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La photographie comme une nouvelle oralitude

José Le Moigne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Martinique, rocher du diamant. Photo Christine Le Moigne-Simonis.

Diamant

Un vent puissant s'est levé. Mon pays s'est dressé et pour une fois, bien que vivant à des milliers de kilomètres, j'ai vraiment eu l'impression d'être présent. Pas par les médias hexagonaux qui comme à leur habitude quand il s'agit des îles ont assuré le service minimum, ne donnant de ces événements une vision à ce point parcellaire, parfois à la limite de la caricature, qu'elle ne mérite pas d'être notée.

Mais les temps ont changés et il est devenu impossible de camoufler l'Histoire au moment où elle se fait.

Impossible de nos jours de censurer par omission.

Quel antillais de ce que je nommerai par habitude la métropole ne s'est pas senti en relation directe avec des faits se déroulant chez lui en son absence, ne serait ce que par les milliers de photos, de vidéos, de commentaires et d'analyse qui circulaient sur l'internet comme autant de synapses le reliant aux pulsations de son pays.

A bien considérer, c'était comme si la métropole avait changé de lieu. J'ose l'écrire, pour nous les antillais vivant de l'autre côté de l'eau, l'île était redevenue le centre de l'univers et nous étions nous aussi enfermés dans ses frontières étroites, prisonniers, certes, mais à la manière d'une idée à l'étroit dans une boîte crânienne et qui ne demande qu'à prendre le large : ne serait ce que par le biais d'un appareil photographique.

Merci donc à tous ces chroniqueurs qui, à la manière de ceux du moyen-âge, ont su nous rendre l'instant universel.

José Le Moigne
Texte écrit pendant la grève de 2009
La Louvière, Belgique
20 mars 2009

 Viré monté