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"Répertoire" de la traite négrière: Saint-Barthélemy (Suède).
Île Fourchue (ou les Cinq Îles / Five Islands). Photo Nereus |
Dans un article intitulé «Arkivalier från S:t Barthélemys svenka tid» [Archives de l’époque suédoise de Saint-Barthélemy] paru à Stockholm en 1965 dans la revue Arkiv, Samhälle och Forskning [Archives, Société et Recherche] (no 8, p. 7-13), le Dr Ingvar ANDERSSON, alors Directeur Général des Archives Nationales de Suède, écrivait ceci, en p. 12:
Bland frågor av allman betydelse som här belyses kan särskilt framhållas slavfrågan. Den saknade inte sin aktualitet i den svenska kolonins tidigaste historia, då 1794 års famösa katfeförbud i vårt land inverkade ofördelaktigt på Västindiska kompaniets affärer; affärsmännen därute var intresserade av slavhandel. I början av l800-lalet, då oroligheter i franska Västindien hade gått hårt fram över det färgade folkbeståndet, fanns det goda affärsmöjligheter för det svarta elfenbenet. Den stora debatten om slavhandeln hade brutit lös i det engelska parlamentet i början av 1790-talet, och man iakttog återhållsamhet från svensk officiell sida i denna affärsverksamhet redan från början. S:t Barthélemy kom inte att spela någon roll i slavhandelns historia, snarare i slavemancipationens; friköpandet av slavarna i kolonien, med hjälp av medel som ställts till förfogande av Sveriges riksdag, var avslutat 1847.[traduction forum photos-suede: Parmi les questions d'intérêt général qui sont soulignées ici, on peut particulièrement mettre en avant la question de l'esclavage. Celle-ci ne manquait pas d'être à l'ordre du jour dans l'histoire précoce de la colonie suédoise, la fameuse interdiction de consommation du café de 1794 dans notre pays ayant une influence néfaste sur les affaires de la Compagnie des Antilles; les hommes d'affaires de là-bas étaient intéressés par le trafic d'esclaves. Au début du 19ème siècle, alors que des troubles dans les Antilles françaises avaient durement touché la population de couleur, il y avait de bons profits à tirer du "bois d'ébène". Le grand débat sur la traite des esclaves s'était déchaîné au parlement anglais au début des années 1790, et on observa dès le début la modération des autorités suédoises concernant cette activité commerciale. Saint-Barthélemy ne joua aucun rôle dans l'histoire de la traite des esclaves, mais plutôt dans celle de leur émancipation; l'affranchissement par rachat des esclaves de la colonie, à l'aide de moyens mis à la disposition par le parlement suédois, fut achevé en 1847.]
Cette assertion était d’autant plus..."hallucinante" que le but ultime de cet article était de faire part de la toute fraîche "redécouverte", en Guadeloupe, du Fonds Suédois de Saint-Barthélemy; un fonds d’archives qui, au moment où ces lignes étaient écrites, n’avait évidemment nullement été étudié...!
Un petit peu plus près de nous, une étude linguistique [Louis-Jean CALVET et Robert CHAUDENSON. Saint-Barthélemy: une énigme linguistique, Paris, CIRELFA, Agence de la Francophonie, 1998, 165 p.], menée tambour battant sans grand financement à Saint-Barthélemy, révèle p. 41 que «très vraisemblablement aucun esclave n’est jamais venu directement d’Afrique à Saint-Barth.» Cette phrase qui, on ne sait pourquoi, se trouve imprimée en gras dans le texte, a par ailleurs été reprise en 2003 dans [Robert CHAUDENSON. «L'énigme de Saint-Barthélemy» dans La créolisation: théorie, applications, implications, Paris, L'Harmattan, p. 120-127], avec plus de vigueur encore p. 122: «Un point parait tout à fait évident, même si, à ma connaissance, il n'a jamais été remarqué [ ! ? ]. Les faibles dimensions de l’île et sa constante pauvreté font qu’elle ne peut, en aucune façon, constituer un marché suffisant pour les vaisseaux négriers; il est impensable de voir des navires de traite se dérouter pour venir vendre quelques esclaves à Gustavia. Aucun esclave “bossale” (arrivant de son lieu d'origine) n'a donc sans doute jamais été introduit directement depuis l’Afrique à Saint-Barthélemy, même si dans des recensements, ici ou là, on peut trouver mention d'un Noir “né en Afrique”; une telle indication ne prouve évidemment pas qu'il est venu directement de l’Afrique à Saint-Barthélemy. J’ai pu prouver cette hypothèse en consultant les actes d'affranchissement aux Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence...» M. Chaudenson venait là, et plus que vraisemblablement, de passer on ne peut plus à côté de l’histoire de Saint-Barthélemy, où la ville de Gustavia a été un haut lieu du commerce caraïbe, sud et nord-américain, et européen, à une époque où le Nègre était une marchandise de choix et de très grande valeur, plus rentable encore que le coton, le sucre ou le café. Nombreux furent les Nègres qui transitèrent à Saint-Barthélemy, et parmi eux, assurément, beaucoup furent vendus sur place; et à l’inverse de tout ce qui a pu être filmé, dit ou écrit jusqu’ici, il n’est surtout pas à exclure que parmi les descendants St-Barth d’aujourd’hui plusieurs possèdent des ancêtres qui aient été transportés directement d’Afrique... à Saint-Barthélemy.
Ainsi donc, les perles enfilées sur ce sujet sont si nombreuses, et si précieuses, qu’il pourrait en être fait le plus beau des colliers; et les mentalités sont aussi fort bien encrées. Encore plus près de nous par exemple, en pleine campagne pour l’élection du premier Conseil Territorial de la nouvelle Collectivité d’Outre-mer qu’est devenue l’île de Saint-Barthélemy, un tract "anonyme" fut très largement diffusé sur l’île s’en prenant ouvertement à l’un des membres du Comité de Liaison et d’Application des Sources Historiques (C.L.A.S.H), lui reprochant en substance «d'avoir trouvé refuge dans un pseudo combat historique contre la traite négrière à St Barth, dont l'existence si peu a-t-elle eu lieu etc... 18 juin 2007»...! Mais c’est bien par les vertus d'une prétendue "notion historique positive" qu’on en est encore là: «Très aride et dépourvue de plantations St Barthélemy, contrairement aux îles voisines n’a pas eu recours à la main d’œuvre des esclaves noirs venus d’Afrique»: Site internet d’un élu du Conseil Municipal antécédent... Unanimité que confirment par ailleurs à la pelle les plus belles cartes postales semées au hasard des sites touristiques sur la toile: «Elle [Saint-Barthélemy] fut occupée en 1650 par des colons normands et bretons, la population actuelle est constituée en majorité des descendants de ces colons; il n’y a donc jamais eu d’esclaves, ce qui est unique aux Antilles où la population est en majorité noire»... All that glitters is not gold. Alors bien sûr on se rappellera longtemps de ces deux téméraires du "diplo", un "Enseignant à l’université de Chicago" [Chikungunya?] et un "Enseignant à Sciences Po Paris" [Sciences Pot-au-feu?], qui, croyant lever le lièvre, avaient posé leur piège sur l’Office du tourisme de la municipalité: n’y aura t-il eu que les immunisés parlementaires pour mordre à pareille chasse? Espérons tout juste que ces deux hurluberlus s’attaquent ensuite à l’Institut Géographique National afin d’y recadrer la «Pointe de Nègre»!
Il ne pourra être dressé aucun inventaire exhaustif des expéditions négrières ayant intéressé, de près ou de loin, d’une façon ou d’une autre, l’île de Saint-Barthélemy (si tant est qu’un tel inventaire puisse jamais être dressé, du moins exhaustivement), tant que la Collectivité territoriale de Saint-Barthélemy ne sera pas intervenue, respectivement auprès des Archives nationales d’outre-Mer (ANOM / Aix-en-Provence) et des Archives départementales de la Guadeloupe (ADG / Bisdary-Gourbeyre), pour que le Fonds Suédois de Saint-Barthélemy ainsi que les 11 registres, suédois eux aussi, du Fonds du Tribunal de commerce et des prises de Basse-Terre soient mis, intégralement, à la libre consultation du public: sinon elle, qui d'autre?
LOI no 2001-434
Article 2
Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l'esclavage la place conséquente qu'ils méritent. La coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l'esclavage sera encouragée et favorisée.
Télécharger le "Répertoire" des expéditions négrières (Saint-Barthélemy) sur Mémoire St Barth.
L’amiRAL du C.L.A.S.H. île de Nantes. 19 août 2008.
Agrandir le plan - Île Fourchue (ou les Cinq Îles / Five Islands) / Saint-Barthélemy: haut lieu de la traite négrière illégale. (Google Earth). |