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Séisme à Haïti - 12 janvier 2010
Dix ans après - 12 janvier 2020

Pascale Monnindesrivieres

Pascale Monnin Port-au-Prince, Janvier 2010.

La faille au jardin de plantains
par Joël Des Rosiers

* * *

Dix ans après le goudougoudou, "c'est pire qu'avant"
par Hélène Ruel

* * *

La décennie PHTK - Décadence et résistances
par le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti

* * *

Au nom de la mémoire

Je veux parler
Les mots s’accrochent à la cloison de ma gorge

Je veux hurler
Les cris se sont habillés de silence
Ils boîtent
Traînent des jambes
Couverts de débris
Baignant dans leur propre sang
Ils hésitent
Tremblent
Ont froid sous leur peau
Dans les parois de leurs os
Malgré la brûlure du destin

Pourquoi parler
Sinon parce que l’indicible est devenue
Une prière à faire à genoux
Un défi à relever
Qui dit la ténacité
L’obstination à être
Oui être
Non pas des zombies maudits
Qui persistent à encombrer
Le beau monde des grandes puissances
Mais une indéniable présence de grandeur
D’invincibilité

Je veux hurler
Des décombres me sortent des yeux
Décombre d’un monde à nettoyer
De mensonges à épurer
De complots à essorer de leur venin
Pour qu’enfin luisent dans le ciel les palmes du bonheur
Que l’hibiscus étale ses pétales aux vents
Pour que les négresses se déhanchent sans retenue
Sous le soleil complice
Et que nos hommes nous prennent par les hanches
Au rythme d’une contredanse antillaise
Pour que la vie renaisse en dépit de nos morts
Et que nos morts dansent avec nous dans leur sommeil

Je veux compter
Mais la vie m’interdit de dénombrer les âmes
Alors je compte sur moi sur nous
Je compte sur la mémoire
Car notre mémoire est le miroir du futur

Jeanie Bogart
New York, le 12 janvier 2020

* * *

10 ans après: Les projets de villages Lumane Casimir et Zoranje,
vitrines de l’échec de la reconstruction post-séisme en Haïti

Par Jean Elie Paul, journaliste à AlterPresse et AlterRadio

Les projets de villages Lumane Casimir et Zoranje sont devenus les vitrines de l’échec de la reconstruction, après le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010 en Haïti.

Ce devait être deux quartiers modèles, aux limites de l’agglomération de Port-au-Prince, pour montrer qu’il était possible de construire vite et bien, pour les familles sinistrées das le séisme de janvier 2010. Dix ans plus tard, les habitantes et habitants attendent toujours l’eau potable et les services de base.

Gabegie financière, détournements et corruption sont passés par là.

P-au-P, 10 janv. 2020 [AlterPresse] --- Ce sont, chaque jour, les mêmes scènes de désolation à Zoranje, à vingt kilomètres au nord de Port-au Prince, dans la commune de Cité Soleil, observe l’agence en ligne AlterPresse.

Des jeunes à la recherche de l’eau au puits communautaire de Zoranje.

Des centaines de personnes, les bras chargés de bidons, marchent dans une eau boueuse et entre des tas d’ordures pour gagner le puits communautaire. Des enfants, des femmes, des vieux viennent s’approvisionner en eau. Certains poussent des brouettes, chargées de récipients. Toutes et tous habitent le «village de la Renaissance», à Zoranje.

Ce sont également les mêmes corvées quotidiennes d’eau, au «village Lumane Casimir», aux pieds du Morne à Cabris, à vingt-cinq kilomètres au nord-est de la capitale haïtienne. Là, les camions citernes passent régulièrement. Les habitantes et habitants peuvent dépenser jusqu’à 400.00 gourdes par semaine (environ 4 euros ou une journée de salaire minimum en Haïti) pour remplir ce qu’ils appellent leurs «châteaux d’eau».

Village de la Renaissance, village Lumane Casimir: ces deux grands projets devaient démontrer combien il était possible de reconstruire Port-au-Prince, au lendemain du tremblement de terre dévastateur du mardi 12 janvier 2010.

Ces projets étaient tellement emblématiques que les deux chantiers furent inaugurés par le président de la république d’alors, Joseph Michel Martelly, et William Jefferson (Bill) Clinton, l’ancien président étasunien, nommé par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) co-président (avec le premier ministre d’alors Joseph Jean Max Bellerive) de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (Cirh).

A travers ces projets, il s’agissait aussi de préfigurer la grande agglomération de Port-au-Prince, de construire bien et vite, pour loger, dans de bonnes conditions, les familles sinistrées. Avec plus d’1 million 300 mille personnes sans-abris, le séisme du 12 janvier 2010 venait de tuer plus de 300,000 personnes, de détruire ou endommager plus de 172,000 logements.

A Port-au-Prince, plus de 200,000 personnes déplacées croupissaient encore dans les camps ou dans trois grandes nouvelles agglomérations anarchiques (à partir d’août 2010), appelées Canaan, Jérusalem et Onaville (dans l’axe nord/nord-est de la capitale).

Des constructions inachevées de Lumane Casimir.

Dix ans plus tard, en 2020, les deux villages restent encore inachevés, isolés, comme abandonnés par les autorités. Les infrastructures essentielles manquent toujours.

Des dizaines de millions de dollars américains (Ndlr: US $ 1.00 = 96.00 gourdes; 1 euro = 111.00 gourdes; 1 peso dominicain = 2.00 gourdes aujourd’hui) ont été dépensés pour leur aménagement, alors que des soupçons de corruption et de détournement de fonds ont été relevés dans deux rapports (rendus publics en janvier et mai 2019) de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) d’Haïti.

Le village de la Renaissance avait été baptisé «projet 400 %», soit «400 maisons en 100 jours».

Inauguré, le 27 février 2012, par Martelly, il a été réalisé grâce à une subvention de 30 millions de dollars américains de la Banque interaméricaine de développement (Bid). Étaient aussi prévus trois kilomètres de routes, un système d’adduction d’eau potable, des réseaux électriques, des lampadaires, un terrain de basketball et une place publique, détaillait, le 8 janvier 2013, un article du consortium Ayiti kale Je.

Force est de constater que très peu de ces promesses ont été réalisées à date (janvier 2020).

Mini-parc du village Lumane Casimir.

Le village Lumane Casimir était un projet encore plus ambitieux. Pour un montant de 44 millions de dollars américains, ledit projet prévoyait la construction de 3,000 logements modernes, dotés d’eau courante, d’électricité, de toilettes et d’installations sanitaires décentes, des rues pavées, des trottoirs…

Dans les deux cas, les habitantes et habitants ont très vite déchanté.

Il y a d’abord l’isolement.

L’éloignement du centre de Port-au-Prince est un handicap majeur pour les personnes les plus démunies. Dépourvus de moyens de déplacement, la plupart des habitantes et habitants doivent «payer jusqu’à 35.00 gourdes pour se rendre en ville», raconte Elvire Nelson, une jeune femme de 25 ans, qui habite au village Zoranje, depuis sa construction.

De plus, la majorité des habitantes et habitants sont sans emploi. Certaines et certains se débrouillent dans des activités de petit commerce. Très peu travaillent dans des institutions étatiques ou dans les usines textiles, au Parc industriel métropolitain de Port-au-Prince, de la Société nationale des parcs industriels (Sonapi).

Au village Lumane Casimir, inauguré en mai 2013, les habitantes et habitants sont aussi confrontés à des difficultés d’approvisionnement en différents biens essentiels.

Ils doivent payer jusqu’à 80.00 gourdes aller-retour, pour se rendre en ville et revenir de Port-au-Prince.

Insatisfactions des habitantes et habitants du projet 400%

Ce matin-là, sous un soleil de plomb, des habitantes et habitants du village de Zoranje sont déjà partis travailler. D’autres se sont installés devant leurs maisonnettes. Des enfants jouent tranquillement dans les rues.

Le village a été installé au milieu de champs abandonnés. Des bosquets de fleurs entourent les maisons, bien entretenues et peintes de plusieurs couleurs.

Mais, derrière ces belles images, les familles vulnérables sont privées d’accès aux services sociaux de base: centres de santé, eau potable et électricité, entre autres.

«Nous voulons que quelque chose change dans la zone», exprime Madona Borgella, 17 ans, contrainte, dit-elle, de parcourir plusieurs kilomètres, sur des routes boueuses, un récipient sur la tête, pour pouvoir s’approvisionner en eau.

«La situation, que nous vivons, n’est pas acceptable. La mauvaise qualité de l’eau achetée nous donne des grattelles et infections, particulièrement au niveau de notre partie génitale», se plaint Madona Borgella, qui appelle les autorités à rendre l’eau potable accessible à toute la population.

Les conditions de vie de la population ne cessent point de se dégrader, à cause du manque d’infrastructures sanitaires dans la zone, ajoute Junior Ostin, ancien président du projet 400% au village de la Renaissance, réparti en sept blocs respectifs, dénommés Préval, Chavez, Aristide, Cubain, Expo, Day et Martelly.

«Les gens, qui habitent au Village de la Renaissance, depuis presque 10 ans, vivent dans des conditions précaires. L’État a remis aux habitantes et habitants les maisons, pour lesquelles ils ont l’obligation de payer 2 mille gourdes chaque mois, alors que les gens ont de grandes difficultés pour obtenir de l’eau potable pour la consommation».

Malgré l’installation d’une grande citerne, depuis plusieurs années, l’eau a toujours du mal à couler dans les robinets de ces gens.

Les autorités n’ont pas respecté les principes de base du contrat, qu’elles avaient préalablement signé avec leurs locataires. L’État doit venir en aide à la population abandonnée, souhaite Junior Ostin.

Plusieurs habitantes et habitants de la zone sont tombés malades, à cause de l’eau qui serait contaminée.

Il n’existe aucun centre de santé pour les soins d’urgence. Les habitantes et habitants sont obligés de se rendre à l’hôpital Saint Camille, situé dans la zone de Marin, se plaint Junior Ostin.

Un village dénaturé par les habitantes et habitants

L’ingénieur Borgella Euzèbre a travaillé à la construction de ces logements sociaux, pour le compte du Fonds d’assistance économique et sociale (Faes). Lui aussi déplore le fait que la construction d’un centre de santé n’ait jamais vu le jour.

«Sept ans après la construction, la situation tend à empirer, tant le village a perdu de sa beauté. Immédiatement après être entrés dans les maisons, les habitantes et habitants ont fait des aménagements, qui ont dénaturé la beauté du Village», fulmine-t-il.

L’ingénieur critique des constructions parallèles, faites par les habitants pour agrandir des maisons, parfois trop petites pour accueillir tous les membres d’une famille.

«Un terrain dans la zone a été réservé pour faire un magasin communautaire, qui n’a jamais vu le jour. A la place, ont été installés des espaces de jeux pour enfants. Le projet a été inauguré prématurément par le président Joseph Michel Martelly, qui s’est empressé de livrer les logements aux milliers de personnes, qui vivaient sous des tentes à cette époque», explique l’ancien cadre du Faes.

Assis devant sa maison, à Zoranje, Borgella Euzèbre dit regretter les difficultés, auxquelles sont confrontés les habitantes et habitants pour s’approvisionner en eau.

Faute d’entretien et d’aménagement approprié, un forage, fait dans la zone par le Faes, ne sert à rien. Les démarches, menées auprès des instances compétentes, pour alimenter la zone en eau, sont restées vaines.

Au village Lumane Casimir, une population abandonnée

Autre village censé être modèle, Village Lumane Casimir.

Wilson Jusmé y vit depuis plusieurs années.

«La situation est très précaire», dit-il.

«Depuis la remise des clefs aux habitantes et habitants du Village, toutes les instances étatiques nous ont abandonnés. Les problèmes s’accumulent: insécurité, absence de courant électrique public, pas de système d’adduction d’eau potable …».

Ce sont les habitantes et habitants, qui s’organisent entre eux pour gérer le village et veiller à leur sécurité. Ils sont livrés à eux-mêmes, au milieu de terrains arides et isolés, ajoute-t-il.

«Un grand réservoir, installé à l’entrée du village, devait distribuer l’eau potable. Il n’a jamais été opérationnel», montre-t-il.

La zone n’a pas de centre de santé, encore moins de sous-commissariat de police.

Selon elle, plus d’une centaine d’enfants vulnérables y vivent dans des conditions très précaires.

Que dire du programme de fonds PetroCaribe?

Selon le projet initial de mai 2001, 22 millions de dollars américains devaient être transférés, du programme PetroCaribe d’aide vénézuélienne à Haïti, pour la construction de 1,500 maisons et d’infrastructures.

Le groupe de BTP Hadom, propriété du sénateur de la République Dominicaine Félix Bautista, a emporté le marché. Selon le journal Le Nouvelliste, 1,280 logements ont été livrés, puis le chantier a été abandonné. Des poursuites judiciaires ont été engagées, sans succès, en République Dominicaine, contre le sénateur et magnat de la construction.

Pour la rénovation urbaine et le développement du village à Morne à Cabris, une autre somme de près de 27 millions de dollars américains a été débloquée. Dans un rapport d’audit, rendu public en mai 2019, la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) pointe douze contrats, passés de gré à gré, par l’Uclbp, avec des firmes ou des particuliers, ouvrant ainsi la possibilité de surfacturation et de détournements.

«Dans certains cas, c’est permis par la loi, et donc ce n’est pas toujours une faute. L’Uclbp n’a rien à cacher. Elle dispose de toutes les pièces justificatives de sa gestion», souligne l’ancien directeur de l’Uclbp, Harry Adam, contacté sur ces contrats, qui ont été signés durant son administration.

En outre, sur une autre somme de 10 millions dollars américains, qui devait être versée, en 2013, à l’Uclbp, seuls 5 millions l’ont été, relève la Cscca.

Les enquêteurs de la Cscca relèvent bien d’autres irrégularités, dont trois contrats de près de 9 millions de gourdes et de 14,000 dollars américains, conclus avec une consultante Marie Franconette Prussien.

Interrogée à ce sujet, la consultante a répondu que son travail était achevé et qu’elle n’avait pas le droit de s’expliquer sur ces contrats.

Même cas de figure, pour le directeur général de l’Uclbp, Clément Bélizaire, qui dit attendre l’autorisation de son ministère de tutelle pour s’exprimer.

Lemoine Bonneau, responsable de communication à la Cscca, défend le travail de la Cour des comptes.

Des ministres et des premiers ministres ont signé ces contrats, malgré les nombreuses irrégularités constatées. La Cscca transmettra son rapport au sénat qui, lui, l’enverra au parquet du tribunal civil de Port-au-Prince, dit-il.

«Le tribunal de la Cour des comptes se réunira pour regarder toutes les données», explique Lemoine Bonneau.

«Pour les autres hauts fonctionnaires de l’Etat, qui ont participé au gaspillage de ces fonds, avant même d’engager des poursuites pénales, il faudra que la Cscca les mette en débet». Ce n’est qu’ensuite que le parquet, s’il est saisi, décidera d’éventuelles poursuites pénales.

Le procès de la gabegie et de la corruption, qui ont accompagné la reconstruction post-séisme du 12 janvier 2010, n’est pas encore pour demain. [jep rc apr 10/01/2020 17:00]

* Reportage réalisé par AlterPresse et AlterRadio, avec l’appui de la Fondasyon konesans ak libète (Fokal), dans le cadre de l’appel d’enquêtes et grands reportages pour les 10 ans du séisme

Haïti : les tremblements de la mémoire

Fils-Lien Ely Thélot

Publié le 2020-01-08 | Le Nouvelliste

De la tectonique des plaques aux tremblements de l’âme

Le propos ici consiste à dire qu’au cœur de toutes les tragédies haïtiennes, on retrouve l’incapacité collective en matière de gestion mémorielle. Les marqueurs de la mémoire, tels les monuments commémoratifs, les mémoriaux, les musées, les stèles, les dates historiques, au lieu de contribuer au renforcement de la cohésion sociale, sont tantôt placés en marge – et même en déconnexion – de notre existence quotidienne, tantôt instrumentalisés à des fins de chantage politique circonstanciel. Il n’y a pas plus asséchant pour les symboles au fondement du vivre-ensemble, ni plus handicapant pour l’épanouissement d’une âme nationale et la continuité de l’État. Il s’agit là d’une véritable dissonance mémorielle et le rapport que nous avons développé avec la catastrophe du 12 janvier 2010 en est emblématique.

Voilà déjà dix ans que la catastrophe naturelle la plus meurtrière de toute l’histoire des temps modernes avait plongé Haïti dans un chaos innommable où, sous les décombres hurlant de frayeurs et au creux d’une interminable poussière apocalyptique, la souffrance humaine trébuchait de cadavre en cadavre dans l’ère métropolitaine de Port-au-Prince et quelques autres villes. Plus de trois cent mille morts et autant de personnes blessées, estropiées. Environ un million trois cent mille victimes se sont retrouvées soudainement sans logement, placées sous des tentes et dans des abris provisoires. Plus de cent cinquante mille résidences ont été complètement détruites. En moins d’une minute, les pertes matérielles enregistrées ont été évaluées à 120% du produit intérieur brut du pays pour l’année fiscale 2008-2009 et tous les symboles de la République se sont effondrés: le palais présidentiel, le palais législatif, le palais de justice, la Direction générale des impôts (DGI), etc. Incontestablement l’avènement du séisme du 12 janvier 2010 constitue un moment lourd de sens dans notre histoire nationale. Jamais notre communauté n’a été si ébranlée et n'a autant pleuré de douleurs. Chaque famille avait au moins un proche disparu. Chaque voisin avait un deuil à faire. Tout un peuple tremblait dans l’âme en écho à la tectonique des plaques, face à l’horreur des fosses communes,  pris de cours par un double sentiment d’impuissance et d’insignifiance.

Sur le coup, nous ne savions pas comment nommer le phénomène. Que s’est-il donc passé pour qu’il soit oblitéré de notre mémoire le fait que ce territoire que nous habitons depuis plus de cinq siècles représente l’un des plus vulnérables aux risques géophysiques (Claude Prépetit, 2016)? Une décennie plus tard, qu’est-ce qui a été fait pour éviter que la mémoire de ce drame ne s’estompe point avec la montée de la nouvelle génération et que surtout l’on compte moins de victimes lorsque surviendra le prochain séisme?

Avons-nous un devoir de mémoire envers les victimes du séisme ?

Ils avaient un visage. Ils avaient une histoire. Ils avaient une vie. En l’espace d’un cillement, ils ont été fauchés par le séisme. Ils ont été tués parce que nos maçons et nos  ingénieurs avaient construit des habitats dans l’irrespect des normes parasismiques et des règles de sécurité d’un établissement recevant du public. Ils sont morts parce que nos enseignants, nos responsables d’université ne leur avaient inculqué aucune culture du risque ni appris les gestes qui sauvent. Ils nous ont été brutalement enlevés ce jour-là parce que nos autorités politiques n’avaient point conçu ni mis en place une politique nationale d’aménagement du territoire. En vérité, ils n’ont pas été tués par le séisme. Ils ont été assassinés par les irresponsabilités des uns, les inconséquences des autres, la complicité de nous tous.

Oui, nous avons un devoir de mémoire envers ces victimes du séisme. Cela répond à une triple nécessité, comme l’a fait remarquer Paul Ricœur ''La mémoire, l’histoire, l’oubli, 2000''. Il s’agit en tout premier lieu de satisfaire ce besoin que nous éprouvons de procéder à l’exorcisme de nous-mêmes face aux traumatismes causés par les horreurs du 12 janvier 2010 et la disparition de ces êtres qui nous sont chers. Cela renvoie en second lieu à un impératif de justice : en célébrant dignement le souvenir des victimes du séisme, nous leur rendons une certaine justice en rappelant aux coupables la monstruosité de leurs petitesses et le poids de leurs manquements. En troisième lieu, il s’agit de payer notre dette envers elles, celle qui consiste à porter dans l’histoire vivante la trace scripturaire de leurs malheurs, de sorte que cela ne se reproduise plus.

Mais ces milliers de victimes ne sont pas les premières causées par l’avènement des séismes en Haïti. Le 27 octobre 1952, la ville d’Anse-à-Veau a été ravagée par un séisme qui a causé des milliers de victimes restées sans abri. Le 23 septembre 1887, la ville de Port-de-Paix a été frappée par un tremblement de terre qui détruisit, entre autres, la cathédrale. Le 7 mai 1842, un séisme accompagné d’un raz-de-marée détruisit la ville du Cap-Haïtien et ses environs. Dantès Bellegarde ''La nation haïtienne, 1938'' parle de dix mille victimes ensevelies sous les décombres de la métropole du Nord. Dans sa « Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’isle de Saint-Domingue », Moreau de Saint-Mery (1958) parle également des séismes ayant frappé Haïti dont les deux qui avaient causé d’importants dégâts et des pertes énormes en vie humaine à Port-au-Prince en 1770 et 1751.

Il existe donc une longue histoire de tremblements de terre en Haïti. Pourtant, on en retrouve très peu de traces dans la mémoire collective. Le mot «goudougoudou» a pris naissance en janvier 2010. Avant cette date, il n’existait aucun mot créole pour désigner le phénomène et une proportion très négligeable d’Haïtiens savait que le territoire national était traversé par des failles sismiques accumulant des énergies pouvant être libérées à tout moment de manière imprévisible pour les hommes.

Dans toutes ces villes haïtiennes qui ont été détruites par des tremblements de terre avant le 12 janvier 2010, on ne retrouve aucune trace mémorielle dressée en souvenir des victimes. Aucun travail de mémoire n’a été entrepris par les populations locales affectées et les descendants des victimes. Aucun cadre social de la mémoire n’a été institué à leur intention, au sens que l’entend Maurice Halbwachs (Les cadres sociaux de la mémoire, 1994). Nous nous sommes dérobés à notre devoir de mémoire envers les victimes des tremblements de terre et ce faisant, nous nous sommes condamnés à subir les mêmes sorts qu’elles, faute de conscientisation et de mesures préventives.

Cette dissonance mémorielle qui nous fait rater nos rendez-vous avec l’histoire

Tous les éléments sont là pour indiquer que nous sommes un peuple avec d’importantes difficultés à effectuer le travail de mémoire qui nous incombe envers les héros, les martyrs et les victimes. Le pire, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’oubli, ni d’ignorance, ni de refus assumé de célébration. Mais de ce que je qualifie ici de dissonance mémorielle. En effet, la société haïtienne vit une situation de dissonance mémorielle qui désignerait cette déconnexion en permanence entre les souvenirs du passé portés – célébrés même – par ses membres et l’ensemble des actions décisives à partir desquelles ces derniers s’approprient leur présent. Cette dissonance mémorielle induit le fait que systématiquement nous rations les rendez-vous les plus importants de notre histoire nationale. La célébration du bicentenaire de notre indépendance en 2004 a été un échec sur fond de crise politique. Le centenaire de notre indépendance, en 1904,  n’a pas été commémoré dans la dignité ni la décence et les déchirements de cette période ont ouvert la voie à l’occupation américaine d’Haïti.  Le 28 juillet 2015 a ramené le centenaire de l’occupation américaine d’Haïti survenue sur fond de massacres et de pillages. Y a-t-il eu une célébration officielle de cette date ? Nos autorités politiques ont-elles prononcé une parole publique pour marquer la mémoire et alimenter la réflexion sur les effets néfastes de cette occupation?

Si l'on devait les énumérer tous, la liste haïtienne des rendez-vous ratés avec l’histoire serait bien trop longue. Ceci est caractéristique de la tendance chez l’Haïtien et l’Haïtienne à vouloir se composer une mémoire en petites coupures. Qu’il se souvienne ou qu’il oublie les faits historiques, l’enjeu pour lui est ailleurs: arriver à trouver un sens à son présent sans se laisser écraser par les nombreux et lourds devoirs de mémoire non accomplis laissés en héritage par les générations antérieures. Voilà l’une des sources du perpétuel recommencement de la société haïtienne, de l’hégémonie du provisoire. Voilà pourquoi la société haïtienne se retrouve, à chaque nouvelle génération, à nager en eaux troubles, engluée dans sa dissonance mémorielle.

Nous savons tous que cette année consacre la première décennie de l’avènement de ce séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Nous savons également que la commémoration de cette date aura été en-deçà de notre devoir de mémoire envers les victimes. Nous aurons, vu l’état méprisable du mémorial de Saint-Christophe dédié aux victimes du séisme et nous n’aurons même pas eu honte. Nous n’aurons même pas été indignés! Parce que nous aurons été écrasés par d’autres urgences: celles de la survie quotidienne. Parce que nous aurons été tenaillés par la faim et la soif; parce que nous aurons été angoissés par le chômage et la vie chère, parce que nous aurons été timorés par l’insécurité et l’insalubrité; parce que nous aurons été dégoûtés par la gouvernance politique, nous n’aurons même pas prêté une quelconque attention au mémorial érigé sur le site du cimetière de Port-au-Prince, ni à celui du parc de Martissant, encore moins à celui de la Banque de la République d’Haïti (BRH).

Nous nous dirons encore une fois que pour le moment il est plus urgent de se battre afin que les générations futures puissent accomplir dignement ce devoir de mémoire que nous choisissons de négliger. Mais quand donc comprendrons-nous que la mémoire représente une construction permanente pour laquelle chaque pierre importe et contre laquelle la moindre négligence est dévastatrice?

* * *

10 ans après, l'HUEH est en lambeaux

Edrid St Juste

Publié le 2020-01-08 | Le Nouvelliste

La figure emblématique du système sanitaire du pays est en lambeaux, 10 ans après le tremblement de terre de 2010. L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) va mal alors que les travaux de sa reconstruction qui devaient s’achever depuis 2017 sont à l’arrêt. Sur le chantier, à la place des ouvriers, ce sont des herbes sauvages et des rongeurs qui montent la garde.

La fiche technique du projet de reconstruction de l’hôpital est presque illisible à la rue Monseigneur Guilloux. Elle est terne comme le chantier où sont érigés deux sites de bâtiments. C’est le calme plat depuis sept mois. Les travaux, pour une énième fois, sont interrompus.  À la place des ouvriers, des herbes sauvages et des rongeurs occupent le chantier. La poussière surplombe les persiennes ainsi que le matériel qui y est entreposé. «Je n’ai pas la date exacte de la finition des travaux. Ils sont à 85% achevés», a confié la directrice exécutive de l’HUEH, le Dr Jessy Colimon Adrien, qui n’était pas en mesure de fournir d’autres détails concernant les raisons de la fermeture du chantier.

Au niveau du Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), aucune autorité ne pouvait fournir de plus amples informations sur l’arrêt des travaux. «Moi non plus, je n’ai trouvé personne qui pouvait me dire de quoi il s’agit», a indiqué le président du syndicat des travailleurs de santé à l’HUEH, Lebien Joseph, qui croit que  les travaux ont été interrompus faute de financement. «Les résultats de ma petite enquête ont révélé que l’État semble, n’a pas décaissé les fonds promis», a ajouté M. Joseph, affirmant que certaines personnes se sont déportées du projet.

Le journal n’a pas pu confirmer ces allégations malgré ses multiples tentatives pour contacter les responsables concernés dont ceux de l’Unité technique d’exécution (UTE), maître d’ouvrage. L’ingénieur Reynold Pauyo, directeur de l’Unité technique d’exécution (UTE), lors d’un entretien au journal, avait expliqué que l’État haïtien devrait débourser un surplus pour compenser le retard accumulé dans les travaux.

Après sept mois, le maître d’ouvrage cherche un coordonnateur de projet

Si aucune information ne filtre sur les raisons de l’interruption des travaux, l’UTE a annoncé qu’elle  recrute un consultant pour le poste de coordonnateur de projet HUEH. «En raison de la complexité du projet, de la nécessité de tenir compte des exigences et des besoins techniques du maître d’ouvrage, et de la spécificité des différents objectifs à atteindre, l’Unité technique d’exécution (UTE), maître d’ouvrage délégué pour la mise en œuvre du projet, décide de recruter un consultant qui aura la charge exclusive d’assurer le suivi du projet», lit-on dans un document de sélection posté sur le site officiel de l’UTE le 2 décembre 2019.

Sous la responsabilité générale du directeur exécutif de l’UTE et la supervision directe du directeur technique de l’UTE, le coordonnateur de projet assure le suivi de toutes les activités relatives à la reconstruction et à l’équipement de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti. Il est l’interlocuteur direct de l’agent de liaison du MSPP avec l’UTE et travaille en étroite collaboration avec les bailleurs (USAID et AFD) et le chef de mission de la Société d’appui technique.

Six ans après le démarrage des travaux, la reconstruction du plus grand centre médical et de formation de médecins du pays traine sans soulever trop d’interrogations. Pour Josette Bijou, ancienne ministre de la Santé publique, cet état de fait «est un exemple de plus justifiant que la santé n’est pas la priorité de nos dirigeants». Les conditions dans lesquelles les médecins sont formés à l’HUEH interpellent la ministre. «Aucune condition n’est réunie ni pour prodiguer des soins ni pour former nos médecins», a déclaré Josette Bijou, rappelant que dans le temps l’hôpital communément appelé général remplissait sa mission comme hôpital de référence du pays. La situation est déplorable, juge le médecin.

L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, principal établissement hospitalier du pays, a été détruit à plus de 50 % lors du séisme de 2010. La France et les États-Unis ont octroyé chacun 25 millions de dollars  américains pour construire un hôpital pluridisciplinaire de haut niveau. L’État haïtien a apporté une enveloppe de 33 millions de dollars américains.

* * *

Nos maisons sont des «armes de destruction massive»

Newdeskarl Saint Fleur

Publié le 2020-01-07 | Le Nouvelliste

En réalité, un séisme n’a jamais tué personne. Ce sont les masses de béton qui tuent. Après chaque séisme dévastateur, les ingénieurs de la reconstruction se posent deux questions cruciales:1) pourquoi toutes ces structures se sont-elles effondrées ? ; 2)  à quelles accélérations du sol les nouvelles constructions seront-elles exposées (1)? Après le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti, plusieurs ingénieurs, architectes et géologues ont analysé les bâtiments et les pratiques de construire pour essayer de comprendre ce désastre.

L’un des premiers constats venait de l’éminent professeur de l’Université de Colorado Roger Bilham qui affirmait que la raison du désastre était claire dans les décombres. «Toutes les erreurs possibles étaient évidentes: acier fragile, agrégats grossiers non angulaires, ciment faible mélangé avec du sable impur ou salé, et la terminaison systématique des armatures au niveau des joints entre les colonnes et les étages des bâtiments où les contraintes sismiques sont les plus importantes», a rapporté le géologue dans une publication (2). Aucune règle de base n’a été respectée. «Les bâtiments avaient été condamnés au moment de leur construction», a-t-il poursuivi.

Formation non adaptée

En étudiant les bâtiments endommagés après le 12 janvier 2010, l’architecte Joël Audefroy a remarqué que les constructions traditionnelles montraient souvent une meilleure résilience aux séismes que les bâtiments construits avec des matériaux modernes (3). Toutefois, les rares maçons et contremaîtres formés en constructions traditionnelles subissent la pression de la modernité. Le temps évolue comme on dit, les propriétaires veulent des constructions modernes. On ne peut pas donner ce qu’on n’a pas. Ces professionnels utilisent leurs connaissances et techniques traditionnelles pour des constructions modernes. Ils construisent avec des matériaux et des techniques qu’ils ne maîtrisent pas.

Cette étude souligne la nécessité de mieux comprendre et de tirer parti des connaissances traditionnelles tout en reconnaissant que ces connaissances doivent évoluer et innover. Cela comprend, le cas échéant, l'utilisation de techniques et de matériaux modernes pour aider à réhabiliter les structures traditionnelles et ainsi combiner sécurité et préservation de notre riche patrimoine architectural.

Problème économique et absence des autorités

Après le séisme, plusieurs campagnes de formation des maçons ont été mises sur pied. Des formations sur les constructions sûres sont inscrites dans tous les projets résilience des ONG et des agences des Nations unies. Cependant, Kijewski-Correa et ses collaborateurs vont constater que la formation des maçons ne suffisait pas (4). Les constructions vont faire face au manque de moyens des propriétaires. Ils ne peuvent ni engager des ingénieurs ni se payer les bons matériaux nécessaires à une bonne construction. Le maçon, bien que formé, est obligé de s’y adapter. Mezi lajan w mezi wanga w !

Ces scientifiques ont même donné l’exemple d’une maison qui s'est complètement écroulée à Léogâne lors du séisme. Dès le mois d’août 2010, la maison était en reconstruction par un contremaître formé aux principes de construction parasismique. En décembre 2011, la maison était reconstruite avec un étage supplémentaire par les mêmes méthodes ayant créé la vulnérabilité originelle.

On pourrait se dire qu’au lieu d’un étage supplémentaire, ce propriétaire aurait pu se contenter d’un seul niveau, mais bien construit avec de bons matériaux. Parce que les maçons, les propriétaires aussi, ont besoin d’être éduqués.

Un autre triste constat fait par cette équipe de chercheurs. Après le tremblement de terre de 2010, ils ont vu des gens draguer des matériaux tels que du fer et des blocs dans les décombres pour construire ou reconstruire leurs propres maisons. Les mêmes mauvais matériaux qui sont à l’origine des dégâts.

Mauvaises pratiques tout simplement

McWilliams et Griffin (5) ont constaté que la construction de bâtiments récents en Haïti, et en particulier ceux qui ont été sévèrement endommagés lors du séisme de 2010, ont tous été construits avec un mauvais mélange de béton. Lors du malaxage du béton, les constructeurs utilisaient la plus mauvaise qualité de sable pour le béton et économisaient le meilleur sable pour le stuc extérieur des bâtiments. On peut se demander d’où vient cette pratique. Difficile de trouver une explication rationnelle, mais nos maçons procèdent ainsi. Ils conservent le meilleur matériau pour l’extérieur, pour faire beau en négligeant les poteaux, la structure.

Corruption

Quand on voit comment l’État laisse les habitants se «démêler», une question surgit souvent: Pourquoi l’État n’investit pas dans des logements sociaux? S'il prenait cela en main, on aurait une chance d’avoir des constructions sérieuses.

Ne rêvez pas trop vite. Le rapport de la Cour supérieure des comptes sur le fonds PetroCaribe nous a renseignés sur la manière dont certains contrats ont été attribués. Très peu d’importance a été accordée à la capacité des firmes sélectionnées. On a donc aucune garantie que ces logements sociaux seraient biens construits. Ici, ils sont nombreux à vouloir dépecer les projets, du plus haut fonctionnaire au pelleteur. Il ne reste plus d’argent pour la qualité et la sécurité.

Le séisme du 12 janvier 2010 a fait 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,5 million de sans-abri. Quand on voit les pratiques de construction révélées par ces chercheurs et l’absence de surveillance de l’État, on comprend mieux pourquoi ces constructions ont agi comme des « armes de destruction massive ». Aujourd’hui encore, la situation ne s’est pas améliorée. Pour un séisme similaire à celui de 2010, doit-on s’attendre à un pire bilan?

  1. Bilham, R., & Gaur, V. (2013), Buildings as weapons of mass destruction, Science, 341(6146), 618-619.
  2. Bilham, R. (2010), Lessons from the Haiti earthquake, Nature, 463(7283), 878.
  3. Audefroy, J. F. (2011), Haiti: post-earthquake lessons learned from traditional construction, Environment and Urbanization, 23(2), 447-462.
  4. Kijewski-Correa, T., Taflanidis, A. A., Mix, D., & Kavanagh, R. (2012). Empowerment model for sustainable residential reconstruction in Léogâne, Haiti, after the January 2010 earthquake, Leadership and Management in Engineering, 12(4), 271-287.
  5. McWilliams, H., & Griffin, C. T. (2013), A critical assessment of concrete and masonry structures for reconstruction after seismic events in developing countries. Department of Architecture, Portland State University, Portland, Oregon, United States.

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Devant des députés en larmes, Dominique Anglade a livré un vibrant hommage à ses parents, fauchés par le terrible séisme qui a frappé Haïti il y a près de 10 ans, et sur la nécessité de se relever après avoir vécu pareil drame.

«Malgré la douleur, malgré la peine, malgré la souffrance, il reste encore cette volonté de bâtir des quotidiens qui ressemblent à nos rêves», a lancé l’élue libérale jeudi au salon bleu de l’Assemblée nationale (Québec). Elle citait une lettre que son père a écrite à sa mère l’année de sa naissance. Prisonnier politique, il s’était exilé au Québec dans les années 1960.

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Suisse. La Chaîne du Bonheur soutien toujours la reconstruction de Haïti.

Le grand tremblement de terre de 2010 en Haïti a coûté la vie à plus de 230’000 personnes. De nombreuses organisations ont apporté une aide d’urgence. Dix ans plus tard, des associations locales profitent toujours de l’aide et des connaissances qui leur ont été transmises par des ONG étrangères, dont Handicap International Suisse qui maintient cet effort grâce à l’appui financier de la Chaîne Bonheur. Reportage Mitja Rietbrock. - La Chaîne du Bonheur s'est montrée satisfaite, lundi, des effets de l'aide financière qu'elle a apportée aux Haïtiens après le séisme qui a ravagé leur pays, en 2010. La construction ou la remise en état de maisons a été particulièrement appréciée par les habitants. - Helvetas Haiti: En Haïti, la vulnérabilité environnementale et les inégalités sociales constituent de sérieux défis pour l’Etat haïtien. Pour accompagner l’amélioration de la résilience des populations, Helvetas et ses partenaires supportent le renforcement des structures locales existantes et de leurs interactions, pour promouvoir l’accès à des services de qualité pour toutes les familles, le développement économique local et la cohésion sociale. Le renforcement des acteurs locaux est au centre de toutes nos interventions et approches. La population et ses institutions sont renforcées dans leurs compétences techniques et dans leurs rôles respectifs, en vue de la gestion non conflictuelle du territoire et la fourniture de services durables aux groupes sociaux vulnérables.

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A l'occasion du dixième anniversaire du tremblement de terre en Haïti...

Guy Cayemite

Mieux vaut vivre la seconde et se taire...
Quand s'ouvrira encore la terre,
personne ne sait ni le jour ni l’heure, ...
L'avenir de plus en plus un leurre
semble n'avoir aucun droit...
Et depuis un peuple ayant faim,
les gouffres de l'enfer et de la fin
encore côtoyant d'un doigt …
Le jour où le malheur du séisme sombre,
Il reste partout le spectre sombre,
bien que le pays se recouvre pas à pas...
Jamais ils n'oublieront pas
ce désastre, certains encore disant,
cette année, déjà dix ans...

Cette année déjà dix ans
le désastre, certains encore disant
que jamais ils ne l'oublieront pas...
Bien que le pays se recouvre pas à pas
il reste partout le spectre sombre
du jour où le malheur du séisme sombre
encore côtoyant d'un doigt
les gouffres de l'enfer et de la fin...
Et depuis un peuple ayant faim
semble n'avoir aucun droit,
l’avenir de plus en plus un leurre...
Personne ne sait ni le jour ni l'heure
quand s'ouvrira encore la terre,
mieux vaut vivre la seconde et se taire...

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Cela fait exactement dix ans
que ce tremblement de terre
a frappé de toute sa fureur
notre pays jusqu'à l'horreur...
Notre fameux palais national
ainsi que la grande cathédrale
de la ville de Port au Prince
ont été au ras du sol détruits...
Bien que comme des princes
ils vivent, rien n-a été reconstruit...
Ils ont préféré à ce jour se taire
comme s'ils voulaient dire "vous en'
Et le peuple du bon Dieu bon prie
le chapelet à la main le rosaire
alors qu'augmentent les prix
du 'fôk se li' et sa litanie de misère..

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