Cahiers Caribéens d'Egyptologie

n° 9 février/mars 2006

Université des Antilles Guyane G.E.R.E.C Informatique et Langage
Université de Yaoundé 1 (Candace) Cameroun
Université de Barcelone (A.R.D.A) Espagne
 

Cahiers Caribéens d'Egyptologie Sciences du Langage,
Faculté des Lettres Université des Antilles Guyane
Rédaction Alain Anselin
97232 Schœlcher, Martinique
Éditions Tyanaba
 

Editorial

Ce numéro est dédié à une génération, nouvelle, de scribes, en train d'apparaître dans les Universités de la Caraïbe. On ne peut pas toujours naître il y a cinq mille ans dans la vallée du Nil.

Nouvelle génération, nouveaux paradigmes, nouveaux objets, nouvelles méthodes. C'est que l'histoire n'est pas un catalogue de réponses et de cantiques, mais l'art, exigeant beaucoup d'humilité joyeuse, de poser des questions aux données qui nous restent du passé humain, et si possibles des questions nouvelles.

Une grosse décennie de fouilles archéologiques exceptionnelles oppose et réunit ainsi, pour le milieu du quatrième millénaire BC, dès l'aube de la civilisation égyptienne, cimetières riverains des «élites» et des «working classes» - classes réputées anépigraphes et aussi muettes que la figure de l'«entendant» dans la linguistique coursilienne. Seize siècles plus tard, la plume d'un lettré métamorphose, dans un texte célèbre, la figure de ceux qui travaillent et chargent depuis toujours leurs ânes de produits à vendre pour nourrir leurs enfants, en «maître de parole» fustigeant «les juges qui volent». Derrière un traité d'éthique et de droit beau comme un conte, l'histoire d’une civilisation, l'écologie interne de ses rapports sociaux et l'exigence de justice qui l'anime!

J'aurai voulu avoir l'éloquence du Paysan de ce conte égyptien pour le dire! J'ai laissé ce soin à ceux, Nadine Dokoui-Cabrera, Lorène Labridy et Fabrice Silpa, qui peut-être continueront le petit pas caribéen de l'égyptologie - et qui soucieux de perpétuer aussi la Caraïbe ne font pas qu'étudier les hiéroglyphes. Aussi ce numéro est-il dédié à Lorène et Fabrice qui, tout juste mariés, nous doivent évidemment d'autres articles - une belle étude sur les Love songs pharaoniques...?

Nouvelle génération, nouveaux paradigmes, nouveaux objets, nouvelles méthodes donc. L'histoire n'est pas non plus un catalogue de questions, mais l'art d'en renouveler, toutes disciplines mobilisées, jusqu'à la manière de les poser.

Si l'on faisait d'ailleurs l'histoire des questions, elle nous dirait souvent autant ce que fut notre époque que ce que fut l'Egypte antique elle-même!

Il faut savoir se dépouiller des paradigmes anciens que tous les modèles d’histoire déclinaient, ont décliné ou déclinent encore, jusque, parfois, dans leur combat pour en sortir! Les temps sont venus de simplement replacer ou continuer et finir de replacer l'Egypte antique dans une géographie humaine libérée de Hegel, qui excluait l'Afrique de 1'Histoire, et de Gobineau, qui la pensait en termes de race - «cette notion qui a fait tant de mal à l'humanité», cette idée indéfendable qui vole depuis bientôt trois décennies en éclats devant les résultats scientifiques de la génétique des populations, et qui continue pourtant, tragiquement, de peser si lourd, de toutes ses chaînes, sur les représentations que les hommes se font les uns des autres et sur leurs conduites!

J'aurai voulu comme Khakheperrêseneb, qui rédigea un bref mais monumental texte philosophique à l'époque du Conte du Paysan, j'aurai voulu, «armé de sciences jusqu’aux dents», trouver des mots nouveaux pour des pensers nouveaux de l'histoire de l'homme.

J'ai laissé ce soin à l'un de ceux, Jean-Phillippe Gourdine, qui continuera, peut-être, le petit pas caribéen de l’égyptologie - et qui, lui aussi,... Mais ceci est une autre histoire.

Alain Anselin
Fort de France, le 6 février 2006

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Sommaire

Éditorial

Jean-Philippe Gourdine : Contribution de la biologie moléculaire du gène à l'étude du passé de l'humanité. Cas de l'Afrique ancienne et moderne.

Alain Anselin : Les mots de la bière en égyptien ancien.

Oum Ndigi : Retour sur un mythe basaa et un thème de l'art rupestre saharien.

Gwenola Graff : Mise en parallèle de deux systèmes graphiques antérieurs à l'écriture.'la peinture rupestre franco-cantabrique et les peintures sur vases Nagada I-ll en Egypte.

Wolfram Grajetzki : Tarkhan, Tomb 412.

Juan Jose Castillos : Cheops, a tyrant?

Juan Manuel Tebes : Egypt in the East: the Egyptian presence in the Negev and local society du ring the Early Iron Age.

Farouk Gomaà & El Sayed Hegazy : Neue Funde aus dem Nildelta.

Terence DuQuesne : Heron.

Jorge R. Ogdon : Studies in Archaic Epigraphy, XVI. On the Earliest Epithets of Anubis.

Oscar Pfouma : La harpe et l'Horus aveugle. Notes sur les harpes égyptiennes et africaines.

Mario H. Beatty : Translating Wordplay in the Eighth Petition of the eloquent Paysan: A New Interpretation. 

Nadine Dokoui-Cabrera & Fabrice Silpa : La rhétorique dans le Conte du Paysan Eloquent ou le Maître de Parole.

Teresa Soria Trastoy : Una aproximacion juridico-téorica al concepto de Maât: de Maât al Derecho consuetudinario.

Mouhamadou Nissire Sarr : La Barque, le Défunt et les Dieux. 

Juan de la Torre Suàrez : Meritaton y Anjjeperura Nefèrnefèruaton.

 

 
 
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