Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

Peter Cénas

Sous la robe d’ombres d’une nuit de lunes éclopées; une nuit de rêves déchiquetés où l’horloge n’a plus qu’un souffle chrysocalisé pour bousculer le temps morne. Des vagues de soupirs flous, sévis; des soupirs en crevaison s’éparpillent côte à côte dans la gorge insalivée d’un mourant anonyme, éraflant d'une dague d'agonie, la quiétude berceuse des feuillages. Une nuit dédaigneuse au cœur vaporeux; une nuit des trois-rois où des heures en lambeaux se mutent en torchon usé pour le pauvre supplicié, errant à l’air toxique dans tous les boulevards dévêtus, telle une arche d’escarbilles en plein déluge nocturne, dès que le soir enjolive la voûte bleutée de silex de nuages. C’est la nuit de la débandade subtile du sommeil. Taciturne, le pauvre misérable tresse ses larmes dans les toiles poussiéreuses des araignées mortes, quand tout espoir pour demain s'effondre, telle une citadelle de cendres, dans la gesticulation d’un vent "grosso-modo". Il n’y a plus d’heures. Des nœuds de nuages dilapidés suffoquent le temps, et la vie est au galop. Mais à chaque scintillement d’étoile fauve, franchissant les fenêtres débraillées en plein ciel faubourg, où s’échappe l’odeur pestilentielle d’une insomnie exsangue, quand les heures rougies dansent leur jerk amphigourique, leur jerk de Timari, de ver de terre cendré et de ténèbres à poil; le pauvre, le misérable, note sans mots de passe, à l’encre noircie de ses soupirs rotatoires, ses rames rêves avortés dans l’orbite nocturne du firmament.

boule

 Viré monté