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Regards sur la recherche universitaire en Haïti Éditions de l’Université d’État d’Haïti ISBN 978-99935-57-45-6 |
Avant-propos
L’ouvrage que nous présentons aujourd’hui est d’un genre particulier. Du moins par rapport à nos publications antérieures. Il n’a pas été élaboré de manière
linéaire. Ses composantes, éparses et diverses, n’ont pas été conçues pour être
matière à publication. Il s’est construit, inconsciemment, au fur et à mesure des obligations de prise de parole et d’entretiens accordés en notre qualité de Vice-recteur à la Recherche de l’Université d’Etat d’Haïti.
L’habitude de les garder dans un dossier spécial nous a valu la remarque d’un
collaborateur qui a émis l’idée que cette compilation d’interventions publiques
gagnerait à être connue.
J’avoue que dans un premier temps j’étais plutôt sceptique. Quel intérêt
pourrait susciter un ensemble de discours disparates, prononcés dans des circonstances très diverses, au gré d’invitations ou
d’opportunités pas toujours prévisibles? Quelle cohérence peut être donnée à cet ensemble hétéroclite, non planifié?
Et puis, il y a tous ces projets annoncés à grands renforts d’enthousiasme et d’optimisme et qui, faute de la disponibilité des ressources promises ou projetées, n’ont pu être mis en œuvre. N’ont-ils pas l’air de promesses lancées au hasard de l’imagination?
C’est la relecture attentive de ces textes qui a fini par me convaincre de l’utilité
d’en faire un ouvrage et de les livrer à la connaissance du public.
J’ai été agréablement surpris d’y retrouver deux éléments fondamentaux: une
vision commune et cohérente de la recherche et un sens constant et
passionné du plaidoyer en faveur de ce volet tant négligé de la mission de
l’Université.
De manière latente ou explicite, les questions suivantes reviennent plus souvent qu’on ne le pense: Pourquoi faut-il faire de la recherche en Haïti? Ne serait-il pas plus simple et plus rentable de se contenter de tirer parti des trouvailles, des découvertes des autres sociétés, plus avancées? Ne sommes-nous pas trop pauvres pour nous engager dans des entreprises aussi couteuses et dont les résultats ne sont nullement garantis? Et qu’avons-nous à chercher?
Au chapitre premier de l’ouvrage, nous avons groupé toutes nos interventions traitant directement ou indirectement de ces interrogations et s’évertuant à leur apporter des réponses appropriées pour Haïti et le Tiers-Monde. On peut y retrouver un véritable parti-pris mais aussi une entreprise de définition, de clarification et, dirions-nous, de démystification en faveur de la recherche universitaire. Elle est intitulée sobrement: «Vision».
Premier défi: faire atterrir cette vision. Tout au moins montrer qu’il ne s’agit pas d’un simple discours. D’un coté, les besoins identifiés, les orientations recommandées, les chemins suggérés. De l’autre les conditions concrètes de fonctionnement, le niveau d’ancrage institutionnel, les réalités administratives, l’environnement interne et externe. On sait bien que le déficit de départ est élevé. L’Université, l’université d’État précisément, est traitée en parent pauvre. En son sein, la recherche, vécue comme une activité secondaire, est encore plus négligée.
Comment alors aborder ce défi? Les allocutions et entretiens regroupés aux chapitres deux et trois s’y réfèrent.
Ils rendent compte:
- Des «Semences» (Chapitre 2) ou de certaines initiatives entreprises pour faire reculer les limites imposées à la production de savoirs et pour rappeler que l’université ne peut se permettre de s’en tenir à la seule et aveugle transmission et consommation de savoirs venus d’ailleurs;
- Et des «Promesses» (Chapitre 3) qu’autorisent notamment la présentation des premiers résultats de recherche sur des thèmes variés (médecine traditionnelle, atlas géotechnique de la zone de Frères/Pétion-Ville, fistule obstétricale) l’organisation de manifestations académiques majeures (Année Jacques Roumain), la création d’instances d’appuis à la recherche (Les Editions de l’UEH), l’engagement sur des problématiques d’intérêt national (L’Académie Haïtienne pour la promotion du créole).
Le dernier chapitre n’est pas consacré à la recherche. Il aborde une autre urgence de l’UEH: la «Reforme», dont il tire d’ailleurs son titre. Il réfère tant aux travaux de la Commission de Réforme qu’aux nouvelles orientations adoptées par le Conseil Exécutif à la suite du séisme du 12 janvier.
Bien entendu, il faut éviter de voir en l’ouvrage un rapport ou un bilan. Lequel
ne serait pas suffisamment exhaustif car ce ne sont pas toutes les actions
entreprises qui ont fait l’objet de manifestations officielles, de présentations ou
d’entretiens avec la presse.
Nous avons seulement pensé qu’il pourrait être utile de donner à connaitre certains aspects des réalités de l’université haïtienne en général, de l’Université d’État en particulier.
Fritz Deshommes
Mai 2011