Avec une sobriété de ton, dans la mélancolie comme dans l’émerveillement, le poète André Fouad vient de publier «Mélodie des mots et autres poèmes» chez les éditions de la rosée aux Gonaïves.  Avec ce livre, le poète a pris le chemin de l’écriture pour réaffirmer son attachement à la vie et la nécessité de la poésie comme fondement de ce chemin.

S’il est reconnu comme un comédien talentueux, André Fouad est aussi un poète avec des recueils salués par la critique en Haïti. Fouad est un écrivain du dehors, (Stéphane Martelly). Il vit en Amérique du Nord depuis de nombreuses années. Toute son œuvre est un voyage entre son pays natal et ailleurs. Il se nomme lui-même écrivain «pye poudre». Son œuvre est un voyage, une errance solitaire. On y entend une voix singulière qui nous parle d’amour et des choses simples de la vie, le silence.  Cette poésie est aussi un inventaire de notre temps. Dans «Mélodie et autres poèmes» le jazz et la poésie se côtoient. Le livre fait de chaque poème un événement complet, un regard unique, lié aux autres.

Y’a plus de blues Sous mes lampadaires de mai Y’a plus d’abandon Plus de bougies d’exildans ma ville «pop» avalanche de graffitis moitié nue moitié folie nuit en tenue de mariée ta musique me chatoulle encore Je fume le calumet de l’amour comme un fou au rythme de tes pas d’oiseaux de nuit de tes pas fantasmes de papillon d’été ma renaissance aux mille couleurs aux carrefours de tes désirs bleus ma folie est l’unique chanson que j’ai apprise à hurler à nommerà dessinerà mémoriser sur les places publiques sur les boulvards de sainte-catherine à sainte-anne des abymes à Tel-Aviv rêver de papier mâché de bateaux ivres rêver de tout rêver de loin rêve de tout et de rien ma vie en ébullition

Le livre est tout ensemble une méditation et l’affirmation d’un art poétique. Cette poésie est ancrée dans le réel. Écrire un poème, c’est témoigner des sens et de ce que l’on ressent. Le poète explore le réel. Tout est poésie avec André Fouad. Le sourire d’un enfant, la brise du soir, l’éclat de la mer sur le rocher. Le bruit de la ville. Chez André Fouad la ville est toujours présente. Toutes les villes du monde. 

J’ai flirté avec la nuit Dans une boite de nuit à Harlemmain dans la main j’ai flirté avec la nuit jusqu’au bout témoin de mes faux –pas non déclarés des ratures du vent de mes ombres frivoles tant de baobab sans âme sans histoire sans sépulture regard de tant de villes en perte de vitesse

Dans sa solitude d’écrivain, André Fouad affirme l’acte même de sa parole, la poésie est le «réel absolu». Comment vivre? Où vivre? se demande le poète. Il sait bien que sa vraie maison c’est le langage, cette merveille des merveilles. Dans sa poésie, il y a aussi la douleur du monde, ce qui se dérobe derrière les regards. Ce livre est une méditation sur les liens entre l’homme et le monde.

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Viré monté