Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

Trophées

à  Eberth

“Images de l’homme angoissé, inquiet devant lui-même.”
(Roland Giguère)

“prose du mâle ensemencée, te voici prête
à l’accueillir, au-delà de toute solitude.”
(Jean-Claude Ibert)

Saint-John Kauss

Victor Permal – Vwel pwason, 2005, Huile et encre sur Isorel laqué, 49 x 64 cm. (Photo Jean Popincourt)

cette prose coupable que je remets entre les mains du sacrilège d’oublier              l’élan doux
des morphèmes              l’accoutumance dans la mélasse des porteurs d’échéance

cette mâle prose au-delà de toute parenthèse              port d’attache un arbre-à-lettres des timoniers / de
ceux qui démaquillent les saisons en prédisant le grand chapitre des poètes sans nom porteurs
d’angoisses démesurées au gel des légendes

gobeurs de mots et d’instants qui dévisagent la préposée aux interrogatoires des grandes
inquisitions inachevées dans la rumeur des condamnés à renommer au-delà d’insaisissables
montées de haine

pâle grandiloquence de l’orateur maquillé mais qui a soif d’otages du grand large              qui joue au défilé
de fous et à la marelle comme un enfant

du gué des paumes de la main et en amont des genoux de rebelles qui parlent de liberté
dans le souffle des harangues de troupe jusqu’aux foulées des promesses de mariage
et de baptême des vivants
place au levain dans le défi des conjonctions assoiffées de liaisons qui miment la rhétorique des poètes
en instance de révolte

haute lecture cadenassée dans l’halitose des regards d’îles femelles / jumelles à toute éructation
de la rose née dans la douleur d’être seule parmi les pierres affranchies du cri de l’enfant

place aux témoins à charge dans mes démarches de naufragé sans boussole
de vigie sans bilan de navires
entre elles et moi
l’appel au timon des rêves sans frontières
d’une ossature ancrée et mémorable

poète marginal dans le registre des évasions
poète doux sur la page des coeurs
sois où elles auront besoin de vigiles tendresses
dans l’attelage des mots qui réclament un poème

va où elles seront le premier mot à toute épreuve
la première lettre à toute réponse
la première plante à toute saison
le premier cri à toute naissance
la première phrase du livre de la vie

ce livre qui n’est que monologue infini dans l’aphorisme d’une cicatrice de l’arc-en-ciel
en bretelles absolues

Laval, mai 2007

Viré monté