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Martinique d'Antan
Martinique d'Antan, André Lucrece • HC Editions • 2007 • |
Près de 600 cartes postales du début du siècle témoignent de la richesse du passé de la Martinique. Découvrez au fil des pages de Martinique d'Antan des cartes uniques qui n'ont encore jamais été publiées. Un voyage inoubliable, sous la plume d'André Lucrèce, à travers les mondes innombrables des communes, des grandes cités, mais également une rencontre magique avec les cases, les gestes et les gens d'antan... Voyage à travers des mondes innombrables. Nous sommes dans les années 1900; embarquez dans un taxi-pays au départ de Fort-de-France et parcourez la Martinique, ses communes et ses paroisses, laissez vous transporter par la magie d'un voyage dans le temps. Les grandes cités. Retrouvez la ville de Saint-Pierre avant la catastrophe de 1902, alors qu'elle était encore le "Petit Paris des Antilles". Flânez dans les rues de Fort-de-France et revivez toute l'effervescence d'une ville en plein essor. Des cases, des gestes, des gens. Souvenirs de carnaval, de fêtes indiennes ou plaisirs quotidiens des jeux de dés... Rencontres avec celles et ceux qui ont fait la Martinique: marchandes, pêcheurs, coupeurs de canne ou quimboiseurs...
Extrait
D’une liberté qui s’en remet aux traces
Parcourant l’Île, grand muet, pris dans la spirale des apparences, tu t’orientes par enchantement où le pays est gai et captif, où il surgit entre les couleurs de la mer, du ciel, des profondeurs, des confluences, divagations entre deux lignes de curiosités puissantes.
Mais il faut aussi épier le réel, ces existences surgies de tous les écarts, ces signes dans les regards qui s’accordent une espérance, cet outre-soi qui n’abdique pas, tout cela restitue l’identité de l’île, terre mouvante entre des passages orphiques, terre convoitée par les battements de l’histoire, terre de grands cris et de non-dits qui chacun ont leurs mystères, d’où soudain nous parvient le pays, jusqu’alors caché entre deux failles qui communiquent.
Et parce que nous vivons au rythme des douleurs du temps, parce que nous dansons parmi nos passés jumeaux, en nous somnolent tous les cahiers d’une mémoire.
C’est l’un de ces cahiers qui est ici ouvert, celui où cheminent les lieux et l’esprit de l’antan.
Ainsi, tu as posé tes tibias sur le sol du passé et découvert ce que charriaient ces temps. Tu prêtes l’oreille au milan des pierres, tu t’attardes à l’érudition des cloches qui murmurent les noms des pèlerins, tu t’attendries devant la déperdition des calvaires, des ex-voto, des oratoires, tu communies sur des bancs de granit. Et le rêve recommence dès la première pierre du petit escalier d’une maison sans corps, gracieuse par son dénuement, par les nervures de son bois usé et la lessive de ses couleurs.
Tu entrevois l’habitation, dominant les rues-cases que l’on tient à distance, tu devines la prédation et tu revoies la liberté, secrète dans sa chrysalide, qui annonce les embrasements et la métamorphose.
Ainsi, à cette offrande visuelle par laquelle se livre le temps courbé du passé, tu assures le nom des choses et des gens que tu n’as pas connus: les premiers bruits de l’histoire, les tortures volées aux hommes, les noces rouges des jours, et, au cœur des arbres, des pierres, les maisons héritées.
Voici restitué l’apparaître des choses dans le langage des lieux et de l’esprit de l’antan, entre les bords d’une liberté qui s’en remet aux traces.