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Séminaire d’Orientation pour les Etudiants Haïtiens
arrivant aux États-Unis

Emmanuel W. Védrine

Photo E. W. Vedrine Creole Project

Avril 22, 2019

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C’est toujours un plaisir pour nous dans notre rubrique «Éduquer les Haïtiens d’Haïti, et ceux dans la Diaspora» d’orienter nos compatriotes de temps en temps sur de nombreux sujets que nous débattons sur Haïti, où nous utilisons des messages vocaux par le biais de WhatsApp, puis nous travaillons sur leurs transcriptions pour les documenter en ligne. Cela donne aux gens plus d’accès à ces documents afin de les utiliser dans le domaine de recherche. La plupart de ces textes sont disponibles en anglais, une façon pour les chercheurs de les trouver, et la grande diaspora haïtienne (qui utilise particulièrement l’anglais comme langue de contact, la jeune génération, et le milieu intellectuel).

Avant de se lancer sur ce débat important, nous aimerions mentionner quelques documents, articles, livres électroniques que nous avons déjà publiés sur l’éducation, les écoles en Haïti, et les Programmes Bilingues Haïtiens (qui existaient) aux États-Unis. Nous ajoutons certains titres d’entre eux comme références importantes pour les lecteurs afin de les regarder:

  1. Educating Haitian Youth and the Haitian Community in diaspora.
     
  2. Enpòtans pou dekwoche yon diplòm fen etid segondè : L’importance d’acquérir un diplôme de fins d’études secondaires.
     
  3. Ide pou kreye yon 'High School Ayisyen' prive nan Boston (pdf, 240 KB) : Idea to found a Haitian Private High School in Boston.
     
  4. Kèk enfòmasyon kle pou ede Kominote Ayisyen : Some key information to help the Haitian Community.
     
  5. Materyèl pedagojik pou lekòl Ayiti : Teaching materials for schools in Haiti.
     
  6. Reflection on February 7, 2019 : 33 years after the fall of the Duvalier’s Regime | Refleksyon sou 7 Fevriye 2019 : 33 ane apre Rejim Duvalier a tonbe.
     
  7. Retard dans l'enseignement des langues étrangères en Haïti.
     
  8. Rezo Etidyan Ayisyen, Ayiti – Dyaspora : Network of Haitian Students, Haiti – Diaspora.
     
  9. Seyans Oryantasyon pou ede Jèn Ayisyen Ayiti wè klè : Seminar to orient Haitian Youth in Haiti to see better.
     
  10. Yon koudèy sou pwoblèm lekòl Ayiti (A look at the problem of schools in Haiti).  (second edition : dezyèm edisyon, 2007. 221 p.).  Abstract : Abstrè.   Circular : Sikilè.

Nous prenons la jeunesse comme cible, mais nous n’allons pas exclure les personnes qui seraient plus âgées. Les gens peuvent aller à l’école à tout âge (selon l’opportunité qu’ils auraient, ou l’opportunité se presente). Nous cherchons à savoir dans quelle tranche d’âge ils quittent Haïti [17, 18, 19, 20, etc.]. S’ils se retrouvent dans cette tranche, nous sommes sûrs que certains d’entre eux ont déjà atteint le niveau du Bac (I, II), et l’importance de cela (comme éducation de base au niveau mondial pour commencer à se préparer, et s’orienter vers le monde du marché). Cela a une grande importance, s’ils terminent ou atteignent le niveau du Bac à cet âge, et qu’ils viennent aux États-Unis (avec leur carte de résidence, le dossier légal pour les immigrants), où leurs parents avaient fait la demande.

Il est important qu’ils apportent avec eux leurs relevés de note d’Haïti (niveau secondaire /Universitaire). En arrivant aux États-Unis, ils pouvent les faire traduire, et les notarier. S’ils vont au lycée américaine (high school,ouàl’école secondaire), ils peuvent toujours y aller à l’âge de 16, 17, 18 ans). Dans certains endroits, ils n’ont pas besoin de déclarer leur âge, et l’escolarisation est gratuite (dans les écoles secondaires publiques)... L’avantage qui existe quand les élèves viennent avec leurs relevés de note c’est qu’on va les évaluer ou les traduire en anglais. De cette façon, ils peuvent marquer des points (crédits) pour des matières qu’ils ont faites au niveau secondaire en Haïti (ils passeraient moins de temps au lycée américaine, parce qu’ils auraient besoin d’un certain nombre de points afin d’obtenir leur diplôme. Le Diplôme d’Etudes Secondaires ou l’équivalence est obligatoire pour aller au collège /à l’université)…

En arrivant aux États-Unis (avec la carte de résidence), le premier document dont on a besoin de faire serait la sécurité sociale. Il s’agit d’une identité avec une combinaison de neuf chiffres (par exemple, 000-00-0000). Ce numéro vous identifiera (partout, dans toutes les banques de données gouvernementales). Une fois la demande est faite (au Bureau de la Sécurité Sociale), cela prendrait moins d’une semaine pour la recevoir par la poste. Ce n’est pas une bonne idée de circuler avec elle. Laissez-la à la maison avec la carte de résidence. On n’aimerait pas les perdre afin d’éviter les maux de tête (dépensant de l’argent pour les refaire, etc.).

En terme d’identité, les gens circulent avec leur permis de conduire (une identité nationale aux États-Unis). Dès l’âge de 17, 18 ans on peut avoir son permis de conduire. Tout d’abord, on va à Motor Vehicle (équivalent à Circulation en Haïti), demande le Manuel du conducteur (Driver’s Manual). Bien qu’il soit en anglais, mais maintenant ce document a été traduit dans certaines langues (qui peuvent être disponibles en ligne).

Ainsi, on peut lire ce livret directement dans la langue qu’on connaisse (si on n’a pas encore maîtrisé l’anglais). Lisez-le bien pour vous aider à préparer l’examen (théorique) du permis de conduire. Après environ 2, 3 mois de pratique (avec une auto-école, ou avec des amis), vous pouvez retourner à Motor Vehicle pour planifier un rendez-vous pour le test routier (road test) avec un policier dans l’état où vous vivez).

Ne perdez pas de temps à faire votre licence (où que vous soyez dans la diaspora (pas seulement aux États-Unis). Cela vous facilite les déplacements, aidant un ami à conduire (en cas de besoin)... Une fois que vous l’ aurez reçue, vous pouvez résoudre un tas de petits problèmes en un clin d’œil... Économisez de l’argent si vous pensez à acheter une voiture d’occasion pour vous aider à vous déplacer plus rapidement, et pour les activités commerciales (qui peuvent être situées un peu loin).

Avec l’avantage de la haute technologie aujourd’hui, de nombreux jeunes /nombreuses personnes, nombreux étudiants aux États-Unis (tout en fréquentant l’université) ne perdent pas de temps à chercher du travail un peu partout. Ils utilisent simplement leurs voitures privées comme taxi (Uber, Lyft, Door Dash), en utilisant l’APP sur leurs portables. Ils peuvent gagner mille dollars ou plus par semaine (selon le nombre de jours et d’heures qu’ils veulent travailler). Ce travail (temporaire) est flexible pour eux afin d’étudier, et aussi de financer leurs études.

Habituellement, quand les immigrants sont à peine arrivés aux États-Unis, la communauté ethnique à laquelle ils appartiennent est importante de maintenir contact avec. Ce qu’ils vont trouver d’abord dans cette communauté sont des églises, des centres communautaires, des amis (avec qui ils ont gardé contact, et de nouveaux amis qu’ils vont avoir) par exemple... qui sont liés à leur culture, et leur croyance. En tant qu’Haïtien, vous allez chercher ou localiser une église haïtienne comme assemblée, et visiter des centres communautaires haïtiens.

On trouvera des informations, des gens qui peuvent vous aider, des gens qui ne sont pas égoïstes et qui montrent la fraternité, parce qu’ils savent que vous venez d’arriver d’Haïti. Ne soyez pas timide du tout. Essayez d’être ouvert (pour parler à tout le monde afin qu’ils puissent commencer à vous donner des informations). Nous sommes sûrs qu’il y aura des gens qui s’ouvriront pour commencer à vous aider dans la transition... L’anglais, la première information dont vous aurez besoin serait où apprendre l’anglais (à l’église, à l’école, dans un centre communautaire)...? Il est important de la maîtriser rapidement, et il y a toutes les ressources possibles à votre disposition (par exemple, des matériaux que vous pouvez acheter /emprunter auprès des bibliothèques, des dictionnaires bilingues créole–anglais, anglais– créole), français – anglais, anglais – français).
L’anglais est votre passe-partout (vous l’en aurez besoin pour toutes les portes, et partout vous allez). Si vous êtes encore jeune, et que vous n’êtes pas encore dans la vingtaine, il est possible de passer un ou deux ans au lycée américaine. Et si vous avez des difficultés à fréquenter l’école secondaire, vous pouvez aller dans un centre communautaire demandant des informations sur la façon de vous préparer à prendre l’Examen du G.E.D. Une fois réussi à cet examen, vous recevrez un diplôme (équivalent au Diplôme D’Etudes Secondaires ou High School Diploma). Tout cela sont des opportunités que vous avez pour progresser dans les écoles américaines (gratuitement).

Fréquentant l’école secondaire pendant une courte période de temps vous orientera pas seulement dans le système scolaire américain, (par exemple, comment s’inscrire à vos cours, faire des devoirs, prendre des notes en classe, travailler sur un projet en groupe ou individuellement, faire de la recherche, faire des présentations en classe, etc.) mais aussi c’est l’occasion de commencer à maîtriser la langue anglaise (si vous ne l’aviez pas étudiée dans un institut de langue en Haïti). Vous expérimenterez une nouvelle méthodologie d’enseignement. Cela, plus ou moins, vous orientera pendant un, ou deux ans que vous pouvez passer dans une école secondaire.

Terminant les études secondaires -- De nombreux élèves immigrants, au lieu d’aller directement à l’université (qui va avec une vitesse plus rapide), ils fréquenteraient plutôt un Community College(collège communautaire) (qui a un programme de deux ans). Ce type d’institution coûte moins cher, comparant à ce que les étudiants paieraient dans une université s’ils n’ont pas d’aide financière ou d’une bourse d’études). Dans ce type de collège (de deux ans), l’éducation qu’ils obtiennent (dans divers matières et carrières) les aidera à trouver des emplois professionnels (tel que dans le domaine des affaires, de l’informatique, dans les domaines médicaux et techniques... quelle que soit la carrière vers laquelle ils aimeraient s’orienter).
Plus tard, ils peuvent fréquenter une université (régulière) pour compléter un autre deux ans (pour le Bachelier, équivalent à la Licence dans le système universitaire français). S’ils continuent pendant deux autres années d’études, ils peuvent obtenir un diplôme de Maîtrise, et s’ils poursuivent des études pendant quatre ans de plus pour compléter le cursus d’un programme de doctorat (puis écrire une thèse de sortie), ils obtiendront leur diplôme de Doctorat (dans différentes disciplines).
Ce que nous recommandons aux élèves en Haïti serait de prendre les cours de mathématiques au sérieux (des cours qui atteignent le niveau du bac, même s’ils n’atteignent pas le niveau du bac, ce n’est pas un problème). Si l’élève a terminé la classe troisième ou la quatrième année de l’école secondaire dans le système français (dans une bonne école), il peut juste prendre des leçons particulières ou faire du tutorat avec quelqu’un (qui connaît bien la matière) afin d’avoir le temps de couvrir les maths au niveau du bac (ou atteindre le niveau le plus avancé en math du secondaire).

L’important en arrivant aux États-Unis c’est d’avoir la capacité de passer des examens de mathématiques et d’anglais qui sont donnés dans le cadre de certains tests (mais on ne va pas regarder en qu’elle classe on a quitté Haïti, aussi longtemps qu’on réussisse à leur examen c’est ce qui compte).

Nous recommandons également aux élèves en Haïti d’aller à un institut de langues  (une fois qu’ils debutent le niveau secondaire) pour commencer avec l’apprentissage de l’anglais, et de l’espagnol (afin de maîtriser ces deux langues). Nous mentionnons l’institut de langue parce que la plupart des enseignants qui enseignent des cours de langues (au niveau secondaire) n’ont pas la formation appropriée pour le faire. C’est pourquoi beaucoup d’entre eux mettraient plus d’accent sur la grammaire) au lieu sur la pratique orale en classe. Beaucoup d’entre eux orienteraient les élèves à étudier seulement pour obtenir de bonnes notes aux examens. Pour illustrer ou commenter sur ce point, nous vous invitons à regarder un article que nous avons publié, intitulé: Retard dans l’enseignement des langues étrangères dans les écoles haïtiennes.

En tant qu’enseignants retraités (aux États-Unis), nous donnons les meilleures informations (à partir de notre observation, et l’expérience de travailler avec des étudiants haïtiens dans le système scolaire américain) afin d’orienter ceux qui sont en Haïti (à ne pas perdre de temps avec le bat pakèou la mémorisation de tout -- ce qui ne va pas aider avec quoi que ce soit, mais plutôt des informations essentielles qu’ils doivent savoir afin d’avoir du succès à l’école où qu’ils soient, et leur domaine d’étude).

La raison pour laquelle ils (les élèves) utilisent le bat pakè c’est que la plupart des enseignants (au niveau secondaire) ne sont pas formés.  Ils ne connaissent pas les techniques ou méthodes pédagogiques (pour présenter un sujet dans la salle de classe, de sorte que les élèves le saisissent sans problème). La plupart d’entre eux n’ont pas non plus un Bachelier ou une Licence dans le domaine qu’ils enseignent (la façon dont c’est fait aux États-Unis). Ce ne sont pas des enseignants certifiés (ou dotés de certificats pédagogiques du Ministère de l’Education Nationale) qui ont fait un programme pédagogique obligatoire et un programme de recyclage des enseignants (chaque cinq ans). Ainsi, de temps en temps dans nos critiques /commentaires, nous sommes obligés de mentionner le titre d’un livre par (le regretté éducateur, et linguiste haïtien) Yves Dejean, Yon lekòl tèt anba nan yon peyi tèt anba, pour illustrer tous ces problèmes (que le gouvernement n’est pas intéressé à résoudre par une véritable réforme de l’éducation en Haïti).

En bref, le plus tôt est le meilleur ou pi bonè se granmmaten (dans notre dicton haïtien) en termes de travail que nous devons faire en tant qu’enseignants, et chercheurs pour orienter les étudiants haïtiens dès le début. Cela les aidera mieux à se préparer, à prendre les écoles au sérieux parce que leur avenir dépend de l’éducation qu’ils reçoivent aujourd’hui. Beaucoup de parents haïtiens ne sont pas au niveau ou à la hauteur pour conseiller leurs enfants (tels que les orienter, les mettre sur de bonnes routes afin de les aider à se préparer pour demain). Ainsi, le travail d’un (bon) enseignant est double, pensant au travail qu’il doit faire dans ce sens pour orienter les étudiants (où il joue le rôle de parents en même temps en leur donnant de bons conseils). C’est un fait que le gouvernement haïtien a démissionné, analysant tous les problèmes que confronte Haïti dans le domaine de l’éducation, et notre responsabilité (en tant qu’enseignants, chercheurs, citoyens ou individus) de faire un travail civique en notre capacité pour apporter notre propre contribution au changement.

boule

 Viré monté