Résumé:

La semaine qui vient de s’écouler s’est révélée particulièrement riche en termes de faits d’actualité dignes d’intérêt. C’est d’abord l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse; ensuite trois événements sportifs passionnants, tous les trois se déroulant en Europe: l’Euro de foot 2021, le Tour de France, et Wimbledon; finalement, je dirai quelques mots du Festival de Cannes.

Une mise au point cependant avant de commencer: ceux qui me lisent sur Facebook –et ils sont nombreux, vu les longs échanges qui se prolongent sur ma page FB – savent que j’ai inauguré il y a deux semaines une nouvelle chronique que j’ai intitulée «Mon bouillon d’actualités». Je suis loin d’être un novice en ce qui concerne le grand contact avec le public par le truchement de l’écrit. En effet, entre 2001 et 2009, j’ai tenu sur Haitian Times, le grand hebdomadaire haïtiano-américain de New York, une chronique culturelle (littérature, linguistique, histoire, études créoles, faits de société) régulière, très prisée du public, intitulée «Du côté de chez Hugues». Je suis donc dans mon assiette avec cette nouvelle chronique sur Facebook en 2021, bien que l’esprit de ces deux chroniques soit quelque peu différent. Dans cette chronique, je me propose de jeter un regard personnel sur des événements qui ont fait l’actualité et qui sont survenus au cours de la semaine écoulée. Je mets en pratique dans cette chronique  la grande différence faite par les journalistes et les spécialistes de sciences sociales entre fait et opinion. Cette chronique exposera mon opinion personnelle sur des faits d’actualité, telle qu'elle se dégage de mes idéologies, ma formation personnelle, ma culture, mes préférences…Le texte qui va suivre est donc ma 3ème chronique.

Il ne fait pas de doute que l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse dans la nuit du mardi 6 juillet au mercredi 7 juillet 2021 dans sa résidence privée, constitue un fait marquant d’une extrême importance qui résonnera longtemps encore dans la presse internationale et dans l’histoire d’Haïti. Curieusement cependant, la majorité de la population haïtienne qui manifestait sans relâche contre le président Jovenel au cours des derniers huit mois, est restée silencieuse jusqu’à présent. De nombreux articles de la presse haïtienne et internationale nous ont renseignés sur les faits bruts et les conséquences qu’ils ont suscitées. Ils sont donc largement connus des lecteurs et nous ne reviendrons pas sur ces informations.

Les questions qui se posent sont les suivantes: pourquoi le président Moïse a-t-il été assassiné? Il est clair qu’il s’est fait de nombreux et puissants ennemis à l’intérieur du pays, une grande partie des membres des classes populaires de Port-au-Prince ont gagné les rues pour manifester contre lui dès l’annonce d’une augmentation du prix du carburant en juillet 2018 et ces manifestations n’ont pratiquement jamais pris fin complètement. Mais, peut-on vraiment tirer une relation directe entre la colère des masses populaires haïtiennes et l’assassinat brutal du président Jovenel Moïse?  

On a beaucoup critiqué l’administration du président Moïse et le gouvernement de son prédécesseur, Michel Martelly, pour la disparition de plus de 3 milliards de dollars que le gouvernement de Venezuela avait mis à la disposition de l’Etat haïtien pour des travaux d’infrastructure, d’éducation et de santé dans la société haïtienne.

D’autre part, au cours des 3 derniers mois, un véritable climat de terreur s’était abattu sur Port-au-Prince et ses environs, une conséquence des attaques répétées de gangs lourdement armés qui rançonnaient, kidnappaient et tuaient les résidents de quartiers défavorisés des banlieues de la capitale. Même les forces de la Police Nationale (PNH) n’ont pas été épargnées. Des dizaines de meurtres furent commis sur des personnes politiquement opposées à Jovenel Moïse, certains célèbres chefs de gangs comme Jimmy Cherizier plus connu sous le nom de «Barbecue» ont été perçus comme des alliés de Moïse, bien que Cherizier déclarât publiquement son opposition à Jovenel Moïse dans une conférence de presse tenue le 23 juin.

Rappelons d’une manière générale le contexte historique et sociopolitique du déroulement de ces événements: la société haïtienne a depuis ses origines été marquée par des divisions sociales et politiques basées sur le colorisme. On ne peut pas comprendre les problèmes de la société haïtienne sans tenir compte de l’interaction d’éléments fondamentaux tels la classe sociale, l’éducation, la religion, la région géographique ainsi que le rôle mortel joué par les anciennes puissances coloniales, mais surtout par le tout puissant voisin du Nord, depuis son intervention directe en Haïti le 28 juillet 1915 et l’occupation de la république. A partir du début du 20ème siècle, un troisième facteur contribua à envenimer la situation sociopolitique haïtienne: il s’agit de la présence grandissante d’une communauté syrienne fortement impliquée dans le commerce et les affaires en général. Cette communauté entra tout de suite en conflit ouvert avec le groupe des mulâtres haïtiens qui contrôlaient traditionnellement le secteur des affaires en Haïti. Peu à peu, cette communauté syro-libanaise prit le contrôle de la plus grande partie de l’économie haïtienne, au point que selon certains analystes, ce serait une douzaine de familles d’origine syro-libanaise qui contrôleraient presque toute l’économie haïtienne. De plus, cette communauté entretiendrait des liens très forts avec la puissance dominante de la région.

De toute façon, entre la nouvelle de l’assassinat du président et l’évolution de la situation en Haïti ce weekend, une explosion d’hypothèses ont vu le jour dans toutes les communautés diasporiques haïtiennes. Certains ont fait le rapprochement entre la disparition du président et le brusque arrêt des activités meurtrières des gangs qui terrorisaient la capitale haïtienne. …

«Comment ne pas aussi constater la soudaine mise sur pause des activités des gangs, comme si la main qui les manipulait a été soit désactivée, soit occupée ailleurs. Car la dynamique du chaos voudrait que les gangs profitent de cet événement pour imposer leur loi, comme ils l’ont fait ces 4 dernières années. Or c’est le calme plat, un calme qui confirme que le chaos haïtien est bien diplomatiquement réglé. De plus en plus cependant, la tendance est d’expliquer l’assassinat du président comme le résultat d’un complot ourdi de l’intérieur de la classe politique/militaire haïtienne alliée à des forces issues de la communauté internationale. Un article paru dans MediaPart, un célèbre magazine français, explique «qu’Haïti est le théâtre d’expérimentation de la communauté internationale, notamment des Américains, des Français et des Canadiens. Une réalité hélas que les médias internationaux peinent à souligner par manque d’éthique. Car en précisant qu’Haïti est le pays le plus pauvre et le plus instable de l’Amérique, ils oublient toujours de dire que sur ce pays ce sont les Américains, les Français, les Canadiens, avec leurs agences, leurs attachés culturels et leurs ONG qui y règnent en maitres.»

«Mais le vrai message que renferme cet assassinat est le suivant: les Haïtiens n’ont désormais plus de pouvoir sur leur pays que ne l’avaient les esclaves sur la colonie de St. Domingue. Haïti a atteint un tel niveau d’insignifiance, par le déracinement culturel et la déshumanisation des élites qui s’y sont constituées que la communauté internationale peut, délibérément à sa guise, mettre un chien à la tête de ce pays, qu’il n’y aura aucune indignation collective…»

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Rarement le monde du sport aura connu une fin de semaine aussi éblouissante que celle du 10-11 juillet 2021. D’une part, les activités sportives les plus attractives de la planète étaient représentées, d’autre part, elles se sont déroulées dans presque toutes les parties du monde: Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud. Bien sûr, l’Europe s’est taillée la part du lion, avec le samedi 10 juillet, la finale dames de tennis à Wimbledon qui a vu la victoire en 3 manches de l’Australienne Ashleigh Barty, numéro 1 mondial et joueuse de tennis exceptionnelle, sur la Tchèque Karolina Pliskova; la conservation du maillot jaune sur les épaules du jeune coureur Slovène Tadej Pogacar qui devrait à moins d’une catastrophe finale remporter le Tour une fois de plus cette année.

Le dimanche 11 juillet, tous les regards étaient braqués sur Londres pour les deux plus grands événements du jour. D’abord, la finale de Wimbledon qui a vu Novak Djokovic remporter son 20ème  titre de Grand Chelem en battant Matteo Berrettini. Ce faisant, Djokovic a égalé le record de Nadal et Federer qui chacun avait gagné 20 titres de Grand Chelem. Il reste à Djokovic deux tournois de Wimbledon à remporter pour égaler le record du génial Suisse qui en a gagné huit. Est-il capable d’un tel exploit dans la mesure où Federer, vraisemblablement, va bientôt prendre sa retraite (il aura 40 ans le mois prochain)?

Désormais, Novak Djokovic peut viser le Grand Chelem calendaire en tachant de remporter l’US Open à New York en septembre prochain. Rappelons que le Grand Chelem calendaire se conquiert quand on remporte au cours de la même année l’Open d’Australie (janvier), Roland Garros (mai/juin), Wimbledon (juillet) et l’US Open (septembre). Actuellement, un seul joueur a réussi cet exploit. Il s’agit de l’Australien Rod Laver (The Rocket) en 1969.

Mais, ce dimanche 11 juillet s’est aussi jouée la finale de l’Euro de foot qui mettait aux prises l’Angleterre et l’Italie. Les joueurs italiens ont fait preuve d’une formidable force collective qui leur a permis de terrasser les Anglais devant leur public survolté qui croyait que la victoire leur revenait de droit. Mais, la Squaddra Azzurra a réussi le tour de force de faire taire tout un stade de 65.000 spectateurs. Après le nul (1-1) obtenu à la fin du temps réglementaire, les deux équipes ont joué les prolongations qui n’ont rien donné. On a du donc en arriver aux tirs au but que les Italiens ont remporté 3-2. Signalons que le gardien italien Gianluigi Donnarumma a arrêté deux tirs au but face à Jadon Sancho et Bukayo Saka.

Je ne saurais passer sous silence l’injustice exercée sur les autres équipes de l’Euro puisque l’Angleterre a pu jouer 6 de ses 7 matches dans son stade de Wembley, alors que toutes les autres équipes ont du se déplacer de ville en ville à travers 11 stades. En ce sens, je me réjouis que l’Angleterre ait fini par perdre la finale. Je suis d’autant plus satisfait que les sportifs anglais ne m’ont jamais impressionné, spécialement en foot et au tennis. J’ai toujours pensé qu’Andy Murray ne mérite pas du tout la réputation qu’il porte. D’autre part, les footballeurs anglais, à mon avis, sont loin de justifier individuellement leur réputation mondiale.                

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On le sait, le Festival de Cannes est la plus grande fête du cinéma au monde et le rater, pour les inconditionnels, représente incontestablement une grande perte. Heureusement, il y a la télé car le cinéma, «c’est aussi de la télévision». Créé en 1946, le fameux Festival célèbre cette année sa 74ème édition. Il est marqué par plusieurs symboles récurrents tels que la montée des marches du palais des festivals, pour ne citer que le plus célèbre. La Palme d’or reste la récompense suprême mais d’autres sélections sont tout aussi irrésistibles telles «La Quinzaine des réalisateurs» ou la «Semaine de la critique».

Ce n’est pas la première fois que le cinéma haïtien se fait remarquer mais cette année, on aura le plaisir de découvrir un film d’une réalisatrice haïtienne, Gessica Généus qui, après avoir débuté comme actrice (Cousines 2006, Everything But a Man 2016) a décidé de passer derrière la caméra, comme réalisatrice. En juin 2021, le film de Gessica Généus, «Freda» a été retenu pour être lancé dans la compétition de la sélection Un Certain Regard, avec entre autres,  Néhémie Bastien et Gaëlle Bien-Aimé. «Freda» dure 1h33 minutes et les dialogues sont en Kreyòl, français et anglais. Bonne chance à «Freda».

Hugues Saint-Fort
Juin 2021

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 Viré monté