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Une cuvée poétique d'exception,
bien d'ici et d'ailleurs...

Par Louisa Lafable, poète réunionnaise
Montréal, le 28 juillet 2013

Une cuvée poétique d'exception, bien d'ici et d'ailleurs...

Environ 120  amateurs et/ou aficionados de lettres poétiques s'étaient présentés à la librairie-bistro  Olivieri - en majorité la diaspora haïtienne - samedi 27 juillet dernier, au livre-événement «Un livre pour deux îles», de Robert Berrouët-Oriol, poète-linguiste terminologue primé.

Bien accueilli(e)s (comme à la maison), dès l'entrée au 5219, chemin Côte -des Neiges à Montréal, nous étions gentiment guidé(e)s vers l'espace où se tenait la maitresse de cérémonie aux multiples talents, la chanteuse-interprète Athésia.

À cet événement, nous y avons  croisé et salué quelques personnalités dont l'artiste-peintre Anthony Benoit, Gary Klang, poète, l'auteur entres autres de «Il est grand temps de rallumer les étoiles», Frantz Voltaire, le fondateur du Centre international de documentation et d'information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne (CIDIHCA) de Montréal, mais aussi un des co-directeurs de l'ouvrage «L'image de l'enfant dans les conflits», Kodjo Attikpoé, docteur en littérature de langue française et littérature allemande.

Hormis, au début, les présentations d'usage quelque peu amphithéâtrales du poète-frère Joël Des Rosiers (Nous ne sommes pas à un cours magistral! m'écrivait discrètement un chercheur en littérature), et quelques lectures ultra-rapides d'auteurs trop empressés de conclure --on s'entend pour dire (et écrire dans ce cas-ci) que ne rentre pas facilement qui veut dans les textes haut de gamme de ce poète à la langue bien pendue et suspendue.

À l'exception d'Anthony Phelps. Maître-diseur, ce poète confirmé, avait hautement relevé ce défi sans difficulté aucune, dans la simplicité du verbe. D'ailleurs, il était l'un des rares à trouver dans la plume précoce et précieuse de Berrouët-Oriol, la panacée d'une littérature d'avenir.
 
«Honèr et respè ! gentes dames de la société !»

... comme aurait pu dire feu Mimi Barthélémy, conteuse haïtienne, partie trop tôt.

Qu'à cela ne tienne!

Loin de faire peur aux cinq lectrices  invitées de Berrouët-Oriol.

Brillantissime  fut la prestation de la comédienne  Marie-Michelle Volcy. Elle nous a en-chan-tées avec  sa mise en voix charmante et chaude, le ton juste et justifié, l’articulation sans anicroche, l’écho du silence (même le silence ponctuait son rythme) et  les superbes phrasées en bouche créole.... Nous étions toute ouïe  tendue et détendue. Le temps de ces mots  nous étions quelque part à voguer vers deux îles (si ce n'est plus...): Jacmel, île-Matrice de bien des poètes (île bio du poète célébré) et  sur l'île de Montréal, île adoptive.

Admirables lectrices, que ferions nous sans vous?

Joujou Turenne amie du vent: étonnante et captivante conteuse: Elle lui a donné une résonance, des  images. Nous étions enchantés par l'histoire où chaque lettre sonnait avec raison, sens, sons et sentiments. Elle y a insufflé «l'anima ». Bravo Joujou Turenne amie du vent !  Ton talent est in-dé-nia-ble!

Combien d'auteurs peuvent s'enorgueillir de vous avoir comme grande lectrice?... si peu hélas!

Je tiens à souligner votre excellent travail à toutes (Maguy Métellus, Violaine Forest et son excellent résumé) pour votre sens de l'écoute active et votre courage d'aller puiser dans vos espaces intérieurs respectifs, l'âme de ces textes RBOuesques. Vous avez rendu la poésie de l'auteur vivante, vibrante, émouvante. Inoubliable!

Sous le charme...

Nous l'étions déjà dès les premières notes de l'artiste-interprète  Athésia: avec sa voix calme, suave, délicatement posée sur une musique bossa-novesque du guitariste Gary Crèvecoeur. Il y avait ajouté son grain de sel de musicien en accompagnateur remarqué et remarquable. Mèsi anpil !

Aucune question n'a été soulevée dans l’auditoire médusé sinon envouté. C'est vous dire combien l'auditoire était conquis. Pour sûr, des commentaires élogieux ne tarderont pas. J'en veux pour preuve celui dithyrambique de Marie-Line Rousseau diffusé sur Faccebook:

«La vente signature de "Un livre pour deux îles" de Robert Berrouët-Oriol a été un évènement d'une rare beauté. Gérard Barthélémy l'aurait peut-être qualifié de splendeur d'un après-midi de poésie...

Séisme

Fractures
Brûlures
Fêlures
Le désastre est omniprésent sur cette île qui habite le poète et "qu'il porte en bandoulière".
Robert Berrouet-Oriol voudrait découdre le désastre, il nous le dit lui même, il a trop longtemps bivouaqué...»

Merci Robert Berrouët-Oriol, «poète d'ici et d'ailleurs»  d'avoir décousu  le désastre avec tant de créativité et d'émotion, donnant ainsi la place, avec la générosité du dire et du faire, à ces talents d'île-ci et de là-bas, au féminin pluriel. Je ne manquerai pas ici de saluer ces personnalités québécoises que sont Tristan Malavoix et Pierre Nepveu. Le poète-penseur -diplomate chilien Pablo Neruda disait: «Le poète n’est pas une pierre éboulée, il a deux devoirs sacrés: partir et revenir.»

Hier, nous avons voyagé pendant trois sublimes heures.

La femme de lettres poétiques  que je suis s'est sentie en apesanteur, sur une autre île, la sienne: l'île de La Réunion dans l'Océan Indien et de toutes ses îles dont regorgent la planète quand on veut bien prendre le temps de comprendre l'écho de leurs poètes et de leurs peuples...

Respè.

Voilà un concept de lancement à conserver.

Louisa Lafable, poète réunionnaise.

«Effets mer ou les empreintes de l'âme» (1ère et 2ème éditions)
Éditions Grenier

Une cuvée poétique d'exception, bien d'ici et d'ailleurs...

 boule

Viré monté