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Carnet de voyage à
Saint-Martin

Max Rippon

          «L’île pousse vers demain sa cargaison d’humanité…» Guy Tirolien

 

 

 

Avec Randall Robinson lors de la cérémonie
du «Ribbon cutting».

Randall Robinson

L’avion fait son point fixe. La carlingue s’ébranle. Les freins sont libérés. Nous nous envolons.

Fini le «Saint-Marin Bookfair 2013» que j’accompagne depuis le début, en parrain complice des efforts tenaces. D’autres auteurs invités, embarquent eux, depuis Juliana Airport. Dans ce pays à la frontière immatérielle, tout se passe ainsi. Deux portes d’entrée pour converger vers une unique fraternité. La friendly island vient une fois de plus de réussir son pari, faire converger le monde au creux de sa battée, et donner le livre à partager, telle une pépite heureuse. La notion de non frontière comme sanction au déplacement des hommes et des biens a été magistralement mise en valeur à l’occasion du discours de clôture prononcé par Garfield Ellis, romancier jamaico-canadien, talentueux et drôle à souhait.

  Clôture

La clôture festive de la soirée de fin de Bookfair au Cherry’s café…au son de Bob Marley 

Tout le sens du pays dans sa dimension nouvelle est présenté aux invités. Plus question de parler d’appartenance à une terre mère d’Europe; mais de partie du nord complétée par sa partie du sud, brins de terre jouxtées comme une urgente nécessité. Voilà donc pour le message de l’unicité habitée en patrie Saint-Martinoise. J’ai salué, ému le drapeau de ce coin de fraternité déjà mentalement réunifié.

Candidat sénateur, responsable de l’enseignement, Past président et poétesse fraichement émoulue…

Candidat sénateur, responsable de l’enseignement, Past président et poétesse fraichement émoulue…

Alors que nous survolons les découpes frangées d’écumes, et que je tutoie encore le parfum tranchant des embruns, «Redemption» de Bob Marley m’occupe tendrement les oreilles... Une partie de moi est restée ancrée là-bas.

C’est sur cette musique écoutée et reprise en chœur, la main sur le cœur, comme on lit un Bréviaire, que l’équipe du salon du livre de Saint-Martin s’est libérée de la pression d’hôtes merveilleux qu’ils furent. Les paroles sont justes, et le continent insulaire dans son anglitud-karaib, savoure cet instant. Ils sont unis ces anglais des îles semées au hasard de la Traite Négrière, surtout quand ils communient autour des paroles mobilisatrices du pape du reggae.

Voilà pour l’ambiance que l’on quitte à regret, avec  le secret espoir de mériter d’y revenir. A mesure que l’expérience se pose en strates, ce rendez-vous se bonifie. Des compétences et des talents invités en toute amitié, enrichissent le tableau, de Georges Lamming à Dereck Walkott, en passant par Amiri Baraka ou Patrick Chamoiseau; des porteurs de paroles marquées des continents lointains viennent ici féconder les attentes de lecteurs de plus en plus attentifs à ce Bookfair.

Le Gwo-Ka a fait vibrer la foule et fait danser les corps.

Le Gwo-Ka a fait vibrer la foule et fait danser les corps.

Durant ces quatre jours, c’était la fête du livre. Chaque atelier, workshop  a donné du sens à nos échanges.

Un geste de Mischu Laikah, qui veut tout dire… « my poetry apperars in my music »

Un geste de Mischu Laikah, qui veut tout dire… «my poetry apperars in my music».

Les publics nombreux et attentifs n’ont pas boudé le plaisir de partager avec les auteurs en toute simplicité, qui pour des  dédicaces ou pour accompagner les enfants à faire leurs premiers pas dans ce temple du savoir que sont les livres réunis en maints lieux, telle une passerelle généreuse qui ouvre Soualiga sur le monde.

Ici un atelier de lecture pour jeune public autour de Lizzy Lezard, featuring book de Robin Boasman.

Ici un atelier de lecture pour jeune public autour de Lizzy Lezard, featuring book de Robin Boasman.

Conscious lyrics productions et House of Nehesi ont une démarche que chaque thème annuel met en valeur. Cette onzième édition a voulu et réussi à porter au devant «Le Ka». Lors des ateliers il a été question d’une acceptation de soi dans sa négritude, entre autres sujets aussi riches et constructifs pour le pays. Le Bookfair veut animer la réflexion, informer et former ses visiteurs qui sont sensibles à la démarche.

Vue générale d’un des ateliers

Vue générale d’un des ateliers.

La densité de la fréquentation de ces ateliers a dépassé les attentes, provoquant une multiplication conviviale de chaises en pleine séance.

La conférence d’ouverture présentée par Randall Robinson, avocat, bestselling author, militant des droits de l‘homme posa le cap de ce qui devait être une magnifique saison de partage, enrichi par les expériences de chacun des invités des tous les continents, regroupés autour d’une chaleureuse soirée poésie.

Soiré poésie au Blue Martini restaurant

Soirée poésie au Blue Martini restaurant.

La Guadeloupe fut bien présente avec Marie-Hélena Laumuno, auteure de belles pages sur le Ka, et donnant de la lokans lors de la soirée poésie, tandis  que Ronald Selbonne, à la bibliothèque de Marigot, avait la charge de faire connaître Paul Niger, à un public plus largement anglophone.

C’est cela le festival du livre de Saint-Martin, avec Mister Sujah qui donne la cadence et Lasana Sékou, poète talentueux, qui veille à tout en silence.

Tout cela est so friendly, qu’il faut en parler avec simplicité et souhaiter bon vent d’avant, à la proue déjà naissante du futur Bookfair.

Sujah lors de la session inaugurale.

Sujah lors de la session inaugurale.

See you soon !

Max Rippon
Durocher, le 4 juin 2013.

boule

 Viré monté