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El condor pasa

José Le Moigne

Condor

Condor Condor dans la province d'Altas Cumbres de Cordoue, Argentine. Photo: Skippercba
Creative Commons - 4.0 Internazionale

Parce que, plus souvent qu’à mon tour, victime de spoliations, d’escroqueries et d’abus et d’exactions de toutes sortes, j’ai perdu la plupart des précieux artefacts de ce que fut ma vie. N’empêche que, opiniâtrement, au fond de ma caboche, je cultive l’esprit du Petit Poucet. Au fond, je suis une sorte de fétichiste. Ainsi, si j’avais pu conserver mon plumier de l’école primaire, avec ses taches d’encre violette qui faisaient penser à des golfes et ses graffiti d’enfant dont le sens est perdu, il trônerait sur mon bureau, protégé par les rangées de mugs abritant ma collection de stylos à plume, pour la plupart hors d’usage, dont l’accumulation trahit mon rejet, têtu et obstiné, des crayons à bille.

À ce propos, il me revient une anecdote, aussi blessante qu’instructive, dont la mémoire me brûle comme un stigmate. Qui s’en souvient? Au temps où les curés portaient encore soutane et les enfants de chœur des aubes rouges et des surplis, la tradition voulait que les parrains et les marraines offrissent à leur filleul une montre en or ou un stylo de marque le jour de sa première communion. Moi, inutile de le dire, toute ma parentèle étant restée au pays là-bas, il ne fut pas question de tradition. Man Anna me parla vaguement des problèmes de la poste, et mon père, un peu contrit, m’offrit une babiole. Cependant, il suffit que je me remémore cette époque qui fut aussi celle de mon arrivée au collège, pour que le souvenir de Jacques Lesven remonte du plus profond de mes synapses. Jacques n’avait pas la méchanceté brutale de Gérard Le Scour, mais la sienne, j’allais l’apprendre à mes dépens, était bien plus sournoise et beaucoup plus perverse.

Nous étions tout un groupe à jouer à chat au milieu du préau quand Jacques, avec cette bouille d’angelot qu’il pouvait afficher sur commande, me tira par la manche. Il sortit prestement une feuille de carnet de la poche de sa blouse et me la tendit, en même temps que son superbe stylo Parker.

— Essaye-le, me dit-il, tu vas mater la différence. Rien à voir avec une plume Sergent-Major!

J’étais bien trop innocent, trop crédule et trop naïf pour éventer le piège.

La seconde d’après, plus de stylo. Tout le monde fit semblant de chercher. Mais on eut beau fouiller, écorcher le gravier jusqu’à l’assise, inspecter l’herbe drue sous l’unique marronnier de la cour, que dalle. Le stylographe à plume d’or demeura introuvable. Un magistral tour de passe-passe venait de s’accomplir sous mes yeux et j’étais le dindon de la farce.

— Qui casse paye!

Qui avait prononcé cet arrêt fatidique? Lesven ou un de ses acolytes? Je ne m’en souviens plus. Par contre, dusse-je vivre mille ans, je ne suis pas près de l’oublier.

Comme si, déjà, la vie n’était pas assez lourde, à présent, il me fallait endosser la traite et trouver, semaine après semaine, une paille pour les petits nantis, pour moi, une charge monstrueuse, quelques centimes pour rembourser la perte d’un stylo que je n’avais pas eu plus d’une seconde dans les doigts. Non, vraiment, ce n’était pas seulement un acte malveillant. C’était, une mise à la rançon crapuleuse et indigne.

Si je n’ai pas gardé mon plumier d’écolier, j’ai conservé mes premiers bulletins de salaire. Rédigés en francs nouveaux, ce qui m’obligeait à une petite gymnastique du cerveau pour convertir les anciens francs, avec lesquels j’avais appris à compter, en francs lourds. Des décennies plus tard, il fallut faire de même avec l’arrivée de l’euro.

Mille quarante-six francs. Ce n’était pas lerche, peut-être, mais c’était, pour l’époque, légèrement au-dessus de la moyenne nationale des salaires. Donc, s’il n’y avait pas de quoi pavoiser, il n’y avait pas non plus de quoi crier misère. Certes, j’avais un compte en banque, c’était la première chose à faire lorsqu’on entrait dans la Fonction publique. Cependant, au risque de déclencher une marée de quolibets, il me faut avouer que j’ignorais absolument à quoi servait un chèque. J’avais toujours vu le facteur Pichavant apporter les allocs dans une sacoche racornie, aux soufflets fatigués, qu’il portait comme sous-ventrière. Mon père, lui, rapportait sa quinzaine à Man Anna dans des enveloppes en papier kraft. Alors, oui, en ce temps-là, et je n’étais certainement pas le seul, l’argent, c'était quelque chose de concret, avec sa propre odeur et sa propre texture. J’imagine qu’il en avait été de même lorsque les pièces d’or laissèrent la place aux assignats et au papier-monnaie. Bref, du système bancaire, je ne connaissais que le guichet et son caissier — je peux me tromper, mais il me semble qu’il n’y avait jamais de femme derrière le Plexiglas percé de trou qui servait de frontière —, le formulaire que je remplissais et les billets que je recevais en échange. Cela avait un avantage, je ne risquais pas de tomber dans le rouge.

Peut-être Man Anna espérait-elle que je lui remette mon salaire en entier, à charge pour elle de rétrocéder la part qu’elle estimait nécessaire à mon entretien et mes loisirs. Sans doute me trouva-t-elle ingrat d’avoir choisi le processus inverse. Je ne sais pas, même de loin, même de manière allusive, elle ne m’en a jamais parlé; mais c’est possible. Même si je l’ai complétement occulté, j’ai certainement éprouvé un malaise profond au moment de la décision. Il est probable que j’ai dû tergiverser, peser le pour et le contre, mesurer le risque que je prenais, mais, au bout du compte, j’ai pris moi-même, et en conscience, la décision de lui laisser une part conséquente, probablement bien le tiers, mais de garder le reste.

J’étais nourri, logé, et quant à ma lessive, le dandy que je devenais préférait apporter ses chemises au pressing qui les lui rendait avec des cols aussi rigides que les faux cols d’autrefois à force d’amidon. Lorsque je n’étais pas de service, pour une poignée de kopecks, je prenais mes repas au restaurant universitaire, au Resto-U, comme on disait. Le Resto-U était le lieu de toutes les rencontres, des plus banales aux plus extraordinaires. Celles qui vous marquent, vous accompagnent pour la vie, celles qui coulent comme le sable entre vos doigts.

Toutes les associations, tous les clubs d’étudiants, naissants ou installés, se donnaient rendez-vous à la cafeteria. On ne refaisait pas le monde, non, on s’y installait. Je me souviens des cols Mao, je me souviens du culte à Che Guevara; je me souviens des «Non à la guerre du Vietnam»; des discussions autour du «Petit livre rouge» que personne n’avait lu; des controverses autour du cinéma de Godard, mais aussi de Johnny, des chansons de Jean Ferrat et de celles de Catherine Sauvage; de ma passion pour Bob Dylan et les vieux blues du Delta qui ne m’ont pas quitté depuis.

Je n’étais pas ce qu’on appelle une figure de proue; mais, comme je venais de publier mon premier livre de poèmes et que la presse en avait parlé en bien, j’étais sollicité plus souvent qu’à mon tour.

Oh majestuoso Cóndor de los Andes,
llévame, a mi hogar, en los Andes,
Oh Cóndor.
Quiero volver a mi tierra querida
y vivir con mis hermanos Incas, que es lo que más añoro
Oh Cóndor.

L’époque était un peu fourre-tout, d’accord. Mais n’est-ce pas toujours ainsi quand le passé et l’avenir s’affrontent? Je ne vais pas une fois de plus vous faire le coup de la querelle des anciens et des modernes. Ce serait-à du dernier cuistre et la démonstration risquerait d’être laborieuse. N’empêche que, cet automne-là, en plein fracas du Rock n’roll, un souffle chaud venu des Andes avait tout dominé. Porté par les charangos, les quenas, les flûtes et les percussions andines de Los Incas, l’esprit du condor nous emportait vers des rêves qui, pour le coup, n’avaient rien de psychédélique.

Ô majestueux Condor des Andes,
Emmène-moi chez moi, dans les Andes,
Je veux retourner dans ma terre bien-aimée
Et vivre avec mes frères Incas, c'est ce qui me manque le plus
Ô Condor.

Derrière l’écran gris des nuages, derrière les masses sombres à l’horizon, le condor était messager de l’espoir, mais cet espoir restait à hauteur d’homme.

Mais le vol du condor n’était pas qu’une simple allégorie, une enluminure au lapis-lazuli, une figure de style. En septembre ou en octobre, je ne sais plus, j’ai la mémoire solide, mais pas au point de pouvoir la sonder au laser, j’ai fait la connaissance de Claude, de Jacques et d’Odile, militants très actifs du Théâtre Universitaire. Claude n’était pas seulement celle qui dirigeait la troupe de manière informelle; elle en était l’inspiratrice. Pour elle, le théâtre, le spectacle et la scène n’étaient qu’une parenthèse estudiantine, c’était la voie qu’elle entendait suivre plus tard. Au physique, elle était tout en sinusoïdes, bien plus jolie qu’elle n’était belle, avec, au coin des lèvres, quelque chose de boudeur qui vous forçait à rester sur vos gardes. Jacques était grand et massif. C’était un gars solide et franc, ne portant pas la moustache, mais un collier de barbe frisé qui faisait penser à un roi assyrien. Niveau posture, avec sa guitare qu’il trimballait partout, Jacques faisait inexorablement penser, peut-être les singeait-il un peu, aux étudiants américains, fondus de folksongs, que l’on ne voit jamais sans leur housse d’instrument couverte de stickers «peace and love». Qu’Odile me pardonne. Je me souviens qu’elle était blonde, rieuse et bonne copine, mais c’est tout. Non qu’elle ne fût que «mademoiselle passe-partout», mais simplement parce que, si beaucoup de visages restent nichés dans la mémoire, il est à peu près impossible de leur redonner vie.

Il se trouve que cet automne-là, la FAO régionale avait organisé une tournée de Los Incas dans les principales villes du pays d’ici, les bénéfices étant destinés à la lutte contre la faim dans le monde; et, voyez-vous, j’en fus. Comment? De façon la plus naturelle du monde: la poésie. Naturellement, il fallait appâter le public local, et quoi de mieux, pour rester dans le thème, que demander au tout nouveau théâtre universitaire de mettre en scène des poèmes latino-américains? Une vraie reconnaissance pour Claude et ses comparses qui s’empressèrent de l’accepter. Cependant, maintenant qu’ils étaient au pied du mur, une évidence s’imposait: leurs connaissances étaient très maigres en la matière. C’est là que j’interviens. C’est Jacques qui fut chargé de me solliciter. Il me demanda si je pouvais les conseiller en matière d’œuvres et d’auteurs, et, de fil en aiguille, je fus embrigadé. J’entrais à petits pas dans le projet, mais, comme par la suite ce fut souvent le cas, je ne tardais pas à prendre la lumière. Question d’aura, me direz-vous! J’en accepte l’augure, mais je n’en tire aucune vanité. La plupart du temps, après avoir assuré la mise en place et l’exécution, je tire ma révérence et laisse les lauriers. Enfin, c’est ce que je me plais à dire, car, au bout du compte, peut-être ai-je tendance à me voir trop beau.

Los Incas

Cinéma Vox à Brest, tournée FAO, première partie de Los Incas.

Certes, sans vouloir passer pour un expert, j’avais lu les œuvres d’Octavio Paz, de Pablo Neruda, de Manuel Scorza, Jorge Luis Borges et de bien d’autres dont les «Poèmes indiens» de Miguel Angel Asturias qui auraient pu convenir à la perfection. Le choix aurait été raisonnable si, depuis des mois, je n’avais pas lu et relu l’anthologie négro-africaine de Lilyan Kesteloot et ne fusse tombé en arrêt devant le «West Indies LTD» de Nicolas Guillén.

Nicolas Guillén était noir et cubain? La belle affaire! Ce n’est devant un obstacle aussi mesquin que le condor allait se dérober. Je revois la petite salle de la cafétéria dédiée aux associations où Claude, Jacques et Odile m’attendaient. Je n’ai pas eu besoin de batailler longtemps pour défendre mon choix. Une lecture avait suffi pour que West Indies Ltd s’impose comme une évidence. Je crois en avoir déjà fait la remarque; Odile était de loin la personne la plus réservée de la troupe qu’elle n’avait rejoint que pour lutter contre une timidité maladive qu’elle vivait comme un handicap, elle qui voulait devenir professeur de français. Mais elle savait happer un texte. D’emblée, elle avait compris que Nicolas Guillén, par ses choix esthétiques et culturels, en particulier par la présence obsédante dans sa poésie des rythmes et des sonorités cubaines et caraïbes, remodelait à merveille l’espace africain-hispanique s’immerger, souvent par la seule présence d’un mot ou d’une locution, dans la culture latino-américaine.

— Julien ne peut pas dire le contraire, dit-elle d’une voix légèrement tremblante, il est indéniable que si nous voulons être crédibles, il faut qu’il soit à l’avant-scène tandis que nous interviendrons à la manière d’un chœur antique. J’espère que tu ne m’en voudras pas de rappeler tes origines, ajouta-t-elle en s’adressant directement à moi, mais, pour moi, c’est une question de légitimité. À ta manière, tu incarnes toi aussi le métissage et la culture latino-américaine.

Dont acte. Jacques sortit de son porte-monnaie la petite clé de cadenas qui servait à ouvrir le casier réservé au théâtre, en extrait un flacon de whisky et une pile de verres Duralex.

— «Yec’hed mat», dit-il dans un sourire qui enflamma sa barbe, et nous trinquâmes joyeusement.

C’était un de ces instants de grâce comme on en vit peu dans une vie; une communion profane, le souffle brûlant de la mangrove porté par l’aile du condor. Cela étant, il suffisait de suivre le texte tant il semblait, qu’en ménestrel moderne, Nicolas Guillén l’avait écrit pour qu’il coule des lèvres comme un déluge de subtiles harmonies. C’est comme cela que je l’avais reçu, et je me souvenais de l’avoir mentalement scandé dans le bus, le jour où je l’avais acquis.

Un tel trésor ne se galvaude pas; pas question de la mutiler par une mise en scène sacrilège. Jacques garda sa guitare sur scène; sans elle, il ressemblait à un manchot sur la banquise. Symboliquement, elle dessinait un trait d’union entre l’univers caribéen et l’espace latino-américain. Toutefois, hormis les trois accords essentiels du blues que je lui demandais d’égrener de manière sporadique, il lui était interdit d’en jouer.

Comme je suis un amoureux du blues et que le début West Indies Ltd, par sa métrique, son rythme rocailleux et ses reprises incantatoires, ressemble à s’y méprendre à un vieux blues du Delta, tel que Skip James, Robert Johnson où ce bon vieux John Lee auraient très bien pu l’écrire et le chanter, je me l’attribuais. Je ne veux paraître vouloir m’approprier la splendide traduction de Claude Couffon pour les Éditions Seghers, mais comment, si je veux être compris, ne pas la livrer ici?

Pour trouver notre subsistance
il faut travailler sans repos ;
pour trouver notre subsistance
il faut travailler sans repos :
Plutôt que de courber le dos
mieux vaut que tu courbes la tête.
De la canne on tire le sucre
le sucre à sucrer le café ;
de la canne on tire le sucre
le sucre à sucrer le café ;
ce quelle sucre me paraît
plutôt sucré avec du fiel.
Je n’ai pas de foyer
ni de femme à aimer ;
je n’ai pas de foyer
ni de femme à aimer ;
tous les chiens aboient après moi
et personne ne me vouvoie.
Les hommes lorsqu’ils sont des hommes
se doivent d’avoir un couteau ;
les hommes lorsqu’ils sont des hommes
se doivent d’avoir un couteau ;
je fus un homme et je l’ai porté
mais au bagne je l’ai laissé !
Si je mourais à l’instant même,
si je mourais à l’instant même,
si je mourais à l’instant même,
oh ! quelle joie mère j’aurais !
Aie ! je te donnerai, je te donnerai,
je te donnerai, je te donnerai,
Aie ! je te donnerai
La liberté !

Pendant le spectacle, je me plaçais à l’avant-scène, près des feux de la rampe, et je chantais. Oui, de ma voix la plus forte, la plus convaincante et la plus guerrière, je chantais à capella le blues de Nicolas Guillén tandis que Claude, Jacques et Odile psalmodiaient, à la manière d’un chœur antique — ou, plutôt, comme un Work Song dans un champ de coton — les fameux trois accords avec toutes les ondulations, toutes les sinusoïdes, toutes les ruptures rappelant les tourments du peuple noir, rapté, transbordé, esclavagisé; mais jamais résigné.

Si je n’étais pas littéralement en transe, ça s’en rapprochait beaucoup lorsque, à la fin de mon intervention chantée, je criais en sortant du cercle de lumière: «West indies ! West Indies ! West Indies !»

Mes camarades, en proie à la même ferveur messianique et toujours en psalmodiant la rythmique du blues, me relayèrent en se répartissant les périodes.

Voici le people hirsute,
cuivré, multicéphale, ou serpente la vie
avec sa peau que craquelle une fange sèche.
Voici le bagne
où chaque homme a des chaînes aux pieds.
Voici le siège ridicule des trusts and companies.
Voici le lac d’asphalte et les mines de fer…

Le plus difficile nous attendait: maintenir le crescendo jusqu’à l’embrasement et l’explosion finale :
Je me ris de tous; je me ris du monde entier.

Du monde entier ému devant quatre pantins
qui se redressent orgueilleux derrière leurs blasons criards
comme quatre sauvages au pied du cocotier.

Je le dis sans cette fausse modestie qui friserait l’imposture soir après soir, ce fut un vrai succès. Los Incas, qui passaient en vedette après nous, ne pouvaient qu’être satisfaits. Le public, certes, n’était pas par avance conquis, mais prêt à les entendre d’une oreille attentive et complice. Il me semble aussi que la FAO n’avait pas à se plaindre de nous avoir fait confiance. Chacun le sait, l’enthousiasme aide à forcer les porte-monnaie.

La soirée se terminait toujours par un cocktail au foyer des artistes. Bien sûr, Los Incas étaient au centre de toutes les attentions. C’était normal. Nous n’étions pas jaloux. Pourtant, le dernier soir, au prétexte de me montrer la carapace de tatou qui servait de caisse de résonnance à son charango, Jorge Milchberg, El Inca, le leader du groupe, me tira par la manche pour me dire qu’il avait été sensible à notre travail et qu’il trouvait que j’avais du talent. Il ajouta qu’il me garderait dans sa mémoire comme un message gravé dans le sable anthracite du lac Titicaca.

— Ne croyez pas, poursuivit-il, que le vent qui souffle en permanence sur les Andes l’effacera. Le vent des Andes ne disperse pas les grains de sable, il les partage à l’infini.

©José Le Moigne
Chemin de la mangrove 5
L’effacement

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 Viré monté