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La dernière nuit Evariste Zéphyrin
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Et la nuit résonna sur un autre jour
Un jour tant redouté se pointait à la porte
Une porte closait une nuit que nous eûmes voulue ininterrompue
Ininterrompue dans sa fixité et figée comme un rêve au-delà des sens
L’essence d’un corps mien, tien, une histoire qui cesserait au lever du jour
Un jour césurant nos destinées, tant de patience, de désir et d’amour
Un amour inaltéré dans la lumière de l’aube, une respiration quiète exhalant ton odeur.
Toute ta douceur en libéralité à mes sens.
Hier soir je t’ai aimé tard dans la nuit, jusqu’au matin
Et ce matin ni triste ni gai, tu t’en vas te réaliser ailleurs
Un ailleurs où désormais un continent, une religion nous fractionnerait
Nos yeux entre deux émotions, nos cœurs encore à l’unisson, mais déjà la vie nous aspire.
Ma main sur tes seins, ma bouche sur ta bouche, nos corps sur nos corps, encore une dernière fois.
L’heure jaillit, s’affole, elle court, la lumière éclate la panse de la nuit je pars, ton avion t’attend, une larme glisse sur ta joue, je dois cesser de t’aimer. Cesser de t’aimer aujourd’hui, car le jour nous fabrique étranger.
Demain ne resteront que les souvenirs d'êtres, qui se sont aimés, dans une nuit qu’ils eussent voulue sursoyante.
Nous nous sommes aimés tard dans de la nuit, tard dans notre dernière nuit.
Evariste Zephyrin