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Anatomie d’une crise

de Mireille Jean-Gilles

«Ce monde a un goût de cendres»
- Monchoachi, l’Espère-Geste.

Contribution à titre personnel
27 octobre  2024

Vie chère

Sommaire

  • Une crise de la «vie chère»?
  • «Même prix qu’en France!» 
  • Le danger de fragiliser l’Octroi de mer, avec Bercy et le Rassemblement national en embuscade.
     
  • L’exonération de 40 000 produits alimentaires demandée par le Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources afro-caribéens (RPPRAC) n’est qu’une variante des ambitions de Bercy et du Rassemblement national s’agissant de l’Octroi de mer.
  • La lutte contre la «vie chère» en Martinique:  un piège qui se referme sur les DOM?
  • Malgré une baisse des prix, les ferments de la colère resteraient intacts en Martinique
  • Sous les feux croisés de l’ultralibéralisme et du colonialisme
  • L’essor inexorable du populisme

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Une crise de «la vie chère»?

2009 a ouvert un cycle de révoltes populaires dans les DOM qui, faute de réponses de l’État iront crescendo aux Antilles, prêtes à s’embraser à la moindre étincelle ces dernières années: destruction de statues, empoisonnement au Chlordécone, obligation vaccinale, affaire Pinto et «vie chère» aujourd’hui.

Par conséquent, traiter la crise sociale actuelle en Martinique uniquement sous le prisme de la « vie chère », et qui plus est, en agissant sur les «prix» alors que ce phénomène s’explique en grande part par les bas revenus, ne règlera en rien le mal profond qui ronge la Martinique, pressurée de tout temps à travers l’image séculaire du Béké et de toutes parts par un Etat en quête effrénée de ressources, en particulier  dans ses anciennes colonies, pour compenser des allègements d’impôts somptuaires.

«Même prix qu’en France!» 

Mais quelles sont donc les marges de manœuvre pour lutter contre la « vie chère » en Martinique en agissant sur les prix de l’alimentaire comme le réclame aujourd’hui le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC)?

Faisons donc la comparaison entre les DOM et la Corse, un territoire insulaire, situé à 150 km des côtes françaises, où il n’existe pas de taxe locale à l’import. Selon l’INSEE, en 2022, comparativement à la France, les prix sont en moyenne plus élevés de 7% en Corse et de 14% pour les produits alimentaires1. Difficile pour la Martinique de faire mieux que la Corse (!).

Selon l’INSEE, les écarts de prix entre les DOM et la France, varient de 9% à la Réunion (où le fret est moins cher) à 16% en Guadeloupe. S’agissant de l’alimentaire, les écarts se resserrent, ils deviennent de 37% à la Réunion contre 42% en Guadeloupe.

  1. Que seraient les écarts de prix entre la France hexagonale et la Corse si cette dernière ne disposait pas d’une dotation de continuité territoriale de 230 millions d’euros par an (qui a été augmentée de 40 millions d’euros en 2024 afin de lutter contre l’inflation) pour diminuer les frais de transport? A titre de comparaison, les outremer (2.7 Millions d’hab.) disposent d’une continuité territoriale de 42 millions d’euros.

 

... Suite à lire en pdf ici.

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Mireille Jean-Gilles Mireille Jean-Gilles est née à Cayenne en 1962. Ingénieur agronome, spécialisée en économie du développement, elle travaille notamment au Tchad et à Madagascar. Épouse du poète Monchoachi, elle vit aujourd’hui à la Montagne Vauclin, en Martinique.

Du même auteur:

  • Voyage dans le ventre d’une femme avec des épines sur la tête, Tananarive, 1993.
  • Dans le cœur inépuisé de la mer, Marin Village, 2003.


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 Viré monté