Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Une Académie de langue kreyòl ou une politique linguistique en Haïti?

(Première partie)

Hugues Saint-Fort

L’objectif principal de cet article est de montrer la nécessité d’une politique linguistique en Haïti. Au passage, je défends la thèse que la création d’une Académie de la langue kreyòl, telle qu’elle est instituée dans les textes de la Constitution de 1987, n’est pas d’une utilité sociale, linguistique, et éducative majeure en Haïti. Ce dont la société haïtienne a réellement besoin, c’est d’une politique linguistique officielle qui affecte aussi bien le corpus, la structure (orthographe, prononciation, grammaire, vocabulaire) que le statut (variété qui devrait être utilisée, où elle peut être utilisée) de la langue kreyòl. Mais, la langue kreyòl n’est pas la seule langue parlée dans la société haïtienne. Si l’article 5 de la constitution de 1987 nous rappelle que «tous les Haïtiens sont unis par une langue commune: le créole», ce même article 5 signale tout aussi clairement que «le créole et le français sont les langues officielles de la République.» Ce statut de langue officielle attribué au kreyòl et au français en Haïti force à considérer que le destin des deux langues dans la société haïtienne est inséparablement lié, même si leur usage et leur statut  sont inégalement répartis.

À la suite du linguiste français Louis-Jean Calvet (1999), j’entends par politique linguistique «l’ensemble des choix conscients effectués dans le domaine des rapports entre langue et vie sociale, et plus particulièrement entre langue et vie nationale.» Pour Calvet, la notion de «planification linguistique» implique celle de politique linguistique, la planification linguistique étant définie comme la recherche et la mise en œuvre des moyens nécessaires à l’application d’une politique linguistique. De plus en plus, les linguistes tendent à s’éloigner du terme «planification linguistique», version française de l’expression anglaise «language planning» très utilisée dans les années 1970-1980, mais qui peut soulever des connotations négatives, liées à «un certain autoritarisme incompatible avec le respect des droits des minorités linguistiques» (Rousseau 2005: 61). Au Québec en particulier, la minorité anglophone appréciait mal la politique linguistique conduite par les décideurs et les linguistes francophones, politique linguistique associée à une sorte de dirigisme étatique (Maurais 2008). On le remplace généralement par «aménagement linguistique» terme proposé par le linguiste québécois Jean-Claude Corbeil et qu’un autre linguiste québécois, Louis-Jean Rousseau (2005), définit ainsi: «Toute intervention d’une instance nationale ou internationale, ou d’un acteur social, qui vise à définir les fonctions ou le statut d’une langue ou de plusieurs langues en concurrence, sur un territoire ou dans un espace donné (aménagement du statut), ou à standardiser ou à instrumentaliser une ou plusieurs langues pour les rendre plus aptes à remplir les fonctions qu’on leur a assignées (aménagement du code) dans le cadre d’une politique préalablement définie.»

Louis-Jean Rousseau continue ainsi: «L’aménagement linguistique consiste en la mise en œuvre de la politique linguistique d’un État ou d’une organisation qui souhaite intervenir explicitement sur la question des langues.»   Cette explication qui est très proche de celle énoncée plus haut par Calvet dans sa définition de la planification linguistique sera à la base de notre discussion.

Ce texte est articulé autour de deux axes principaux: dans une première partie, j’expliquerai pourquoi je ne soutiens pas la création d’une Académie de la langue kreyòl d’Haïti; dans une deuxième partie, je présenterai les raisons pour lesquelles il est nécessaire d’adopter une politique linguistique en Haïti.  

Qu’est-ce qu’une académie?

 Selon Le Petit Robert (2011), une Académie est une «Société de gens de lettres, savants, artistes.» Il existe des académies de langues, des académies d’art, des académies de sciences. La mission d’une académie est de veiller aux usages dans leurs disciplines respectives et, dans le cas des académies de langues, de publier des ouvrages tels que des dictionnaires, des grammaires, etc. Dans le monde occidental, L’Accademia della Crusca a été l’une des premières académies instituées. Elle a été  fondée en Italie en 1582. (Crystal 1987, Lodge 1997). Son objectif était de purifier la langue italienne. La plus célèbre académie dans le monde occidental est sans doute l’Académie française. Elle a été établie par le Cardinal Richelieu en 1635. Selon l’article XXIV des Statuts, «la principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences.» L’Académie française, dès sa création, est composée de quarante membres qui avaient l’honneur de siéger à vie et qu’on appelle les Immortels.

À la suite de l’Académie française, plusieurs autres Académies ont vu le jour en Europe et dans le monde. Selon Crystal 1987: 4, l’Académie espagnole fut fondée en 1713 par Philip V et, dans l’espace de 200 ans, des Sociétés correspondantes furent instituées dans beaucoup de pays de l’Amérique du Sud hispanophone. En 1786, une Académie suédoise fut fondée, en 1830, ce fut le tour d’une Académie hongroise. Il existe trois Académies de langue arabe, l’une en Syrie, l’une en Iraq et une autre en Egypte. Une Académie de la langue hébraïque a été fondée en 1953. L’Angleterre n’a pas été en reste vis-à-vis de cette idée de créer une Académie de langue qui circulait en Europe. Au 17ème siècle,  une proposition de créer une académie fut soumise et appuyée par John Dryden et Daniel Defoe (Crystal 1987). Pour Defoe, la réputation des membres de cette académie «would be enough to make them the allowed judges of style and language; and no author would have the impudence to coin without their authority…There should be no more occasion to search for derivations and constructions, and it would be as criminal then to coin words as money.”  (sera suffisante pour les rendre  juges indiscutés du style et de la langue; et nul écrivain n’aura l’imprudence de créer de nouveaux mots sans leur autorité…Il n’y aura plus d’occasion de chercher des dérivations et des constructions, et créer de nouveaux mots serait aussi criminel que de fabriquer de la monnaie…) [ma traduction].

En mission diplomatique en Europe pendant la Révolution américaine, John Adams qui a été le premier vice-président des Etats-Unis et le second président américain a soumis au président du Congrès une proposition pour une Académie de la langue américaine. C’était le 5 septembre 1780. Voici quelques passages de cette proposition traduite en français:

«La plupart des nations d’Europe ont jugé nécessaire d’établir des institutions d’autorité publique pour réglementer et améliorer leurs langues respectives. Je n’ai pas besoin de mentionner les académies de France, d’Espagne et d’Italie, leurs travaux érudits ni leurs grands succès….L’honneur de former la première institution publique pour l’épuration, la correction, l’amélioration et la préservation de la langue anglaise est, je l’espère, réservé au Congrès; …Je soumettrai donc à l’attention du Congrès l’opportunité et le projet de fonder, sous son autorité, une société nommée «Académie américaine pour l’amélioration, le perfectionnement et la préservation de l’anglais». cf. http://www.tlfq./ulaval.ca/axl/amnord/USA-Adams-anglais.htm

Haïti a-t-elle besoin d’une Académie de langue kreyòl?

Tout d’abord, il est important que je fasse une nécessaire mise au point. Contrairement à ce que disent certains (Léger 2011), je n’ai jamais demandé que «l’Académie du CH soit calquée sur le modèle de l’Académie française ou de l’office de la langue française du Québec.» En introduisant l’exemple de l’Académie française, mon raisonnement s’appuyait sur le point suivant: Dans toutes les sociétés où elles existent, les académies de langue poursuivent les mêmes objectifs: ce sont des institutions qui veulent imposer une variété linguistique sur des bases prescriptives, et qui véhiculent leur idée de la «pureté» d’une langue, qu’elles doivent défendre contre des éléments étrangers, ou contre des éléments considérés comme «inférieurs»… Une Académie de langue kreyòl qui veut se situer dans la ligne traditionnelle des académies devra suivre cette même direction. Sinon, ce ne sera pas une Académie de langue.

Donc, l’idée d’une académie de langue dans les sociétés occidentales ne date pas d’hier.  Cette académie, dans l’esprit de tous ceux qui en ont proposé une, se devait de mettre sur pied une variété de langue qui soit, d’après eux, supérieure et prestigieuse. Dans la plupart des sociétés où ont été créées des Académies de langue, l’objectif a toujours été d’épurer, de purifier, de corriger la langue parlée par les locuteurs de la communauté linguistique. Les Académies de langue existent parce que, dans l’optique de leurs fondateurs, il y a un usage «correct» et «incorrect» de la langue et c’est le rôle d’une Académie de prescrire l’usage «correct». (Milroy and Milroy 1991).

Ce sont les Français qui ont porté au plus haut point l’idéal d’une variété de langue considérée comme le guide suprême, le modèle à suivre, ce qu’on a appelé le «bon français». Entre le 16ème et le 17ème siècle en France,  les ouvrages prescriptifs se multiplièrent pour culminer avec la création de la fameuse Académie française. Pour le linguiste britannique R. Anthony Lodge (1997: 213-214), «il est clair que cette institution a joué un rôle majeur dans la codification de la langue standard en France et qu’elle continue aujourd’hui à se comporter comme le gardien du bon usage, sans qu’il y ait lieu d’exagérer l’influence réelle qu’elle exerce dans ce domaine.»

Qu’est-ce qu’une Académie de langue kreyòl apporterait à la communauté linguistique haïtienne? Il y a une tendance récente chez la plupart des intellectuels haïtiens à insister sur la mise en place d’une Académie de langue kreyòl. Je ne suis pas sûr que ce soit parce que cela est indiqué dans la Constitution de 1987. Pour la majorité des locuteurs haïtiens qui réfléchissent ces derniers temps à la situation linguistique haïtienne, la création d’une Académie de langue kreyòl devrait résoudre les problèmes posés par l’usage de la langue kreyòl dans la communauté linguistique. Pour eux, l’Académie constituerait l’instance suprême à laquelle on aurait recours parce que «c’est l’Académie qui le dit.» L’Académie «fixerait» l’usage des mots et leur prononciation, créerait une grammaire, un dictionnaire et recommanderait ce que ses membres jugeraient être l’usage «correct» de la langue kreyòl. Apparemment, beaucoup de ces locuteurs se retranchent  derrière le prestige de la plus célèbre académie de langue dans le monde (l’Académie française) pour avancer de tels propos sans savoir qu’en France même, le pouvoir et l’influence réelle de cette Académie se trouvent extrêmement limités.  Dans la réalité historique, c’est la conjoncture politique et intellectuelle de la société française de l’époque (vers 1630) qui a favorisé l’émergence de l’Académie française; il était nécessaire d’affirmer l’unité de l’ État et de la société et de resserrer leurs liens par et autour de la langue française (Hélène Carrère d’Encausse 2011). Le latin était pratiquement une langue morte, le français était à l’époque un dialecte non standardisé, qui faisait face à un grand nombre de parlers locaux mais qui n’était guère employé qu’à la cour et dans les actes administratifs (Hélène Carrère d’Encausse 2011). 

Une Académie de langue kreyòl et la situation sociolinguistique d’Haïti

La situation sociolinguistique d’Haïti présente des particularités fort différentes par rapport à celle de la France. Malgré le statut de langue officielle dont jouissent les deux langues, français et créole dans la société haïtienne, la majorité des documents officiels du pays, que ce soit en politique, en éducation, ou dans l’administration en général, est rédigée uniquement en français, alors que tous les Haïtiens nés et élevés en Haïti possèdent une compétence (dans le sens chomskyen du terme) en kreyòl et qu’à peine un cinquième de la population haïtienne est capable de parler ou comprendre le français, avec des degrés variables de compréhension et de performance (DeGraff 2007, Dejean 1993).  Si les membres de la future Académie de langue kreyòl s’en tiennent strictement au rôle traditionnel des académies dans le monde, on devrait voir éclore après le lancement de cette Académie kreyòl des jugements prescriptifs sur l’usage de la langue kreyòl, la prononciation des locuteurs,… Ce serait alors le règne du prescriptivisme, du «bon kreyòl» (bon créole)  opposé au  «kreyòl mawon». Quel serait alors le groupe sociolinguistique ou la variété régionale dont l’usage servirait  de modèle ? Et pourquoi ce groupe ou cette variété plutôt qu’un autre?

Quant à la production d’une grammaire et d’un dictionnaire, il est évident que ce serait une grammaire normative et un dictionnaire unilingue créole. Rappelons que la grammaire normative s’occupe d’édicter une variété de langue autour de règles strictes établies par des grammairiens traditionnels (Ne dites pas…mais dites…). Elle décrit le plus complètement possible les conventions grammaticales d’une variété de langue, telles que mises en place par une institution normative (l’École, l’Académie dans les sociétés dotées d’une académie) et cautionnées par les œuvres littéraires des «bons auteurs». À l’opposé de cette tradition prescriptive qui insiste sur la nécessité de suivre les conventions grammaticales, les linguistes et les sociolinguistes, loin de tout jugement de valeur sur les productions linguistiques, s’attachent à décrire l’usage réel des locuteurs dans une communauté et la relative adéquation des différentes variétés d’une langue à différentes situations.

La nécessité d’un dictionnaire unilingue dans la construction d’une lexicographie kreyòl nouvelle ne fait aucun doute et transcende toute question de prescriptivisme. Rappelons que presque tous les dictionnaires existant sur le marché actuellement sont des dictionnaires bilingues (français-créole / créole-français; ou anglais-créole / créole-anglais). Or, la société haïtienne ne peut plus se contenter du strict objet pédagogique du dictionnaire bilingue, c’est-à-dire «traduire, d’une manière suffisamment satisfaisante les messages des communautés linguistiques étrangères avec lesquelles [elle] est en contact culturel ou commercial» (Dubois et Dubois 1971:7). L’usage oral et écrit du kreyòl s’est introduit dans la majorité des domaines autrefois réservés au seul français, bien qu’il y ait encore beaucoup à faire. Il est donc important de «maitriser les moyens d’expression par l’analyse sémantique, syntaxique, morphologique ou phonétique de la langue. Le dictionnaire aide à valoriser les comportements verbaux dans une société où ces derniers tiennent une place socialement discriminante.» (Dubois et Dubois 1971: 7). C’est l’un des rôles du dictionnaire unilingue et, en ce sens, la communauté linguistique haïtienne a grandement besoin d’un dictionnaire unilingue créole. Il est important cependant de souligner qu’un dictionnaire n’est absolument pas l’œuvre d’un seul auteur mais que c’est avant tout le résultat d’un travail d’équipe. Les données sur lesquelles sont construits les dictionnaires unilingues spécialement ont été rassemblées après un long travail de terrain où les questions peuvent être posées oralement, durant une entrevue, ou à l’aide de questionnaires écrits.

Selon l’article 213 de la Constitution de 1987, «une Académie haïtienne est instituée en vue de fixer la langue créole et de permettre son développement scientifique et harmonieux». Pourquoi vouloir fixer une langue quand on sait qu’utiliser une langue reste une activité vivante,  dynamique  et créatrice?  Toute langue doit évoluer, changer, se transformer. La variété kreyòl qui est parlée en Haïti en 2013 comporte de nombreux changements par rapport à celle qui était en usage en 1930 par exemple. Plusieurs mots ont disparu, d’autres ont fait leur apparition, notamment dans le domaine des sciences, des technologies, des relations quotidiennes, de la politique, de l’éducation…D’autre part, les écrivains jouent un grand rôle dans l’évolution et l’enrichissement de la langue. Cela se constate dans toutes les langues. «Fixer» une langue ne revient-il pas à étouffer l’activité créatrice des écrivains? L’article 213 de la Constitution semble signer l’arrêt de mort de la création lexicale des grands créateurs haïtiens d’expression créole tels Frankétienne, Robert Large, Georges Castera…

On se crée beaucoup d’illusions en présentant l’institution d’une Académie de langue créole comme la solution miracle à tous nos problèmes d’ordre linguistique. S’il est vrai qu’il est temps que décideurs et linguistes en Haïti doivent collaborer pour agir sur la structure et sur le statut de la langue créole, il est tout aussi clair que ce n’est pas l’établissement d’une Académie de langue créole qui règlera la problématique créole dans la communauté linguistique haïtienne. Si l’on veut apporter une réponse pertinente au «problème linguistique haïtien», c’est-à-dire la promotion du statut social de la langue première de tous les locuteurs haïtiens nés et élevés en Haïti, ainsi que l’aménagement de la langue elle-même, sa codification, sa standardisation dans une société où la langue dominante socialement, celle qui donne accès à la mobilité sociale, le français, n’est pas parlée, ni comprise par l’immense majorité des locuteurs haïtiens, l’adoption d’une politique linguistique demeure indispensable. L’heure n’est plus aux décisions motivées par la recherche de «prestige» mal déguisé qui n’ont pas grand-chose à voir avec un traitement sérieux, efficace et permanent du problème linguistique haïtien. A mon avis, ce qu’il faut en Haïti, c’est la mise en place d’une politique linguistique officielle, déclarée, «dotée d’un dispositif spécifique (structures, lois et textes réglementaires, agents) (Boyer 1996). C’est de cela que je parlerai la prochaine fois dans la suite de cet article.

A suivre
Hugues Saint-Fort

Références citées:

  • Boyer, Henri (dir.) 1996 Sociolinguistique. Territoire et objets. Switzerland: Delachaux et Niestlé.
     
  • Calvet, Louis-Jean 1999 La guerre des langues et les politiques linguistiques. Paris: Hachette.
     
  • Carrère d’Encausse, Hélène 2011 À quoi sert l’Académie française? Le Point.fr 25 /11/ 2011.
     
  • Crystal, David 1987 The Cambridge Encyclopedia of Language. Cambridge: Cambridge University Press.
     
  • DeGraff, Michel 2007 Kreyòl Ayisyen, or Haitian Creole (‘Creole French’) in Comparative Creole Syntax edited by John Holm and Peter L. Patrick, pp.101-126. United Kingdom: Battlebridge Publications.
     
  • Déjean, Yves 1993 Overview of the language situation in Haiti in International Journal of the Sociology of Language, 102: 73-83.
     
  • Dubois, Jean et Dubois, Claude 1971. Introduction à la lexicographie: le dictionnaire. Paris: Larousse.
     
  • Léger, Frenand (2011) Création de l’Académie du créole haïtien: futilité ou utilité sociale? in: AlterPresse, 29 octobre 2011.
     
  • Lodge, R. Anthony. 1997 Le français. Histoire d’un dialecte devenu langue. Paris: Fayard.
     
  • Milroy, James and Milroy Lesley 1991 Authority in Language. Investigating Standard English. London: Routledge.
    Rousseau, Louis-Jean 2005 Elaboration et mise en oeuvre des politiques linguistiques.                 

boule

 Viré monté