Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Résumé de la conférence sur Haïti de Montréal

11-12 décembre 2004

Marilou

Premier Ministre Paul Martin :

Invitation de la grande diaspora pour la cause d'Haïti qui apporte une importante contribution à la communauté canadienne. Constat de la solidarité spontanée lors du sinistre de Gonaives, le Canada propose la construction d'un projet de société pour Haïti. Déjà $180 millions investis à travers le CCI, montant qui sera étalé sur 2 ans. Vision de création d'emplois. De plus il faut bâtir sur l'avenir et ne pas avoir la nostalgie du passé, regarder de l'avant. Engagement du gouvernement canadien à travers la déclaration de Ouagadougou.

Amélioration du système judiciaire: formation de magistrats, cour des petites créances, revue générale du droit haïtien etc. Nous sommes des partenaires privilégiés dans la reconstruction du pays. Exemple, Hydro Québec à Jacmel : électricité 24/7 à élargir dans d'autres points du pays.

Financement des coûts pour les élections, appui à la police, réconciliation nationale entre tous les Haïtiens. Désarmement, la violence est un sérieux frein au développement.

Objectif de la réunion : propositions concrètes d'action doivent venir des ateliers.

Premier Ministre Gérard Latortue :

Diaspora élément le plus important pour changement de mentalité indispensable. Recherche de solutions durables. La nature ayant donné des signes lors des évènements de Mapou, Fonds-Verettes et Gonaives, des mesures devant être prises au sujet des carrières de sable n'ont pu se réaliser car trop d'intérêts personnels en jeu, par des personnes qui ne pensent pas pour la collectivité, qui ne pensent pas «pays».

Volonté de travailler avec tous les Haïtiens, nous n'avons pas d'ennemis politiques, nous ne faisons partie d'aucun parti politique et les membres du gouvernement ne vont briguer aucune position politique une fois leur mandat terminé.

Il y a une perte de référence pour la jeunesse livrée à elle-même, la diaspora est invitée à retourner en Haïti pour renforcer les valeurs.

Je vous mentirais si je vous disais que le pays va bien .Comment pouvez-vous aider?

Domaines où partager vos talents:

1er domaine: Elections, participation dans le processus électoral en tant qu'observateurs mais surtout en tant que superviseurs car on le sait, c'est après la fermeture des bureaux que les magouilles commencent.

2ème domaine: Investissements, création d'emplois, les transferts d'argent créent une dépendance envers vous. Il serait mieux de créer de petites et moyennes entreprises qui permettraient d'abord la décentralisation et créeraient des emplois qui seraient occupés par vos parents.

3ème domaine: Accueil pour les retraités, établir et vivre comme des princes en Haïti avec votre pension bien méritée. Passez vos vacances. Il y a des infrastructures indispensables telles l'énergie et la construction de routes à mettre en place, ce qui augmenterait la qualité de la vie et établirait des moyens de communication.

4ème domaine: Besoins de professionnels (professeurs, médecins, infirmières, économistes) qui aideraient à changer le curriculum des universités qui est obsolète dans certains domaines, partager vos expériences avec les Haïtiens moins fortunés que vous, élargir leur vision car vous avez d'autres expériences.

Sujet de la double nationalité: principe difficile à mettre en place, cependant préparation d'une réforme constitutionnelle pour achever le projet déjà mis en place sous le gouvernement de M. Aristide, afin que les Haïtiens soient considérés haïtiens une fois qu'ils sont en Haïti. Ex. Un Juif est un Juif lorsqu'il est en visite en Israël.

Sécurité: vous avez peur d'aller au pays, mais l'insécurité n'est pas généralisée, il y a trois foyers connus, le Bel-air, Cité Soleil et Martissant. Nous assistons à une guérilla urbaine et la police n'a pas été préparée pour ce genre de situation avec une formation de 6 semaines donnée à la plupart des membres de l'institution, de plus la police est sous-équipée. Il existe une forme d'insécurité qui ne devrait pas vous faire avoir peur.

Il arrive aussi parfois que la presse exagère la situation, par exemple lors du passage de M. Colin Powell, une voiture est passée devant le palais et on a tiré un seul coup de feu en direction du palais. Les soldats de la MINUSTAH ne sachant d'où venait le coup de feu, se sont mis à riposter et la presse a rapporté qu'il y avait une vraie bataille. C'est ainsi que le président Leonel Fernandez qui devait nous rendre visite a annulé son voyage à cause de « ce qui est arrivé à Colin ».

Projets de développement :

1.4 milliards de dollars ont été déboursés pour des projets en juillet, le mois d'août est un mois de vacances, on n'a pas travaillé sur les dossiers. Le rythme des missions a ralenti à cause du 29 novembre lorsque des hommes et des femmes ont commencé une opération de violence dans le pays.

Cependant aujourd'hui le FMI a signé le protocole.

La Banque Mondiale a réuni son conseil d'administration et le 6 janvier prochain l'argent sera déboursé.

Nous avons des programmes de projets à haute intensité de main d'œuvre pour créer des emplois pour la fin de l'année 2004 afin de venir en aide aux petites bourses pour les fêtes. Le Ministre des Finances est déjà averti et dès lundi matin les projets seront mis sur pied.

Ministre Jacques Saada :

Sans sécurité, pas de projets

Nous visons à la relance économique d'Haïti

Réconciliation de la nation est indispensable

Réforme judiciaire aussi indispensable

Le droit à la nourriture pour chaque Haïtien

Représentant de l'ONU, Juan Gabriel Valdes :

Nous travaillons 16 à 17 heures par jour pour régler les urgences, je suis un latino-américain et mon pays de même que les autres pays de l'Amérique latine ont connu les problèmes posés après le passage de régime totalitaire, nous voulons vous aider à profiter de notre expérience.

Notre tâche est à la fois globale et intégrale, cependant la sécurité ne saurait se résoudre sans la réconciliation.

La sécurité est la priorité absolue particulièrement dans l'année électorale.

Le déploiement des troupes a été long, cependant nous aurons 6'300 soldats en début de l'année prochaine.

Il y a difficulté de coordination avec cette police que nous devons aider, elle n'est pas bien vue de la population.

La violence urbaine est organisée et c'est la première fois que l'on vit cela en Haïti.

Si cela s'avère nécessaire nous allons confronter la violence et pour cela nous devons couper les liens entre la violence politique qui mène à la violence physique. Il faut rompre la situation d'otages à laquelle se trouve confrontée la population.

Notre chemin nous mène au désarmement, si cela s'avère nécessaire nous irons jusqu'à arracher les armes, mais ce n'est pas la seule façon de procéder, il faut établir la confiance, cela prendra du temps. Nous aurons à incorporer les ex-FADH dans la société civile, il y a une pension qui leur est due, cela fera partie du processus de désarmement. Et ce processus doit s'accélérer. Nous n'allons pas utiliser une force excessive, cela ne signifie pas l'unique utilisation de la force.

Le dialogue entre haïtiens est nécessaire, quelle que soit leur appartenance politique.

Nous respectons la possibilité aux haïtiens à se gouverner eux-mêmes, je ne suis pas d'accord lorsqu'on fait croire que nous allons ôter la souveraineté à Haïti.

Q: Que va t-on faire des militaires, surtout lorsqu'ils paradent avec des armes lourdes ?

R: Ils ont annulé le18 novembre leur marche, ils avaient compris que ce n'était pas possible, on va leur donner la possibilité de les intégrer dans la société. Cependant la MINUSTAH ne va pas hésiter à désarmer s'il le faut les groupes qui ne veulent pas s'intégrer dans la société.

Q: Qui a déjà été arrêté parmi les gens faisant partie des groupes armés?

R: Personne n'a été arrêté car nous devons d'abord entamer le processus et voir qui ne veut pas être intégré.

Q: Réintégration de la MIF? (mission d'intervention ayant précédé la MINUSTAH, mais qui n'est pas restée)

R: Solution de courte durée, car il n'y a pas eu d'arrestations ni de désarmement.

Q: Pourquoi ne pas faire appel aux ex-FADH ?

Q: Partageriez-vous le contenu des revendications d'organisations de femmes?

Q: Comment pouvez-vous nous aider à transporter 8 containers au Gonaives?

R: Nous sommes ouverts à tous mais nous ne pouvons pas accepter que les gens veulent négocier les armes à la main. Il faut construire une force de police efficace, nous allons incorporer les militaires mais n'allons pas accepter les gens qui menacent.

Question des femmes: les organisations doivent rester mobilisées contre la violence exercée contre les femmes. La participation des femmes dans le processus, leur rôle contre la violence est essentiel, nous allons travailler étroitement avec ces organisations.

Situation Gonaives: Si on pouvait mobiliser cette ville pour résoudre le problème tout comme il y a eu mobilisation après le 9/11 on aurait aujourd'hui une ville neuve. Oui la MINUSTAH peut vous aider dans la logistique.

Boutade: Haïti est difficile même pour le Chilien que je suis!

Ministre Roland Pierre :

Il ne peut y avoir d'élection crédible sans sécurité.

Professionnalisation de la PNH, 5'000 membres d'abord puis arriver à 20'000 hommes.

Résumé des ateliers :

  • Moratoire sur les renvois des déportés en Haïti
  • Utilisation et implication importante des compétences et de l'expertise de la diaspora.
  • Travail d'acceptation de la diaspora et d'accueil à faire par le gouvernement au sein de la population.
  • Structure à mettre à la disposition de la diaspora dans les consulats, afin de sa participation aux affaires du pays telle que élections.

Clôture :

Député Denis Coderre :

Accompagnement et non pas occupation, il faut arrêter de transmettre ces messages de haine et de violence. Je m'adresse particulièrement à ceux qui sont actuellement à l'extérieur en train de manifester. Ce n'est pas une force d'occupation comme ils veulent le faire croire, ils manipulent les gens avec leur message! Il faut absolument regarder l'avenir comme à dit le Premier Ministre Martin et ne plus avoir la nostalgie du passé.

Ministre Jacques Saada :

Journée historique: la diaspora a pu parler au gouvernement du pays d'accueil et le gouvernement haïtien a pu s'adresser à sa diaspora, en toute liberté et en toute franchise.

Volonté de faire quelque chose pour Haïti.

Message aussi aux gens de dehors: par 2 fois nous avons tenté de les rencontrer, nous nous sommes fait claquer la porte au nez! Ils ne veulent donc pas de dialogue! C'est une aberration totale de croire que le Canada veut occuper Haïti. Ce n'est pas vrai, il n'y aura pas de protectorat, ni d'occupation!1

Ce qui m'a frappé dans cette journée c'est la chimie, la complémentarité qui est passée, la dignité humaine que vous avez montré par votre présence, votre volonté de relever Haïti.

Fin de la journée

Marilou

Note

  1. Des manifestants pro-lavalas, brandissant des pancartes à l'effigie d'Aristide étaient présents depuis vendredi soir dehors, devant l'immeuble où se déroulait la conférence. Ils tenaient à manifester leur mécontentement. S'accompagnant de tambour, ils scandaient à l'aide de haut-parleur «Aba Gwo Géwa! Aba l'occupation! Aba les collabos etc.» Il faut tout de même saluer leur courage et leur endurance car une tempête de neige avait aussi commencé dans la journée de vendredi. Impossible de donner leur nombre exact en ce moment, il faudrait peut-être consulter le site des stations de radio qui se trouvaient sur place.

 

Viré monté