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Pleins feux sur Roland-Garros 2019

Hugues Saint-Fort

Le fou de tennis que je suis adore le mois de mai car c’est la période où commencent les tournois de terre battue en Europe: après Monte Carlo fin avril, c’est Madrid, Barcelone, Rome, Genève, et bien sûr, à la fin de mai, mon tournoi favori, les Internationaux de Roland-Garros que les Américains appellent The French Open. Je n’ai jamais pu le nommer The French Open (même en anglais, je l’appelle Roland-Garros) car j’ai plus ou moins découvert le tennis en allant à la Porte d’Auteuil quand j’étais jeune étudiant de linguistique à Paris. Depuis, je n’ai jamais cessé d’y retourner puisque le tennis entre temps était devenu ma passion…jusqu’à ce que je déménage de Paris à New York. Alors, mes obligations professionnelles m’ont forcé à rester à New York durant le mois de mai et j’ai été obligé de suivre Roland-Garros à la télé. Cette année encore, dès demain dimanche 26 mai, je serai branché sur la chaine du tennis, Tennis Channel, pendant deux longues semaines.

Il parait que Roland-Garros a fait peau neuve cette année. Le Central a été complètement rénové et plusieurs courts annexes ont été construits, en attendant que le Central soit tout à fait couvert dans deux ans.

Les Français sont super heureux que Roger Federer soit de retour à la Porte d’Auteuil cette année après que le génial Suisse eut pris ses distances avec la terre battue de Roland-Garros pendant quatre longues années. Comment va-t-il se comporter? Si l’on en juge par les deux tournois de terre battue qu’il a disputés cette année, Madrid et Rome, il ne s’en est pas mal tiré. Il a atteint les quarts de finale à Madrid, succombant à Dominic Thiem, le jeune Autrichien que je considère comme le futur numéro 1 mondial. Mais, Federer a dû déclarer forfait avant sa rencontre face au jeune orgueilleux grec, Stefanos Tsitsipas, en huitièmes de finale. Le seul problème réside dans la nouveauté que vont présenter certains courts de Roland-Garros qui ont été plus ou moins refaits et sur lesquels les joueurs peuvent avoir des difficultés à retrouver leurs repères. Djokovic est bien sûr tête de série #1, Nadal est #2, Federer #3, Dominic Thiem #4 et Alexander Zverev, tête de série numéro 5. Il n’y a aucun Américain dans les dix premières têtes de série.

Nadal qui est considéré à juste titre comme le roi de la terre battue (il en a gagné onze, je crois) n’a pas brillé jusqu’à présent sur sa surface de prédilection. Il a perdu Monte Carlo, Barcelone, Madrid et n’a finalement gagné que le tournoi de Rome, généralement considéré comme la dernière préparation avant Roland-Garros. Il faut dire qu’il l’a fait d’excellente manière en infligeant un retentissant 6-0 dans le premier set au numéro un mondial, Novak Djokovic. Il est donc prêt apparemment. Placé dans le même tableau que Roger Federer, il n’aura pas à s’inquiéter selon moi car le génial Suisse ne devrait pas faire le poids à 38 ans sur une surface qui n’est pas sa surface favorite (il n’a triomphé qu’une seule fois sur cette surface) et pourrait même être éliminé avant la deuxième semaine. Je n’aime pas faire des pronostics mais j’imagine que Dominic Thiem remportera Roland-Garros le dimanche 9 juin 2019. Il a été balayé par Rafa Nadal à la finale de l’année dernière mais je crois qu’il aura sa revanche cette année. Thiem est le futur Federer du tennis dont il connait tous les coups. Mais surtout, il possède une concentration, une détermination et une rage de vaincre extraordinaire. Quand on sait qu’il n’a que 22 ans, on imagine la domination qu’il risque d’exercer sur le tennis mondial.

Je dois dire deux mots d’un jeune joueur canadien que j’ai découvert il y a quelques mois et qui m’a émerveillé. Il s’agit de Felix Auger-Aliassime, un joueur de race mixte (son père, Sam Aliassime est d’origine togolaise et sa mère, Marie Auger, est Québécoise de naissance) né à Montréal qui a grandi dans une banlieue de Québec, n’a que dix-huit ans mais il a déjà la graine d’un champion. Il a déjà battu l’orgueilleux Grec Stephanos Tsitsipas trois fois quand ils jouaient en catégorie junior et possède tous les coups du tennis. Félix Auger-Aliassime confirme la percée du tennis canadien sur la scène internationale grâce à ses enfants d’immigrants (Denis Shapovalov, Milos Raonic, Vasek Pospisil) et il est promis à un bel avenir.

Qu’en est-il du tennis féminin? Les sœurs Williams sont définitivement sur le déclin, surtout Venus qui, à 38 ans, a toutes les peines du monde à passer le deuxième tour d’un tournoi mineur. Serena ne s’est pas encore remis de sa maternité et multiplie les abandons dus à des blessures. Entretemps, la machine des joueuses de l’Europe de l’Est s’est mise en branle et se propose de tout rafler. Heureusement que la nippo-haïtienne Naomi Osaka surveille les allées et venues de ce beau monde si talentueux et ne compte pas se laisser faire, s’accrochant à sa place de numéro 1 mondial, malgré Simona Halep, la redoutable petite Roumaine et Petra Kvitova, la brillante et jolie gauchère Tchèque. Naomi Osaka peine à s’adapter à la terre battue et je crains qu’elle n’arrivera pas à passer la première semaine de Roland-Garros. Si mes doutes se confirment, ce sera, je pense, Simona Halep qui regagnera sa place de numéro 1.

Soulignons pour terminer l’afflux d’euros qui vont pleuvoir cette année sur Roland-Garros. Le vainqueur du tournoi, homme et femme, recevra 2.3 millions d’euros, une coquette petite somme, et le perdant, homme et femme, empochera la moitié de cette somme.

En attendant, je compte les jours qui me rapprochent de la date du 3 juin 2019, jour de la mise en vente des billets pour le US Open à Flushing Meadows. Pour des raisons professionnelles, je râte Roland-Garros régulièrement mais pour rien au monde je ne saurais rater le Us Open, mon second tournoi de tennis préféré.

Hugues Saint-Fort
New York, mai 2019     

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