Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

Déclinaison du feu

José Le Moigne

La Caravelle. Photo F.Palli.


Venu si tard
nouer les fils
cet homme
le regard détruit
libère des colombes
au dessus du brasier
*
Le pays calme
n’existe pas
seule la mer a pouvoir
d’enchâsser l’horizon
*
La fibule
non plus
n’appartient à personne
ni à la pierre
ni à l’étoffe
peut-être
par instant
aux marges du présent
*
La nuit
le laurier laisse
un peu de sa fragrance
sur le chanfrein des loups
*
Cet homme
au-dessus du brasier
ne posséda jamais
ni rites
ni saisons
*
Au-delà-des tracées
c’est le règne des mains
l’enclave de la haine
l'escarbille des yeux
*
Cet homme
n’a plus le droit
de se tromper d’étoile
ni de roseau
ni de guitare
*
Anthurium à la main
il serpente le soir
vers l’office des mornes
*
La décharge d’un cri
n’atteint pas les nuages
cet homme
poursuit les lunaisons
au-delà des mangroves
*
Ça veut dire quoi
l’angoisse de parler
ne pas craindre surtout
les ondes de retour
*
Rien d’autre
ah oui
le froid aussi s’enterre
dans l’ombre des roseaux
*
Dans le craquèlement
des mouettes de labour
on retrouve l’empreinte
des clôtures brisées

©José Le Moigne
Fragments de l’entre-deux (à paraître)
Raisme-Valenciennes
5 février 1993

 boule

Viré monté