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Poème pour l'abolition de l'esclavage
à Maurice et ailleurs, ce 1er février 2014

Khal Torabully
01.02.2014

en nous, cette mémoire fraternelle
des mers perdues...

Jamais je ne renoncerai au Mozambique,
ni à sa peau d'étranges sueurs.
Il me dit chaîne sur chaîne,
chair crépue sur chair têtue,
il me dit cette première douleur,
cette immortelle douleur,
ce sang neuf revenu à l'antique sang.

Jamais je n'oublierai Zanzibar,
ni son cri déchiré sur nos malheurs.
Je fus perpétuellement jeté,
mer bleue sur mer noire,
terre rouge sur terre maléfique...
Il me dit je suis le damné des génocides,
l'oublié des éternels fratricides.

Jamais je n'oublierai Gorée,
cette île maléfique
au visage de l'autre Atlantique.
Son esclaverie hérissée d'âmes perdues,
Sa déchirure profonde au nu de ma cicatrice...
Pour l'adieu à l'innommable des Afriques,
Il me dit la frange du cœur dans la fange infâme,
Il me dit la perte du corps au cri de mon âme.

Jamais je n'oublierai le rocher du Morne,
ni ses rivages en dernière légende.
Avec le mont, j'ai parié l'horizon perdu,
j'ai plié l'horizon aux fouets des tourbillons.
Et j'ai dit Morne sublime de mon île,
Tu es la faune bleue des fugitifs.

Et le Morne m'a dit
qu'à ce trafic par contumace/
qu'à ce trafic par contusion/
des hommes seront courbés/
par leur sinistre fourberie.

Le Morne m'a dit:
Jamais ce jour-ci ne sera l'autre début
ni l'autre fin de l'éternité.

(c) Khal Torabully, Février 2014

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