. Pour la première fois également, les réflexions dans ce domaine se révèlent aussi amples, aussi diverses et aussi riches. Il suffit de se référer aux mémoires de maitrise produits par ces diplômés, aux interventions réalisées à l’occasion de récents colloques et aussi aux thèses de doctorat rédigées dans le cadre de cette coopération. Car il fallait assurer la pérennité du Programme et, de fait, ce Master délocalisé de Paris VIII va être remplacé par un Master UEH. L’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti s’est déjà préparée à prendre en charge cette formation et à continuer à produire des géographes de haut niveau pour la reconstruction, pour la refondation, pour une meilleure gestion de l’environnement, pour un meilleur aménagement du territoire, pour une authentique décentralisation, …
Le moment est venu de lancer un appel solennel à l’État, aux collectivités territoriales, à la société haïtienne dans son ensemble, pour leur dire qu’il est urgent de reprendre la réflexion et l’action sur les thèmes de la reconstruction et de la refondation. Que les cadres formés à cet effet par l’UEH et nos universités sont disponibles et ne demandent qu’à se mettre au service de toutes les instances concernées, qu’elles soient nationales, régionales, locales ou communautaires, qu’elles soient publiques, parapubliques ou privées.
Nous tenons à exprimer un immense MERCI à l’égard de nos partenaires de Paris-VIII, à ses professeurs et particulièrement à notre collègue Bezunesh Tamru pour son dynamisme, sa détermination et sa grande générosité.
A tous nos collègues de l’ENS, notamment les professeurs Bérard Cenatus, Fritzner Etienne, Louis Alvarez, Eddy Lucien, toutes nos félicitations pour avoir démontré cette capacité à mener le projet à bon port et à en assurer la durabilité.
A nos partenaires de l’Union Européenne, de l’Ambassade de France, de l’AUF, de la Fédération suisse, à nos collègues de l’Université Quisqueya, de l’Université de Lausanne, de la Fokal, tous nos remerciements.
Merci également à nos conférenciers de ce colloque tant attendu et tellement prometteur.
Et puis, à nos récipiendaires du jour, les diplômés du Master en Géographie, nos plus chaudes félicitations et nos meilleurs vœux de succès.
25 avril 2017
Fritz Deshommes
Recteur de l’Université d’Etat d’Haïti