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Kòkòlò 1 Date de lancement: 8 juillet 2011
Kòkòlò 1. Les mots du sexe en créole de la Guadeloupe, Hector Poullet • |
Avec la traduction en créole de la célèbre bande-Dessinée Titeuf («Chimen Lavi», aux éditions Caraïbéditions), nous avions décidé de recueillir auprès de jeunes écoliers antillais et de promouvoir dans nos îles, mais également sur l’Hexagone, le créole de cour d’école. Aujourd’hui, c’est le «créole des grands» que nous avons choisi de vous présenter à travers ce recueil, le premier du genre, qui se veut regrouper la plupart des mots et des expressions du créole de l’amour.
Contrairement à «Chimen Lavi», «Kòkòlò» n’est cependant pas à mettre en toutes les mains… Bien que très imagées, les expressions qui y figurent n’en sont pas moins très souvent osées… L’ensemble du vocabulaire, des expressions, des proverbes, des citations et des fables relatif à l’Amour a été classé en 16 chapitres.
Ce premier ouvrage comprend les huit premiers chapitres:
- Sé moun-la: Les acteurs
- Toutouni: À poil
- Swèf: Le désir
- Poz-dyez koké: Les positions
- Sa yo ka di lè yo ka fè lanmou: Ce qui se dit quand on fait l’amour
- Lenbé: Le chagrin d’amour
- O Lanmou pasé?: Et l’amour?
- Anfinaldikont: «Sitè», on Planèt-Plézi: Epilogue: «Cythère», une Planète-Plaisr.
Chacun de ces huit chapitres est divisé en quatre parties:
- Tipawol ka kouri: citations, proverbes ou refrains de chansons populaires
- Mo nou kay sèvi pou di: vocabulaire de référence
- Mi yo: les voici, illustration du vocabulaire
- Wélélé: fable ou conte
Le présent ouvrage sera suivi d’un second tome comprenant huit autres chapitres.
Entrevue de l'auteur
– Hector Poullet, comment vous est venue l’idée de lexique coquin en créole?
À vrai dire l’idée était de mon éditeur, je crois qu’elle lui est venue après la sortie de Titeuf en créole. Quand il me l’a proposée je pensais qu’il n’y avait pas matière à faire tout un lexique sur le thème du sexe. C’est seulement quand j’ai commencé à interroger les gens autour de moi que je me suis rendu compte de la richesse du vocabulaire dans ce domaine et de l’intérêt que nous aurions à le dévoiler.
– Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à accepter un tel projet?
Nos raisons ne sont jamais très claires. Je pense que Florent Charbonnier fait un travail considérable pour la mise en valeur et la mise à jour des cultures et langues créoles et que nous nous devons de l’aider autant que faire se peut. Par ailleurs je dois l’avouer j’aime encore les défis et pour moi-même ce projet était une vraie gageure.
– Quels objectifs visent un tel recueil?
D’abord sous l’angle de la simple lexicologie ce projet m’a donné l’occasion de faire des enquêtes sur un thème précis et de découvrir qu’un dictionnaire créole tel que nous l’avions jadis conçu ne permettait pas d’épuiser tout le vocabulaire sur un sujet donné. Le premier objectif est donc d’enrichir notre vocabulaire. Sous l’angle de la sociolinguistique, ou de la psycholinguistique, il était plus que temps de nous débarrasser de nos «ricanements» qui font croire que la langue créole serait par essence «mal élevée», plus vulgaire que toute autre. Il valait mieux écrire ces choses et les mettre au grand jour plutôt que de faire comme nous disons en créole «sizé si kaka», (s’asseoir sur sa merde), pour la cacher aux gens «comme il faut». Le deuxième objectif est donc de l’ordre de la catharsis.
– Quels thèmes abordez-vous dans KÒKÒLÒ?
Les thèmes se sont imposés après notre questionnement et nos enquêtes autour du sexe en Guadeloupe. Pour citer quelques-uns: sexe et violence, sexe, alcool et aphrodisiaques, sexe et sorcellerie, mais également des thèmes plus généraux, vus sous l’angle de la culture créole, comme le libertinage, l’homophobie, les maladies sexuellement transmissibles etc.
– Un tel ouvrage aurait-il été possible en Guadeloupe il y a 30 ans?
Bien évidemment non, déjà l’idée d’Astérix en créole a fait grincer quelques dents. La sortie de Titeuf créole a fait crier certains «au scandale». Et là, je ne sais pas encore quelle sera la réaction des ayatollahs. J’espère que le livre ne sera pas mis à l’Index, ou pire qu’aucune fatwa ne sera prononcée contre moi!
– Qu’est-ce qui a changé dans les mentalités des antillais au cours de ces 30 dernières années?
Beaucoup de choses. D’abord notre rapport à la langue créole, elle est de moins en moins perçue comme un handicap, mais plus comme un avantage, une richesse. Ensuite il y a notre rapport à l’expression des sentiments, jadis un baiser sur la bouche au cinéma faisait hurler de rires embarrassés, aujourd’hui les jeunes s’embrassent publiquement dans la rue. Sans compter notre rapport au livre, notre rapport à la lecture et la distanciation que nous prenons entre les idées et la réalité.
– Quelles différences notoires percevez-vous entre la place du sexe dans nos îles et celle que l’on peut trouver en France ou en Europe?
Fondamentalement aucune, l’Amour et le Sexe sont liés sur toute la planète. Les différences sont essentiellement dans l’expression verbale et corporelle. Disons qu’en Guadeloupe nous sommes moins libres que nous semblons l’être.
– Les antillais parlent-ils plus souvent du sexe que les continentaux?
Et si oui, pourquoi d’après vous? Les Antillais ne sont pas une catégorie homogène, tout dépend des milieux, des circonstances, de la classe d’âge, du contexte. Disons que pour ceux qui en parlent souvent c’est «parole en bouche» plus que liberté sexuelle.
– Un tel ouvrage peut-il aider à lutter contre les clichés ou les préjugés qui collent à nos îles?
Ce livre est surtout à usage interne, il doit nous permettre de rire de nous-mêmes. Ensuite qu’à l’extérieur il puisse changer la vision qu’on pourrait avoir de notre société, c’est évidemment notre souhait.
– Après avoir traduit Astérix en créole (paru chez Caraïbéditions), BD destinée à des enfants de 7 à 77 ans, pensez-vous que ce recueil de mots coquins s’adresse à un public de tout âge?
À ne pas mettre dans toutes les mains, en tout état de cause pas des très jeunes. À faire lire aux parents d’abord.
Extraits
2. Mo nou kay sèvi pou di / Vocabulaire de référence
A/ Sé nonm-la - Les hommes: |
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B/ Sé fanm-la - Les femmes: |
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1. Tipawol ka kouri / Citations, Proverbes, Chansons
«Si Koko pa ni zépòl, kòkòt pa ni kontè» (tipawol) |
«Si rien n‘arrête le pénis, le vagin n’a pas de compteur» (proverbe) |
Mwen ja toutouni, mwen paré pou li Mwen k’alé kouri toutouni Mwen k’alé dòmi toutouni Mwen ja rimaké lavi ka vin touni Tout fanm ka maché toutouni (chanté) |
Je suis déjà à poil, je suis prêt pour elle Je vais courir à poil Je vais dormir à poil J’ai déjà remarqué que la vie devient nue Toutes les femmes marchent dénudées (chanson) |
«I long k’on mayis! A pa on mayis!» (chanté) |
«Il est long comme un épi de maïs Mais ce n’est pas un épi de maïs!» (chanson) |
I ka ouvè k’on paloud A pa on paloud I ni kim k’on paloud A pa on paloud (chanté) |
Elle s’ouvre comme une palourde Mais ce n’est pas une palourde Elle est humide comme une palourde Mais ce n’est pas une palourde (chanson) |
2. Mo nou kay sèvi pou di / Vocabulaire de référence
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4. Wélélé / Fable
Misyé Kalmò èvè
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L’impuissant et
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Caraïbéditions a souhaité créer un nouvel espace d’expression créole et plus largement «domien».
Elle publie des ouvrages qui ont tous un lien direct ou indirect avec les Antilles-Guyane et La Réunion, que ce soit grâce à la langue (les créoles), grâce aux auteurs originaires ou vivant dans les DOM ou grâce aux histoires qui se déroulent dans les îles.
Elle a été la première maison d’édition à publier dès 2008, des BD célèbres en créole antillais et réunionnais. Après la publication d’«Astérix», de «Titeuf», de «Tintin» et de la série «Les profs» en créole, Caraïbéditions a souhaité publier ses propres séries BD en français.
C’est ainsi qu’est né le premier manga des Antilles, «Les îles du vent». D’autres BD ont vu le jour: une série sur l’histoire de l’esclavage «Bulambemba, mémoire de l’esclavage» (BD parrainée par l’UNESCO), une série abordant les contes antillais sous forme de BD avec son héros «Petit-Jacques» et une série historique sur le chevalier Saint-Georges, «La légion Saint-Georges».
Courant 2011, deux BD dont l’histoire se passe en Guyane sortiront en librairie, «Lavi Moon» et «Aux îles, point de Salut».
Une nouvelle série manga voit également le jour en 2011 avec «Waldo Papaye», tout comme une série BD-Illustrations intitulée «Femme Noire d’Afrique, d’Amérique et des Antilles».
Caraïbéditions a publié un livre de contes illustrés «Doudoudrillon et autres contes à la saveur créole». À cet ouvrage, ont contribué, à l’écriture et à l’illustration, plus de 500 élèves de 25 écoles de Pointe-à-Pitre.
«Le Petit Prince» de Saint-Exupéry en quatre créoles est également au catalogue de Caraïbéditions.
Le premier guide du créole coquin (créole/français), «Kòkòlò», écrit par Hector Poullet, sort en librairie en 2011 (2 tomes).
Dans un tout autre genre littéraire, Caraïbéditions republie des ouvrages d’auteurs caribéens célèbres que l’on ne trouve plus en librairie. Cette collection qui contient déjà deux ouvrages de Raphaël Confiant «Kod Yanm» et «Le gouverneur des dés» et une pièce de théâtre d’Aimé Césaire, «Trajédi Rwa Kristof», va se voir enrichie de nouveaux titres en 2011.
Caraïbéditions possède également une collection polar. Raphaël Confiant y a publié son premier roman policier «Citoyens au-dessus de tout soupçon» et son second polar «Du Rififi chez les fils de la veuve» sortira fin 2011 en même temps qu’un polar d’Ernest Pépin, «La Désirade noire».
Les aventures du gendarme Ange Simeoni, de Martinique (d’Olivier Arrighi), sont également au catalogue avec deux titres «Chacun son Tour» et «Pasé on bel Nwel, Lt Simeoni».
Depuis 2011, une collection universitaire est également au catalogue de Caraïbéditions. Elle se veut présenter des ouvrages écrits par des professeurs et universitaires de l’UAG.
Le lectorat de Caraïbéditions est tant à l’intérieur des frontières des Antilles et de La Réunion, qu’à l’extérieur de celles-ci.