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In memoriam Août 2010
Œuvre dédiée à Jacques Roumain par Rolf Sambalé. |
Maladi gaté vayan
Frèw Sambalé alé
San hélé anmwé
Yo di mwen
I mandé on ti lonji lanmen
Pou rédé-y mété kò dwèt pou fasadé épi lanmò san bigidi
Di adyé é o!
Lawonn… voyé lanmen monté!
An-n di adyé!
Nanm a fwè-la vwayajé nan péyi pé bouch
Alòs nou sanblé djòb sispann douvan kadav a Sambalé
Epi lonnè èk rèspé… an ka kòvyé do
Adyé !
Frère d’Haiti, fils de mamelles tétues des caraibes
Te voilà reparti pour le pays lointain de Guinée
Sans transiter par les rizières infécondes de l’Artibonite
Sans revisiter nos Amériques chamboulées
Te voilà sur la route des chemins du sans retour
La où proche de Tombouctou, le deuil se vêt de blanc
A la rencontre de la race des élus qui chevauchent les nuages
Et tutoient les dieux
Adieu frère d’arts
Disparaître et ne pas mourir
Pour refleurir ailleurs en de nouvelles et généreuses germinations
Fagot de mil mille fois levé
Brassé dans les tourbillons inféconds du vent des Cayes
Pic dressé dans la cohue tiède des lavandières de Kenskoff
Toi levier inépuisable armé de brosses à donner formes
Aux silences bruyants du marché Salomon
Te voilà revenu sans bruit
Aux pieds des baobabs restés là-bas
Lieux de ton repos trop vite arrivé
Nous confions aux loas ébranlés
De te faire haie d’honneur avec leurs foulards dénoués
Nous ouvrons pour toi les berges apaisantes du fleuve Niger
Pour la pureté de tes ultimes ablutions
Celles qui annoncent les paix durables
Ce soir, à la bad-jou, le front bas et les yeux tristes
Nous parons nos cœurs de vieux drap intissés
Pour te forger l’éloge d’un suaire digne
Du talent vivace
Qui a su te faire si habilement soumettre les toiles
Et donner voix turbulentes aux formes les plus éphémères
Max Rippon