Depuis longtemps, Léa voulait retourner en Guyane, à l'île du Diable, celle qui abrita le bagne durant de longues années.

Arrivée en 1919, alors qu'elle est une enfant accompagnant son père surveillant du bagne, elle y vécut jusqu'en 1951. 32 ans d'une vie!

Elle y apprit les rudiments scolaires, le courage, l'amour et y épousa... un surveillant de bagne. Plus tard, devenue grand-mère, la vieille femme n'a rien oublié. Son souhait de revenir dans l'île n'étonne pas Manon, sa petite-fille, qui l'accompagne.

Prétexte à parler du bagne – rare bande dessinée a aborder le sujet –, l'album entraîne le lecteur dans l'intime, celui des secrets, des tabous et des interdits, de ceux que les intéressés ne révèlent jamais de leur vivant. l'histoire est forte. Sans pour autant décrire les conditions de vie des bagnards, les auteurs ne laissent pas beaucoup de place à l'illusion. En clair, on ne s'en sort pas vraiment quand on est envoyé au bagne, même quand on a purgé sa peine.

Sur mesure, le dessin riche de détails, généreux et superbement mis en couleurs apporte une touche réaliste au récit inspiré d'une histoire vraie. Malgré le thème assez lourd, les auteurs réussissent leur album haut la main, bravo.

Marie Mainard

 Viré monté