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Echos de l'île

 

José Le Moigne

 

 

 

 

 

Avec Barel Coppet Le Lamantin, Martinique Novembre 2006.
© Christine Le Moigne-Simonis

1

Quand l'orage tend ses griffes
vers l'acier gris des coques

sur l'île une lumière
scintille entre les dunes

ils gouverne vers elles
scrutant derrière les rives

les visages masqués
des anciens naufrageurs

2

Voici qu'ils s'agenouillent
et voici qu'ils se lèvent

des marbrures de sel
irisent leur regard

dans l'île pas d'oiseaux
hormis les cormorans

3

L'île a des racines
profondes sous la mer

l'horizon n'enclôt pas
la patience des algues

ils brûlèrent leurs armes
à la chute du jour

4

Ils baisèrent la tête
au passage des cygnes

l'odyssée des nuages
ne les concernait pas

maintenant ils savaient
qu'ils ne parleraient plus

5

Des flaques de lichens
s'accrochent aux rochers

le vent le plus souvent
hurle son monopole

sur l'île on ne craint pas
la chute des miroirs

6

Pas de printemps sur l'île
ni d'hiver ni d'été

simplement des journées
à vivre par devers tout

accroché aux ramures
mugissantes du houx

7

Venus du clair de lune
ils sculptaient le ressac
sur leurs lèvres d'argiles

puis ils tournaient le dos
puis ils lâchaient les chiens

8

Ils ne renonçaient pas
à construire des gibets

mais quand ils se croisaient
dans l'ombre des fontaines

c'était le choc lourd
des bêtes de combat

9

Sur l'île
dans l'île
et hors de l'île
la mort est du domaine
des planètes conquises

10

J'ai le regret de l'île
humaine et comme indépendante
fruit centré sur l'espace
où viennent s'abreuver
les chevaux de l'exil


José Le Moigne
in Poèmes du sel et de la terre
L'Arbre à paroles éditeur
editions@maisondelapoésie. com

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