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Hippomane mancinella, Euphorbiaceæ - Mansniyé, metsiyen, médsinyé - Mancenillier - Lait très toxique.© F.Palli |
Hippomane mancinella, Euphorbiaceæ - en fleur. © F.Palli |
Mancenillier, Hippomane mancinella L. (Euphorbiaceae)
Le mancenillier («arbre de mort», «pomme zombi») est présent dans toute la zone des Caraïbes, aux Bahamas, en Amérique centrale et du Sud, ainsi que sur la côte occidentale de l'Afrique. Il croît souvent en bosquets denses sur le littoral. Il constituait, pour les Indiens caraïbes, la source d'un redoutable poison de flèche. On dit aussi qu'il fut utilisé pour des ordalies.
Certaines Euphorbiaceae sont alimentaires: la cassave (fécule préparée à partir du manioc, Manihot esculenta) costitue l’aliment amylacé de base d’environ 500 millions d’habitants des zones tropicales, d’autres ont un rôle industriel majeur: Hevea brasiliensis, producteur du caoutchouc, ou ricin (Ricinus communis) dont les graines fournissent une huile, matière première pour la synthèse de polymères, les Euphorbiaceae, assez souvent utilisées dans les systèmes traditionnels de médecine,…, présentent nombreuses espèces très dangereuses: urticantes, irritantes, toxiques, inductrices de tumeurs, … , le mancenillier est sûrement une des plus toxiques.
TOXICITÉ
La toxicité du mancenillier, par voie orale aussi bien que locale, est connue depuis très longtemps [Howard, 1981 ]: la consommation de fruits et de feuilles induit des stomatites, des lésions labiales érosives hémorragiques et des oedèmes pharyngés pouvant nécessiter une trachéotomie. Le contact cutané avec toutes les parties de la plante provoque des dermatites huileuses sévères, parfois purpuriques: en Martinique, les touristes non avertis en font parfois l'amère expérience [Guillet et al., 1985].
Une étude récente [Pitts et al.. 1993], conduite sur 19 patients hospitalisés à la Barbade, a recensé les effets très rapides et importants au niveau oculaire d'un contact unique (y compris par la pluie qui peut entraîner suffisamment de substances irritantes). Les personnes touchées ont présenté une kérato-conjonctivite; 13 d'entre elles ont eu l'épithélium cornéen largement atteint. Selon les cas, 1 à 14 jours (m = 3,75) furent nécessaires à la réparation de la lésion. À l'exception d'un cas (opacité persistante après 5 ans), le pronostic visuel à long terme fut excellent. Le traitement comprend un lavage oculaire minutieux, l'administration d'un cycloplégiant et une antibiothérapie locale pour éviter une infection secondaire pendant la phase de reconstitution de l'épithélium.
Les substances responsables des propriétés irritantes du latex du mancenillier forment un mélange complexe de diesters en 13 et 20 du 12-désoxyphorbol - un tigliane - et d'esters à noyau daphnane: orthoesters 9, 13, 14 d'un acide gras di- ou tri-insaturé et esters en 20 d'un acide gras à longue chaîne du résiniféronol et de son dérivé 5p-hydroxy-6a, 7a-époxy (huratoxine et analogues); l'hydrolyse dans des conditions douces de ces esters hydrophobes élimine l'ester en 20 et transforme ces dérivés peu ou pas irritants (cryptic irritants) en dérivés très agressifs, lesquels sont d'ailleurs présents à l'état libre dans la fraction hydrosoluble du latex [Adolf et Hecker, 1986]. L'activité irritante et carcinogène du produit d'hydrolyse partielle du constituant majoritaire du latex est comparable à celle du TPA (= 12-O-tétradécanoylphorbol-l3-acétate): cette molécule se substitue au diacylglycérol endogène et active la protéine kinase C. Outre qu'il constitue l'un des plus puissants inducteurs connus de tumeurs sur la peau de souris, le TPA est un précieux outil d'investigation biochimique et pharmacologique