Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Grand entretien
avec Hector Poullet

Par

Le-creole.com

 

Version originelle en créole

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cascade de Sofaia (Sainte-Rose). Photo F.Palli.

Hector Poullet

L'entretien a eu lieu en créole, à Paris, le 27 octobre 2012, à l'occasion des journées internationales des créoles, dont il était le parrain, avec Firmine Richard.

Le-creole.com: Je vous remercie pour cet entretien. Je sais que vous êtes ici depuis plusieurs jours, comment se passe votre séjour?

Hector Poullet: Cela se passe bien. Je suis venu suite à une invitation. Tony Mango et Nogassien m'ont invité et m'ont proposé d'être le parrain des journées internationales des créoles. En tant que parrain, avec Firmine Richard, je me dois d'être un peu partout, mais cela se passe bien. Nous sommes passés dans les classes [Tony Mango dirige une école de créole à Créteil], nous avons discuté avec les élèves, ils sont venus ici [aux journées internationales des créoles], Beaucoup d'échanges.

Monsieur Poullet, où avez-vous grandi?

Où ai-je grandi? Mon ami, ça va être difficile, je vais t'expliquer: mes parents étaient enseignants, mon père était un instituteur exigeant. Il voulait que les maires respectent les enseignants. A cette époque, les maires avaient leur mot à dire dans le domaine de l'éducation car ils finançaient les écoles. Quand mon père arrivait quelque part, après un certain temps, ils disaient: ah non, envoyez-le ailleurs, envoyez-le ailleurs. C’est ainsi qu’ils demandaient aux inspecteurs de l'Education Nationale de déplacer mon père.

Je suis né à Anse-Bertrand, j'ai été à l'école pour la première fois à Sainte-Rose. Puis, nous sommes revenus à Anse-Bertrand. Puis, j'ai été à Port-Louis, Pointe-Noire, Trois-Rivières, Vieux-Habitants, Marie-Galante, L'étang noir, Capesterre, Grand-Bourg.

A onze ans, je suis revenu à Port-Louis, à douze ans, j'étais à Paris, car nous sommes partis en congé administratif en 1952. 1952-1954, j'étais à Paris, j'y étais en 5e et 4e. Je suis revenu en Guadeloupe lors de la grande grève des enseignants, celle qui a duré longtemps.

En quelle année?

En 1954. La grande grève suite à laquelle les enseignants ont obtenu les 40 %. C’était la grève des 40 %, la fameuse grève qui a duré trois mois. Puis je suis rentré au lycée Carnot. Donc, tu vois, j’ai grandi un peu partout. Mon père est de Trois-Rivières, et ma mère de Port-Louis. Donc, je suis des deux côtés de la Rivière Salée. D’un côté, une culture de petit paysan pauvre, mais blanc. De l’autre côté, on peut parler de classe bourgeoise, car ils étaient cadres à l’usine de Beauport. Je suis vraiment de toutes les classes.

Ainsi, j’ai grandi dans un milieu qui me fais rejeter les barrières: les barrières entre les races, les barrières de couleur, de niveau social.

A la maison, on ne parlait pas créole, mais dès la sortie de l ‘école, j’allais chercher à manger pour les lapins, j’allais à la pêche, j’allais cueillir des mangues, déterrer des crabes. Nous avons déterré des quantités énormes de crabes à Port-Louis. Nous allions poser des pièges pour attraper des ortolans. J’ai appris mon pays et j’ai appris que l’on pouvait apprécier des personnes quel que soit leur niveau. Que ce soit la classe sociale, la couleur, la religion, je passe par dessus tout cela.

J’ai la même attitude, avec toi, ou bien, Hollande arriverait là, maintenant, cela n’aurait fait aucune différence. Pour moi, il n’y a pas de grand, de petit, tout cela, c’est de la bêtise. Dès qu’on me met des barrières, je me sens mal. Dès qu’on m’oblige à prendre tel chemin, je ne suis pas d’accord. Je suis pour la liberté de chacun.

Vous étiez au lycée Carnot, vous faisiez, donc, partie de l’élite guadeloupéenne?  

A l’époque, oui, car il y avait deux lycées en Guadeloupe. Il y avait le lycée Carnot

Et Baimbridge?

Non, Baimbridge n’existait pas encore. Il y avait Carnot et Gerville Réache. Carnot à Pointe-à-Pitre et Gerville Réache à Basse-Terre. Il faut bien comprendre, il y avait deux classes de terminale pour toute la Guadeloupe.

En quelle année?

Je suis arrivé au lycée en 3e, en 1955, j’en suis ressorti en 1958.

Il y a-t-il quelqu’un de connu aujourd’hui qui y était avec vous?

Eh bien, Sony Rupaire. Sony Rupaire, Georges Rupaire, Bassette Carlomann…

Comment avez-vous commencé à travailler sur le créole?

C’est ce que j’expliquais à la demoiselle qui m’a demandé, il n’y a pas longtemps, une dédicace. Elle voulait que je dédicace le livre à Marie-Galante. Je lui ai dit que, justement, c’est à Marie-Galante que j’ai pris conscience. Après le lycée Carnot, j’ai poursuivi mes études en métropole, puis j’y ai effectué mon service militaire. Je suis resté 10 ans, en métropole, sans revenir en Guadeloupe. Après dix ans, je suis revenu en Guadeloupe, et là, mon créole n’était pas fameux. Ce n’était pas du bon créole.

Puis, on m’a envoyé enseigner les mathématiques à Marie-Galante. Je me suis dit alors: ah non, on ne peut pas enseigner à des enfants [élèves] qui ne comprennent pas ce que l’on dit. Il faut leur expliquer ce qu’est une hypoténuse, tu vois ce que je veux dire, ce que sont deux droites parallèles. Il faut expliquer cela en créole, et si ton créole n’est pas bon, ça ne peut pas aller. Je me suis dit, il faut que je me mette au créole. On ne peut pas enseigner en Guadeloupe si on ne parle pas la langue des enfants [en fait, des élèves].

Votre premier poste d’enseignant était à Marie-Galante?

Oui, à Saint-Louis. C’est à ce moment-là que je me suis rapproché de Gérard Lauriette. Je savais qu’il utilisait déjà le créole pour aider à parler le français. Il faisait rentrer les enfants [en fait, les élèves], leur donnait un sujet, par exemple la sécheresse. Et les enfants parlaient de la sécheresse en créole, puis en parlaient en français. En fait, il était pour le créole à l’oral et le français à l’écrit.

Lui, il était enseignant à l’éducation nationale?

Non, quand je l’ai rencontré en 1969, il n’était plus à l’ éducation nationale.

Il avait déjà été renvoyé?

Il avait déjà été renvoyé. Il avait déjà fondé son école. Ensemble, nous avons créé une association, l'AGEP, Association Guadeloupéenne d'Education Populaire. C’est ensemble que nous l’avons mise sur pied, avec Rovélas, avec Rodes…

Cependant, Lauriette n’était pas partisan du créole écrit. Il était pour un créole oral. Il fallait désinhiber les enfants, afin qu’ils parlent, et après on passe au français. Les enfants faisaient de très beaux devoirs de français, mais c’est parce que cela avait été travaillé en créole.

Il avait une méthode intitulée "les yeux dans les yeux, les bras ballants".

Voilà. C’est lui qui a inventé cette méthode et je l’ai popularisée. «Les yeux dans les yeux, les bras ballants», cela signifie que quand tu parles aux enfants, il faut qu’ils te regardent. Il ne faut pas qu’ils fassent autre chose. Les yeux dans les yeux. Mais l’enseignant, aussi, ne doit pas avoir de livre. Les bras ballants. Ils ne doivent pas avoir l’impression que l’enseignant récite quelque chose. C’est sa méthode. On peut aussi faire le contraire. Ainsi, je connais une méthode selon laquelle l’enseignant ne regarde pas l’élève. Il lui tourne le dos et lui parle. L’enseignant lui indique un endroit où regarder et lui parle. Il doit écouter et dire ce qu’il a entendu. Car quand on parle à l’élève en le fixant, il peut être influencé. C’est justement ce que voulait  Lauriette. Il voulait que l’enseignant marque l’esprit de l’enfant.

Il y a eu beuacoup de personnes en désaccord avec vous?

Ah ça, personne n'était d'accord. Mais quand des parents rencontraient des difficultés avec leurs enfants, ceux qui ne t’approuvaient pas, venaient te voir. Ainsi, le maire actuel de Capesterre, Beaugendre, était un élève de Lauriette. Quand ses parents se sont aperçus qu’il tournait mal, ils sont venus voir Lauriette. C’est Lauriette qui l’a remis dans le droit chemin, lui a permis de réussir son certificat d’études, lui a permis de poursuivre ses études. Sans cela, il n’y serait pas arrivé. J’en connais beaucoup dans ce cas là. Aujourd’hui, ils sont devenus chef-douanier, dirigeant syndicaliste, nous les avions avec nous.

Beaugendre doit s’en rappeler?

Ah non, Beaugendre s’en rappelle. D’ailleurs, il ne l'a jamais nié. La méthode de Lauriette à évité à beaucoup de mal tourner.

Comment en êtes-vous arrivé à enseigner en créole à Capesterre?

De nombreuses personnes croient qu’on enseignait en créole. Non, nous n’enseignions pas en créole. On nous avait autorisés à faire une heure de créole dans le cadre de notre emploi de temps.

Par semaine?  

Par semaine. Une heure de créole. Sinon, l’ensemble de mes cours était en français.

Quelle classe faisiez-vous?

Nous avons commencé en 6e, puis 5e, puis 4e. C’était une heure par semaine. Et de surcroît, l’heure était toujours placée à un moment où les autres enfants étaient dehors. Ainsi, si les autres enfants sortaient à onze heures, ceux qui faisaient le créole avaient cours de onze heures à midi. Ou bien, quand les autres rentraient à quinze heures, le cours de créole était de quatorze à quinze heures. On avait l’impression que ceux qui faisaient le créole étaient en punition.

C’étaient leurs parents qui les envoyaient?

Au début, c’était parce que les enfants étaient trop faibles. Nous demandions à leurs parents l’autorisation de relever leur niveau en utilisant le créole. Puis, c’était plus volontaire. En fait, les autres enfants savaient ce que nous faisions, on jouait des petites pièces de théâtre, on chantait, il y avait une ambiance de gaieté. Des fois, quand nous avions cours, il y avait au même moment un cours à côté, ils nous entendaient rire, chanter, il y avait de la gaieté. C’était un cours ouvert, ouvert, avec beaucoup de chansons, beaucoup de chansons:  

"manman-w voyé-w lékòl,
ta-w la ka ta-w,
pou aprann abcd..."

Nous chantions cela, ou encore:

"on jou konpè genbo asi on gwo pyé bwa,
té ka
..."

Les autres élèves entendaient cela. L’année suivante, ils s’inscrivaient pour venir. Nous leur disions: ce sont vos parents qui connaissent le créole. Pour la semaine prochaine, vous demanderez à vos parents de vous donner des proverbes sur les arbres. Et la semaine d’après, chacun venait avec un proverbe sur les arbres. Donc, si tu as 20 élèves et si chacun ramène un proverbe, tu as déjà 20 proverbes. C’est ainsi que nous sommes arrivés à recueillir 1000 proverbes. Puis la fois suivante, nous leur disions: des proverbes sur les chiens. C’est ainsi que nous avons fait du bon travail. Grâce aux enfants, et aussi grâce à leurs parents.

Finalement, ces enfants, vous avez réussi à remonter leur niveau?

Oui, oui, souvent, souvent, mais surtout après l’arrivée au pouvoir de Mittérrand et la nomination de Juminer en tant que recteur. Juminer a demandé à ce que les notes de créole comptent dans la moyenne générale. C’est à partir de cette décision que les enfants se sont intéressés au créole. En créole, je ne mettais pas de notes en dessous de 10. Je corrigeais le créole de la même façon que les mathématiques. Les bonnes réponses donnaient droit à un point, je ne mettais rien pour les mauvaises réponses. Les enfants avaient des 18, des 19 en créole. Ils étaient intéressés à venir. Au début, on nous envoyait que les mauvais élèves, mais par la suite les bons élèves voulaient aussi avoir de bonnes notes. Du coup, nous avions beaucoup d’élèves en créole.

On montait des pièces de théâtre, nous ne faisions pas que du créole, nous faisions, par exemple, de la cuisine créole. Apprendre à faire un plat appelé «soup a kongo». On se disait, bon, jeudi prochain (parce que le jour de repos était le jeudi) nous ferons un «soup a kongo». Toi, tu amènes ça, toi, qu’est-ce que tu amènes? celui-là amène un igname. Nous faisions le «soup a kongo» et nous le mangions après. C’était convivial. Cela nous est arrivé de rater quelques opérations. Ainsi, une fois, nous avions fait des piments confits, ce qui nous a causé d'énormes soucis. Certains enfants avaient les mains littéralement en feu après avoir touché aux piments, d'autres avaient le feu aux yeux après s'être frottés les yeux. Nous avons dû rester jusqu'au soir, aller voir les parents et leur dire de mettre les mains des enfants dans de l'eau glacée afin de les soulager. Nous nous sommes excusés, car vraiment, nous manquions d'expérience.

C'est mme Trinichevski qui vous a demandé ou c'est vous qui lui avez demandé?

Non, c'est elle qui nous a demandé d'utiliser le créole pour les enfants en difficulté. Elle nous a dit: je constate que les enfants parlent en créole hors de la classe mais n'osent pas quand ils y sont. Les professeurs aussi parlent en créole dans la salle des professeurs mais pas en classe. S'ils utilisaient le créole en classe, cela pourrait peut-être libérer les enfants. 

Le-creole.com : Pourquoi s'est-elle précisément adressée à vous ?

Parce qu'elle savait que je travaillais déjà sur le dictionnaire. En effet, quand j'étais à Marie-Galante, j'avais commencé à relever des mots, et des mots. Les gens me disaient : tu as déjà trois carnets pleins de mots, peut-être pourrais-tu faire un dictionnaire. Tout le monde savait, donc, que je travaillais sur un dictionnaire créole.

A cette époque, mme Telchid travaillait aussi avec vous?

Mme Telchid a commencé à travailler avec moi en 1976, après les évènements de la Soufrière. Puis, mme Trinichevski est arrivée. Elle m'a demandé pour le travail en créole. Je lui ait dit que je ne pourrai pas faire cela tout seul. Nous avons donc monté une petite équipe de personnes prêtes à faire un travail à partir du créole.

Il ne faut pas penser que cela était facile. Aujourd'hui, tout le monde parle le créole, mais à l'époque, c'était difficile. Beaucoup de parents d'élèves était contre. Beaucoup de professeurs était contre. On nous mettait quasiment à l'écart. Si nous faisions du créole, c'est parce que nous n'étions pas bons dans la matière que nous étions chargés d'enseigner. Si Poullet fait du créole, c'est parce qu'il n'est pas un bon professeur de mathématiques. Si Sylviane fait du créole, c'est parce qu'elle n'est pas compétente en tant que professeur de français.

Aujourd'hui, le créole est enseigné dans toutes les écoles, c'est une réussite, non?

Ce n'est pas forcément la même chose que ce que nous faisions. Nous, c'était une heure. Nous n'étions pas payés pour cela. Monter des pièces de théâtre, c'était sur notre temps libre. Aujourd'hui, personne ne ferait cela. Personne ne travaillerait sans être payée. C'était totalement différent. A notre époque, à Sylviane et à moi, il n'y avait pas de livres, nous devions fabriquer les livres, et d'abord les concevoir. Les choses étaient plus compliquées. Aujourd'hui,  les enseignants trouvent des livres. Ils trouvent, tout de même, quelques outils.

Aujourd'hui, le créole a bien évolué?

Il a bien évolué mais il n'est pas encore arrivé au bout du bout, tout de même. Il ne faudrait pas penser que le combat est gagné.

Nous sommes, aujourd'hui, dans une période de crise. Quand ils décident de supprimer des professeurs, des heures de cours, ils suppriment le créole, la musique, les arts plastiques. Ils pensent que ce n'est pas indispensable, alors que nous, nous pensons que c'est le principal.

Hier, j'ai rencontré un jeune martiniquais. Il m'a dit qu'il a son CAPES, qu'il vit en métropole et qu'il a demandé à enseigner le créole ici. Il n'a pas obtenu de poste, alors que la demande pour les cours de créole existe.

Le statut du créole a changé ?

Le statut a changé. Il a changé en Guadeloupe mais pas en Martinique. En Guadeloupe, nous avons trouvé une solution. En Martinique, il y a l'Université Antilles Guyane. A l'université, ils ont décidé que pour enseigner dans les écoles, il faut embaucher des diplômés de l'université. Des diplômés ayant obtenu une licence en créole, une maîtrise en créole.

Nous, nous avions compris qu'il n'y aurait pas d'embauches d'enseignants pour cela. Nous avons proposé d'utiliser les enseignants titulaires, les enseignants déjà en poste. Qu'on leur donne une formation. Nous ne demandons pas de nouvelles embauches. Nous avons dispensé une formation de 90 heures. De très nombreux enseignants ont suivi la formation.

Vous faisiez partie des formateurs?

Oui, Sylviane et moi. La formation comprenait d'autres matières que le créole, de la psychologie, de la géographie, etc. Nous avons assurés 15 heures de créole. Les enseignants appréciaient beaucoup, ce qui en entraînaient d'autres. C'est pourquoi, aujourd'hui en Guadeloupe, il y a plus de 400 enseignants formés au créole. Ils sont aptes à l'enseignement du créole. En Martinique, tu n'en trouveras pas 20.

Tu vois comment on s'y est pris. Et donc, au début, Confiant disait que Poullet et Telchid faisaient plus de mal que de bien au créole. Aujourd'hui, le résultat est là: le créole est présent au primaire, car des instituteurs ont suivi la formation, au collège, car des professeurs ont suivi la formation et il en est de même au lycée. Bref, le créole est présent à tous les étages de l'éducation nationale et pas seulement à l'université.

En Guadeloupe, il n'y a pas d'académie de créole, pas de graphie officielle. Ainsi, pour écrire a-w, je mets un tiret, d'autres un apostrophe et certains réunissent les deux lettres. Comment voyez-vous cela?

Moi, j'ai le principe suivant: si on compare le créole à quelqu'un, la graphie c'est le vêtement, le lexique, le vocabulaire, ce sont les muscles et la grammaire, ce sont les os. Qu'est-ce qui est le plus important? Car le vêtement, on peut le changer. Tu peux évoluer dans ta graphie. Aujourd'hui, tu écris avec un tiret, peut-être que demain tu te diras : oui mais, ce serait peut-être mieux de réunir les deux lettres.

Moi aussi, je suis passé par là. Ma graphie a évolué, au fil du temps. Cela signifie que le vêtement était sale, je l'ai changé, ce n'est pas grave.

Nous ne devons pas complexer les personnes avec la graphie. Nous devons leur dire: tu fais pour le mieux. Tu es sur la 3e marche de l'escalier, moi j'en suis déjà à la 5e. Je ne dois pas te juger parce que tu es sur la 3e marche, car avant toi, j'étais moi aussi sur la 3e marche, tu as compris?

Pour moi, tout cela est secondaire. Ce qui compte aujourd'hui, selon moi, c'est connaître le vocabulaire du créole. Quand on a une difficulté sur un mot, ne pas céder à la facilité en allant chercher le mot ailleurs. Essayons de voir si le mot n'existe pas déjà dans le vocabulaire créole. Ainsi, pour traduire "comment", certaines personnes utilisent le mot "koman", alors que nous avons "ki jan".

En second lieu, connaître la grammaire, le fonctionnement, l'articulation de la langue. L'urgence aujourd'hui est de préserver la grammaire du créole.

Monsieur Poullet, je vous remercie pour ce grand entretien. Merci pour votre disponibilité.

© le-creole.com - Tous droits réservés.

boule

 Viré monté