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Une brève dissection
Consulat de France & Alliance Française
Partie 2
Troubadour par Duval Lochard © Carrie Art Collection |
La musique vaudou |La musique flolkorique | Rara | La musique classique haïtienne | La période d’après 1960
La musique «rasin» | La musique contemporaine | Le mouvement du Créole Jazz et du Vaudou Jazz Haïtien
Nous passons maintenant à
La musique classique haïtienne
Ce genre n’a pas beacoup d’adhérents dans notre pays. L’impact de ces musiciens est resté au sein de notre bourgeoisie qui essaie toujours de se distinguer de nos masses. De plus, leurs œuvres sont très rares. Fabre Duroseau, Ludovic Lamothe, Carmen Brouard, pour citer quelques-uns, étaient des pianistes-compositeurs Haïtiens.
Toutefois, certains d’entre eux comme Frantz Casséus, par example, un guitariste Haïtien qui vivait à Cuba, et qui était revenu dans notre pays à un moment donné, a été internationalement acclamé. J’ai même vu l’un des feuillets publicitaires de l’une de ses performances à Carnegie Hall, à New York, avec Harry Belafonte. Aujourd’hui, Amos Coulanges, guitariste Haïtien lui aussi, reçoit des trophées à travers le monde. Mon ami, Michel Mathellier aussi bien que Marc Ribot ont eu le privilège d’avoir le feu Frantz Casséus comme professeur et ils performent aussi de temps en temps.
Je ne joue pas de la guitare classique, mais je peux vous jouer quelques mesures de la chanson Yanvalou, l’une des compositions de Frantz Casséus laquelle lui a remporté un très grand succès.
Performance.....
Nous avons commencé à enregistrer notre musique aux environs de la deuxième moitié du 20ème siècle. Cependant nous pouvons diviser notre musique populaire en deux grandes périodes – celle datant d’avant 1960 et celle d’après 1960 car son essor a continué depuis.
L’occupation de notre pays par les Etats Unis d’Amérique a rencontré une résistance beaucoup plus forte de notre paysannerie que des autres classes de notre société--résistance armée du côté des paysans et grands débats du côté de notre intelligentsia. Aussi est née la négritude exprimée dans le mouvement indigéniste Haïtien, et de grands élans d’embracer l’Afrique de nouveau comme la Mère Patrie, ont influencé non seulement notre littérature, mais aussi notre musique.
Les conflits sociaux ont toujours enflamé nos divisions internes. Je crois fermement que la scission dont l’aboutissement reflète aujourd’hui la situation chaotique de notre pays a commencé à s’aprofondir beaucoup à partir de l’occupation américaine. Au niveau de la musique, j’ai pu noter trois grandes tendances:
- Les masses sont restées fidèles à nos traditions – le vaudou dans les cérémonies et le siwèl anba tonnèl--la musique folklorique sous les huttes avec le troubadour – et le twoubadou dans les rues.
- Des musiciens à tendances nationalistes au sein des petits bourgeois et de l’élite qui eux aussi ont voulu préserver notre musique. Nous retrouvons : L’orchestre Issa El Saeh, le Jazz des Jeunes, l’Orchestre Septentrional du Cap pour en citer quelques-uns. Leurs chansons portent l’empreinte de nos rythmes – le congo, l’ibo, le yanvalou etc.
- Des musiciens qui sont résolus à embrasser l’acculturation. Ce courant sera si fort que l’Orchestre Issa El Saeh sera dissous, le Jazz des Jeunes suivra ce courant mais n’aura pas duré longtemps, l’Orchestre Septentrional, lui ausi, abandonnera cette tendance nationaliste ; il existe toujours mais subit aujourd’hui la forte pression du Konpa.
Ce phénomène d’acculturation qui renferme une forte notion d’influence a accentué la performance des rythmes tels que le Cha-Cha-Cha, le sòn, le Patchanga, le bolero, le mambo, le rumba, le calypso; et la diffusion des chansons françaises et espagnoles a commencé à occuper la première place dans nos radios et ceci au détriment de notre musique. En d’autres mots, à l’instant même dont je vous parle, la musique Haïtienne jouit de moins de quatre heures de temps par jour dans la programmation de nos stations de radio, en dépit de l’importance capitale de nous regrouper pour sauver notre pays, et redresser cette situation pénible et indigne vu la gloire de nos ancêtres.
Mon expérience en matière de musique me permet d’attribuer la naissance de notre «mérengue» au sein de ce troisième groupe. Edner Guillard et son ensemble, l’Orchestre Citadelle, L’Ensemble aux Calebasses, pour en citer quelques-uns, ont beaucoup élaboré ce genre.
Toutefois, beaucoup d’entre nous apprécient et respectent les efforts de ces musiciens nationalistes dans leurs interprétations de la musique du terroir. Il faut noter que l’instrumentation de ces groupes musicaux a subi l’influence des Big Band américains, et leurs arrangements celle de la musique Afro-Cubaine. Ceci a permis l’introduction du «clave», percussion faite de deux baguettes de bois.
La période d’après 1960
Deux grands courants vont converger pour former notre musique populaire actuelle.
D’un côté, l’avènement au pouvoir de François Duvalier a scellé la politique comme l’une des meilleures façons pour s’enrichir en Haïti. Les enfants de ces nouveaux riches et de l’élite fréquentaient le plus souvent des écoles catholiques privées. L’éducation prônée par ces écoles maintient les préjudices sociaux et accentue le phénomène d’acculturation.
Au niveau de la musique, celle-ci faisant partie du curriculum, la renommée des artistes Français tels que Johnny Halliday, Robert Cogoi, Enrico Macias, Sylvie Vartan, Dalida, et Edith Piaf, a inspiré ces jeunes et de nombreux groupes musicaux ont pris naissance. L’un d’entre eux s’appelait «Les Copains» et mon cousin Boulo Valcourt en fut l’un des membres. Par ailleurs, ce dernier reste jusqu’aujourd’hui l’un de nos meilleurs artistes.
De l’autre, nous avons les enfants du peuple qui fréquentaient les lycées.
Certains de ces derniers étaient administrés aussi par des prêtres Catholiques et jésuites. La musique faisait partie du curriculum et quelques uns de ces lycées jouaient de la fanfare.
De nouveaux rythmes ont été créés par ces jeunes: la cadence Ranmpa par Wébert Sicot, Ramponeau par L’Orchestre Septentrional et le fameux Konpa par Nemours Jean-Baptiste.
Pour une raison ou une autre, ces jeunes qui subissaient la forte influence de la musique française vont embrasser le Konpa. L’un des aspects positifs de ce dernier, demeure dans l’originalité du rythme de la guitare et l’introduction du «gong» – hitting the cowbell with a stick on a low tom.
Des groupes musicaux vont pousser comme des champignons dans la capitale et les grandes villes de Province.
Pour nombreux d’entre eux, l’instrumentation fut la suivante:
Voix – Chanteur principal et chœur
Guitare principale, et les gadgets électroniques – le Wawa, le chorus, le flanger etc.
Guitare d’accompagnement
Basse électrique
La batterie
Les tambours latins (différents des tambours utilisés dans le vodou)
Percussion – gong
Dans cette catégorie, ont figuré les Gypsies de Pétion-Ville, les Difficiles de Pétion-Ville, Les Pachas du Canapé Vert.
Les Faintaisistes de Carrefour et les Shleu-Shleu ont ajouté une cuivre:
le sax alto.
Les Frères Déjean et le Bossa Combo ont ajouté une section de cuivres – la trompette, le trombone et le sax.
Le Tabou Combo de Pétion-Ville fut le premier groupe musical Haïtien à laisser le pays. Il fut aussi le premier et le seul à atteindre le Numreo 1 du Hit Parade français et cela s’est passé en Novembre 1975.
L’Ibo Combo formé de musiciens qui vivaient à New York a pu se distinguer dans l’utilisation d’accords dissonants et dans l’interprétation des chansons de Jazz américaines et françaises, en particulier de Michel Legrand. Le groupe Zéklè a manifesté aussi cette forte influence de la musique américaine.
Avec l’arrivée de Exile One et de Gramax en Haïti, deux groupes musicaux de l’île de la Dominique, les cuivres vont faire partie intégrante de la grande majorité des groupes musicaux Haïtiens.
Avec l’arrivée du Zouk et la popularité des groupes Martiniquais et Guadeloupéens, les équipements numériques et les touches, ces dernières, sélectives auparavant, ont été introduits. Tel est l’état actuel de l’instrumentation de la musique populaire Haïtienne.
Pendant ce temps, l’Orchestre Septentrional et l’Orchestre Tropicana d’Haïti sont devenus des «icons» de notre musique tout en jouant une musique d’antan dansée et appréciée par des jeunes de plus de35 ans.
Les succès du Roi Coupé, Coupe Cloué, comme il s’est fait appeler, ont fait danser plus que nous autres Haïtiens. Les pays francophones de l’Afrique l’ont aussi couronné Roi. De son baryton et de ses longs monologues épicés, se dégageait une sensualité qui causait pas mal de déhanchements sur les pistes de danse.
Je veux aussi noter l’orginalité de Dadou Pasquet, guitariste/chanteuur de Magnum Band, et l’un parmi les premiers de nos artistes à graver des interprétrations du R&B sur disque – Close the door de Teddy Pendergrass au rythme du Compas. Quant à lui, Eddy Brisseaux, trompettiste/chanteur, il nous fait goûter toujours son Rabop – fusion du Rara et du Bebop dans ses nombreuses interprétations du Jazz.
Je vais jouer pour vous «Plezi Atchoukase», l’une de mes compositions dans le genre Konpa.
Plezi Atchoukase
Plezi AtchoukaseAtchoukase, atchoukase Atchoukase, atchoukase Sèmante sou vi we Cheri, anmwe |
Plaisir à tout casserA tout casser, à tout casser A tout casser, à tout casser Je jure sur ma vie Chérie, Oh ! Oui ! |
Je veux souligner certains aspects importants dans notre musique populaire. Tout d’abord, jusqu’au départ du Président Jean-Claude Duvalier en 1986, bien peu de textes écrits par les musiciens du Konpa traitaient de nos réalités sociopolitiques. En fait, il était coutume de dédier des chansons aux Duvalier, de célébrer leur pouvoir, et même la dictature.
On pouvait noter aussi que les citadins participaient en masses au cours des fêtes patronales de certains de nos bourgs, tels que La Plaine du Nord et Limonade, (fèt chanpèt ou les fêtes champêtres.) D’un côté, ils s’amusaient dans les bals où jouaient les groupes musicaux des villes. De l’autre, les paysans dansaient au son de leurs chansons traditionnelles. D’un côté, l’électricité était fournie par des générateurs électriques. De l’autre, la lumiére des chandelles pouvait à peine percer la densité de l’obscurité.
Qu’elle soit définie au niveau économique ou autre, la disparité sociale existait déjà et continue à s’empirer parmi nous jusqu’à nos jours. On peut comprendre pourquoi la musique «Rasin» ou Racine va entrer sur la scène avec une vengeance féroce laquelle va entraîner le départ de Jean Claude Duvalier.
La musique «rasin»
Certes, nous ne pouvons nullement attribuer la fin de la dictature des Duvalier uniquement à la musique Rasin. Mais celle-ci a beaucoup contribué à la conscientisation politique et à la motivation des masses. Non seulement, les textes célébraient les dieux du Vodou, les invoquaient tout en les suppliant de nous secourir, de fortifier nos bras mais ils parlaient ouvertement de notre soif pour le changement.
Les premiers efforts des groupes tels que Nou la, Ayizan et Sakad dont je fus l’un des co-fondateurs, ont inspiré une nouvelle génération de musiciens Haïtiens fortement déterminés à préserver notre culture et à célébrer notre musique. Le succès spectaculaire de Boukman Eksperyans sur la scène mondiale de la musique a pu confirmer la beauté de notre musique, et remonter le moral de nos jeunes et en Haïti et dans la diaspora. Aussi, Wyclef Jean s’est enveloppé de notre bicolore après avoir gagné un Grammy. L’histoire poursuit donc son cours.
L’instrumentation varie largement dans la musique «rasin». On retrouve les voix, les 3 tambours, la batterie, les touches, les cordes, les percussions, mais pas les cuivres. Une fidélité spéciale a été accordée aux rythmes, mais le rock and roll avec les gadgets électroniques et numériques, la musique brésilienne avec les accords, la musique Africaine avec le Soukous, vont imprégner la musique Rasin.
Comme illustration, je vais vous jouer une adaptation de «Pyè Aleman Lèmiso Batala» tout en soulignant que la différence entre la musique vodouesque et la musique Rasin réside dans l’instrumentation – pas d’instruments électriques ou électroniques, et pour mieux dire pas d’instrumentation occidentale dans la musique du vaudou.
Je vous prierai d’écouter la façon dont je vais jouer ma guitare et les improvisations de ma voix. D’un côté, je vais reproduire les intervalles du son du «vaksin», un instrument utilisé dans notre musique folklorique, dans le «rara» en particulier, et autour duquel gravite le concept «natif» que j’ai créé pour définir une approche plus authentique à notre musique. De l’autre, et c’est une innovation per se, je vais employer des mots dont la signification reste à désirer mais leur musicalité va puiser dans les émotions du moment tout en réflétant l’aspect dissonant et le caractère mystérieux de notre musique.
Performance.......
Pour finir avec la musique rasin, j’ajouterai qu’elle marque la modernisation de la musique Haïtienne et que le mouvement du Créole Jazz Haïtien est devenu son extension.
La musique contemporaine
Permettez-moi, je vous en prie, de relever un passage dans ma biographie lequel je crois, définit notre musique contemporaine et je note
“The blend of Haïtian music, Brazilian music, and jazz reflects Haïti’s cultural heritage – its African roots, European birthmark and American influence.”
«La fusion de la musique Haïtienne, brésilienne, et jazz reflète l’héritage culturel de mon pays – son origine africaine, sa tache européenne et sa coiffe américaine».
La musique des vedettes françaises est très appréciée par nous autres Haïtiens. Moi, personnellement, j’aimais la musique de Gilbert Bécaud et Jacques Brel plus que celle de Charles Aznavour, Michel Sardou mieux que Joe Dassin et Frédéric François, Nicole Croisille mieux que Mireille Mathieu. Leur influence n’a pas fait long feu pour autant car de très tôt, j’ai décidé d’embrasser notre musique.
Cependant, la musique de bon nombre de nos artistes tels que Ansy Dérose, Hérold Christophe, Jean Michel Daudier, Hugues Valbrun, Herby Widmaier, Boulo Valcourt et Emeline Michel pour ne citer que quelques-uns, reflète l’influence de la musique française.
Si la musique latine imprègne certains groupes musicaux tels que Septan et Tropicana, l’influence de celle-ci peut être aussi notée dans la musique de certains de nos artistes tels que Réginald Policar.
Je crois que l’influence de la musique brésilienne est la plus forte parmi nos musiciens contemporains, y compris moi-même, votre humble serviteur. Deux de mes compositions chantent la similarité de la musique haïtienne et brésilienne, et je tiens à noter que le vaudou et le macumba invoquent des dieux communs et les rites aussi sont semblables. Bee-thova Obas jouit d’un très grand succès dans notre pays, dans les Caraïbes et en Europe. Il fait partie de cette catégorie.
Le refoulement de bon nombre de nos jeunes de la diaspora a permis l’accentuation du phénomène d’acculturation dans notre pays. Le R&B, le hip pop et le rap ont généré un engouement particulier au sein d’une génération américanisée, et le vocabulaire anglais a amplement enrichi la langue créole. De Rap Creole à Barikad Crew, à lire simplement les noms, nous pouvons déjà déduire la musique haïtienne et la musique américaine se sont embarquées sur une voie pleine de promesses. Espérons que ce ne sera pas fait aux dépens de la nôtre.
Léo Ferré, Jacques Brel et Geogres Brassens vont influencer deux de nos plus grands instigateurs-chanteurs: Manno et Marco. Cependant, il faut noter qu’ils ne chantent qu’en créole et que leurs satires revêtent exclusivement un caractère politique. Accompagnés de leurs guitares, leurs chansons ont beaucoup enflamé les tensions politiques des années 1980-86. Manno Charlemagne continue à faire la délectation de ses fans en s’inspirant toujours de nos déboires et de notre lutte pour le changement dans notre pays. On appelle sa musique – mizik angaje, une musique à caractère socio-politique.
Un personnage nouveau a fait son entrée sur la scène de la musique contemporaine. Il ne joue aucun instrument et ne chante pas au cours de sa performance. Pourtant, il a une audience et celle-ci danse aux sons de sa musique – c’est le DJ. Bien que les hits du Konpa constituent la majeure partie de son répertoire, les hits du Zouk et du Soukous, hits latins et dominicains, sans oublier hits américains et français galvanisent la foule. Une fois de plus, ce passage de ma biographie lequel j’ai mentionné plus haut se trouve justifié.
Je vais vous chanter maintenant l’une de mes compositions et elle s’intitule «Ayiti Brezil». Pour l'écouter cliquer ici.
Ayiti BrezilNanm wen Ayisyen Ayiti |
Haïti BresilJ’ai l’âme d’un Haïtien Haïti ! |
Nous passons maintenant au dernier chapitre de notre exposé:
Le mouvement du Créole Jazz et du Vaudou Jazz Haïtien
La majorité des musiciens qui ont lancé ce mouvement vivent dans la diaspora. Le festival annuel du Jazz Haïtien a commencé il ya deux ans.
L’acharnement de nos nombreux débats et discussions reflète les tensions sociales qui existent entre nous, Haïtiens, même à l’extérieur de notre pays.
Je dois vous dire que je connais bon nombre de ces musiciens et que j’ai eu aussi le privilège de jouer avec plusieurs d’entre eux. L’ambivalence des tendances a rendu très difficile un consensus parmi nous, et je crois fermement que nous en avons grand besoin pour faciliter une entrée spectaculaire sur la scène mondiale de la musique car notre musique à beaucoup à offrir.
Voici les points que j’ai soulevés:
- La définition du Jazz Haïtien
Elle n’est pas importante à leurs yeux.
- Le respect des éléments endémiques de notre musique
Pour eux, la liberté individuelle de l’artiste doit primer quant à l’inspiration et l’innovation.
- L’étude de notre musique
Bon nombre de ces musiciens n’ont pas grandi et ne sont nés pas dans notre pays. La majorité de ceux qui y ont vécu n’ont pas été exposés à notre musique. Pour moi, par conséquent, il est clair que l’un ne peut pas innover dans un domaine qu’il ne connaît pas et dans lequel il n’a aucune maîtrise.
- L’importance de nous saisir de cette opportunité pour inspirer notre génération actuelle et les suivantes, en véhiculant la beauté de notre culure et musique avec fierté sous l’emblème de l’unité
Le mouvement du Créole Jazz Haïtien revêt une forme élitiste et pédantesque, que moi personnellement, je trouve tout-à-fait superflue.
Nos paysans détiennent notre âme collective. Ils ont été marginalisés pendant plus de deux cents ans. Qu’il s’agisse de Little Haïti à Miami, de Brooklyn à New York ou de Mattapan à Boston, la majorité de nos concitoyens qui vivent dans les banlieues de ces villes s’enorgueillissent du fait qu’ils ne vivent pas parmi nos masses.
De même, nombreux de nos musiciens du Jazz arborent leur amour pour ce dernier au détriment de notre musique qu’ils trouvent brute, sans même manifester le besoin de l’apprendre et de la disséquer.
Aussi, je fais cavalier seul au sein du mouvement. Pour le définir, j’appelle ma musique «Natif». Ce mot dérive de «natifnatal» et décrit ce qui est authentiquement Haïtien. Ce concept gravite autour du «vaksin» et concrétise mes efforts de reproduire les sons de notre musique. La conception des accords porte l’emphase sur la polytonalité de celle-ci.
Je veux réitérer mon plus profond respect pour mes pairs. Comme je l’ai mentionné plus haut, je connais beaucoup d’entre eux et j’ai eu le privilège d’apprécier leurs talents dans plusieurs collaborations antérieures. Je veux espérer qu’ils comprendront un jour que leur choix ne fait qu’accentuer l’acculturation dans un moment critique de notre existence de peuple. Cette acculturation ne facilite point l’unité et elle est plutôt imposée car notre pays est en train de capituler sous le poids de l’instabilité, de la pauvreté et le manque des institutions adéquates pour assurer notre survie au niveau national.
Mozayik, Kilti Chòk, Buyu Ambroise, Bémol, Chardavoine, Jean Paul Bourelly, Makarios Césaire, Ronald Félix, Mushi Widmaier, Rigaud Simon, Ginou Oriol, Yanick Etienne, Dominique Sylvain aussi appelée Joy Shanti, pour ne citer que quelques-uns, représentent tous des examples vivants du potentiel de nos musiciens. Jean Cazé, trompettiste d’origine haïtienne vient de gagner le second prix à la compétition de Jazz organisée par le Thelonius Monk Institute.
L’instrumentation dans le Créole Jazz et le Vaudou Jazz varie, mais la structure subit l’influence du jazz. L’improvisation demeure l’élément important. Pour moi, il s’agit de s’inspirer de notre âme collective d’abord et la faire transpirer au niveau personnel. Les techniques d’improvisation apprises ne doivent nullement primer d’autant plus que notre musique, en parlant de la musique vaudou et folklorique, gravite autour de la gamme pentatonique.
Sur cette note, Mesdames, Mesdemoiselles, et Messieurs, s’achève cet atelier. Je veux assumer que vous avez appris quelque chose de nouveau. J’espère aussi que vous pourrez vous en servir si le cas y échet.
Je resterai aux alentours pendant quelques instants. Si vous avez des questions, je serai ravi d’y répondre.
Veuillez bien écouter ma dernière chanson, titrée «Delege» ou Délégué.
Delege Mwen Ye LaY a monte pi wo Gason wòklò o Y a monte pi wo Gason wòklò o Lafanmi o |
Je ne suis qu’un déléguéIls pourront gravir des échelons Garçcon têtu Ils pourront gravir des échelons Garçcon têtu Gens de ma famille |
(Don’t kill the messenger!)
Merci à tous.