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Marie-Galante Hommage à la poétique du silence Photos & Textes par
Marie-Galante Regards, Max Rippon • 2013 • ISBN 978-2-9546712-0-8 • |
Extraits
Ce papayer, totem de verdure, particulièrement généreux, porte des fruits jusqu’aux bouts même de ses doigts. Reconnue pour ses nombreuses vertus, la papaïne sert à attendrir les viandes et à faire fondre les rondeurs.
Entre nous…
Après Itinéraires, Regards se présente comme le second ancrage du triptyque que je veux offrir à mes lecteurs, pour expliquer, présenter, protéger et faire aimer Marie-Galante, plus intimement. La regarder, au lieu de simplement la voir.
Ma démarche est une sorte de poétique des ruines, quand le silence s’installe et s’impose, entre lianes rebelles, ruines hagardes, et roches hébétées. Quand la trace des pas ne résonne plus. Juste le vent qui fait léviter les feuilles témoins…
Ici un figuier-maudit qui nous conte l’histoire d’un amas de calcaire, là une roche volcanique qui a fait le voyage depuis un abordage peu ordinaire…
Mon Regards est une forme de discrétion dans la démarche, qui invite le lecteur à la rencontre de lieux saisis dans leur silence, et pour ce que l’on veut leur faire dire, qui évite la présence humaine volontairement, pour ne pas distraire la méditation que nous proposent ces instants habités.
J’ai voulu aussi éviter les espaces courus, comme les plages nombreuses qui s’offrent en enfilade aux détours des chemins capricieux. Regarder aussi, les étapes incontournables qui, si naturellement déjà, se donnent à voir au visiteur, excitant les regards qui savent se passer de guidage.
Allons dans l’intime de nos pas, visiter une autre Marie-Galante. Laissons le poids de ses silences nous parler du chant du temps qui passe.
Regardons ensemble Marie-Galante, la belle île !
Du potager des maisons bourgeoises à la platine à cassave, le faire-cuire s’impose, quand arrivent la chaudière à griller le café, le réchaud à pétrole pompé en pression. Adossé à nulle part, un vieux four à pain que chauffe le crépitant bois de campêche.
Sentinelle de tôles rouillées… Quand la vie déserte les lieux, le travail des hommes marque le pas.
Nos herbes coupantes en fleurs.
Le climat est agréable, la température moyenne est de 25°. Cependant, les habitants ne vivent pas «l'été toute l'année»; car ils savent bien faire la différence entre «l'hivernage», période humide et pluvieuse, et «le carême» sec, qui fait souffrir la canne et les animaux.
Malgré tout, le Marie-Galantais est fort bien adapté à son île pour laquelle il a toujours «les yeux de Chimène».
Le plateau qui constitue l'île connaît certains accidents qui font le bonheur des visiteurs; tel ce plateau karstique du Trou au Diable au centre de l’île, véritable trésor de spéléologie non encore exploré comme il conviendrait de le faire.
Ailleurs, réparties autant que besoin, ce sont les dolines qui recueillent les eaux pluviales. Les mares font partie de la vie de l'île, les cellules familiales se constituant autour de cet écosystème particulièrement riche. Longtemps, la mare a été le point heureux d'alimentation en eau à boire pour la population, et l'escale de regroupement du bétail retrouvant le piquet au casser du jour.
Les femmes aussi y puisaient l'eau pour lavander, eau qu'elles faisaient transporter par des négrillons farceurs, dans des marmites à saindoux cabossées. En parcourant plus en avant le pays, nous retrouvons en alternance les mornes joufflus et les ravines creuses. Les premiers, ces petites collines souvent sont le lieu de regroupement d'un habitat rural diffus, tandis que les ravines gardent le souvenir nostalgique des caresses des eaux pluviales qui jadis, utilisaient leur tracé pour aller se jeter mollement dans la mer toujours toute proche.
Le point culminant n'est pas un morne bien haut, d'où partent des torrents, une bosse à peine; cependant quelques coulées d'eau pittoresques prennent le nom de rivières, à Saint-Louis ou encore à Vieux-Fort. Ce sont des plans d'eau qui permettent une navigation de découverte de belle facture.