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Le Service Animation de la Commune "Un conteur au coin de ma rue" |
Projet
Description :
Dans le cadre de sa politique de développement culturel, le Service Animation met en place un projet à long terme autour du conte en 2007.
Dans la mise en œuvre de ce projet, l’action «un conteur au coin de ma rue» aura pour objectif de faire renouer le public de Sainte- Suzanne avec le conte en proposant des animations dans les quartiers suivants:
- Bagatelle
- Bel Air
- La Marine
- Bras Pistolet
- Centre Ville.
Pour ce faire des conteurs professionnels proposeront un spectacle autour des contes et légendes De la Réunion et des îles environnantes. Ces animations se dérouleront en plein air ou en salle selon les structures existantes dans les quartiers.
Objectifs :
- Faire découvrir les contes de la Réunion et des îles environnantes
- Familiariser le public avec le conte
- Développer le sens de l’écoute
Calendrier prévisionnel
Dates | Lieux |
25 juillet | Bagatelle |
26 septembre | Bel Air |
12 octobre | Bras Pistolet |
23 octobre | La Marine |
19 décembre (Dans le cadre des festivités du 20 décembre) |
Centre Ville |
Dans le cadre du projet «Un conteur au coin de ma rue», une séance de contes sera proposée au public le mardi 23 octobre à 14h au CASE de la Marine.
Cette séance sera animée par Sully Andoche accompagné de Véronique INSA et de Roger VALLIAME, fidèle conteur de Sainte-Suzanne.
Lors de cette séance, l’occasion sera donnée à Sully ANDOCHE de faire partager à son auditoire, son amour pour la langue créole et son attachement à redonner au conte toutes ses lettres de noblesse dans la culture réunionnaise .
Animé par cette volonté que le conte redevienne une pratique culturelle bien ancrée à la Réunion, c’est tout naturellement que Sully Andoche aime s’entourer de nouveaux rakontér z’histoires telle que Véronique INSA (présentée ci-dessous) qui partage comme lui cette passion pour les histoires et assure, par la même occasion, la relève des conteurs réunionnais.
Pour cette séance, le spectacle de contes présenté s’intitulera «Dan temps là…».
Il sera précédé par VALLIAME Roger, figure locale de Sainte-Suzanne, qui nous livrera à son tour de magnifiques histoires issues de son enfance et racontées par sa grand-mère.
Zistwar Sully AndocheC’est dans le quartier de Saint Jacques à Saint Denis de la Réunion que Sully Andoche a koupé son zonbri1 et passera toute son enfance.
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Le soir venu, sous le lampadaire de la rue Sainte Marie, on se raconte des histoires. Celles qui font peur sont les préférées. Afin de convaincre son auditoire d’un soir, on rajoute un détail fantastique à l’histoire de la veille qui avait connu un succès pour le moins mitigé. Raconter devient un défi, improviser en racontant, une nécessité quasi vitale si le rakontèr ne veut pas mourir aux yeux des autres.
Il n’a pas connu de conteurs patentés, plutôt présents dans les veillées mortuaires (interdites aux faibles tempéraments d’enfants). Juste le souvenir d’un Grandyab la fès an or raconté en boucle par Pépé Apollon son grand père.
Mais Sully a surtout dévoré des oreilles et des yeux les zistwar fé pèr de cimetières et d’invisibles. De dévinèr3 aussi; ceux qui transforment à l’envi les feuilles d’arbre (celui du jacquier donne les meilleurs résultats) en billets craquants de 1000 francs CFA. Je le jure devant la lumière qui m’éclaire et que Dieu m’écrase en poussière si ma langue ramasse des mensonges et comment peux-tu contester une parole de granmoun4?
Toute histoire est parole et toute parole est vraie puisque c’est la bouche que Dieu a donnée qui l’a prononcée. Vraie comme l’histoire de cette nuit là où mémé Frédéa a vu son voisin, (homme de loi s’il vous plait !) se transformer en chat pour s’introduire dans la maison de l’autre voisin pour faire des choses que diable seul sait. Comment est-il entré ? Mais par la serrure voyons !
Dans les années 80 Sully donne de la voix avec ses dalon5 du groupe Ziskakan pour que la culture et la langue créoles soient reconnues. Les coupures de courant sont nombreuses et le matériel usagé n’en est pas vraiment la cause. Les censeurs du pas culturellement correct débranchent tout ce qui dépasse. Dans la pénombre, on envoie Sully au devant de la scène pour faire patienter. Tant qu’à faire, il raconte. Plus tard il contera, même quand le courant politique aura changé. Il contera dans les écoles, les kermesses, les kabar6…partout où la parole aura une oreille pour miroir.
Urgence de dire, urgence de rapporter, urgence de transmettre. Le conte, au même titre que le maloya il y a quelques années, mérite qu’on lui restitue la place qui est la sienne dans la culture réunionnaise. En passionné qu’il est, Sully, comme d’autres conteurs, s’y emploie tout modestement.
Son répertoire :
A moins de se retrouver dans un espace non créolophone, Sully raconte dans sa langue.
S’il se régale à mettre en bouche les contes traditionnels de la Réunion, de l’océan indien et quelquefois d’ailleurs, il préfère s’amuser à imaginer des histoires, à inventer des légendes toutes aussi vraies les unes que les autres… puisque c’est son imagination qui les a fabriquées.
L’improvisation détient la part majoritaire dans son capital. L’humour en est un actionnaire non négligeable.
Pour lui, il n’y a pas (ou si peu) de contes pour adultes et de contes pour enfants. Il y a des contes que l’on raconte à des adultes et à des enfants. Aussi les thèmes variés de son répertoire se moquent des générations.
Les contes animaliers ont la part belle et parmi eux, les contes d’origine: Comment le crapaud est devenu crapaud? Pourquoi le cochon est cochon? Etc.
Ses kriké-kraké accompagnés de jeux de mots et autres digressions, sont des portes par lesquelles le public est invité à entrer pour s’approprier une part de conte.
Il n’est pas rare que le conteur utilise des instruments faits de matériaux de récupération et qui se muent très souvent en partenaires et complices de ses histoires.
Véronique INSAKoman èl larive tèrla ? …Véronique est tombée dès son plus jeune âge dans la marmite de Gran Mèr Kal, dans un zembrocal créole-français, dans un rougail-poésie, dans un carry fonnkèr… |
Dans sa famille, entre une mère poète, un oncle musicien et une grand-mère «rakontèr zistoir lontan» les réunions de famille sont de véritables kabar-poèmes insolites, lors desquels Victor Hugo peut côtoyer Roklor, Jean de La Fontaine entendre ses fables adaptées en créole, et Pinocchio rencontrer Ti Jean …
La tête dans les nuages, le cœur en vavangue, Véronique est en marronnage… mais que cherche-t-elle?
Les mots… tous les mots… et en particulier, bann mo kréol…
Voilà pourquoi, en 1997, avec un groupe d’amis, elle met en scène et joue le spectacle ZOUBETE de Jacques POUSTIS.
Dans le cadre professionnel, le conte est tous les jours au programme de sa classe de maternelle... et le créole, sa langue maternelle, langue du cœur est partout présent… «Zin ,zin la malis la pa bon!»
C’est la malis minm la amène aèl dann stage Rakontèr Zistoir en juillet 2007. Ce sera alors le déclic… tout s’éclaire, tout devient cohérent… Fini le temps des questions:
«Lèr larivé: i fo rant’ dann ron!»
…et parmi ses histoires :
Konpèr Lyèv i sava bal !
Lo rwa i roganiz in gran bal. Mé tansyion panga! Pa ninportékèl zanimo i rant. Soman sak néna korn. Ayo! Mé li la mal bité èk Lyèv. Fité konm li la pwin, fék li va trouv in tiktak. Soman ou wa, nadkou out lintélizans i larg aou é out trin i fonn par bout.
Zanimo na minm défo domoun : zot vantardri i trayi azot…
Compère Lièvre se rend au bal !
Le roi organise un grand bal. Mais attention! Tous les animaux n'y sont pas conviés. Seuls ceux qui possèdent des cornes. Zut! Mais lièvre n'est pas né de la dernière pluie. Ya pas plus rusé, alors il trouvera une astuce.
Mais voilà, il y a des jours où notre intelligence nous joue des tours et où nos plans fondent comme neige au soleil..
Il en est des animaux comme des hommes : leur vantardise les trahit…
Roger Valliame
Figure locale de Ste-Suzanne, Mr VALLIAME raconte des histoires depuis plus de 20 ans. Cette passion lui a été transmis par sa grand-mère et sa mère. Dans les années 70, il a également acompagné «lo Rwa Kaf» autre personnage incontournable de Sainte-Suzanne, dans des centres de vacances pour raconter les histoires bien de chez nous, aux touristes. Par la suite, il a continué à raconter des histoires en public encouragé par l’engouement sucsité à chaque prestation. Son répertoire peut s’adresser aussi bien aux adultes qu’aux enfants et nous fait retrouver les personnage comme Ti jean, Grand-mère Kalle et Grand Diable.
Très apprécié, Mr VALLIAME est souvent sollicité par les écoles de Ste Suzanne pour dire des contes aux enfants.