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Auto-portrait 1960 / Rêve oriental

José Le Moigne

 

Pour Jean-Michel Caradec

 

 

 

 

 

Photo: Le Télégramme 1966.

José Le Moigne

Oui, je me crois assez beau en prince byzantin,
comme lui j’ai barbe noire, le teint brun,
la grâce du mollet, l’orgueil des paupières,
la main fine et soignée, le cœur fier.

Je me verrais très bien de palais en palais
aller, le corps tout bruissant de merveilleux harnais ;
des eunuques douceâtres au teint blême,
se tiendraient nuit et jour aux portes du harem.

J’aurais puissance, gloire et richesses,
l’immense Orient se tairait au bruit de mes prouesses,
de Syrte à Métilla résonnerait mon nom
on me craindrait partout à l’égal du lion :

La mer se couvrirait de mes caraques d’or
et  l’Espagne tremblerait au canon de mes forts …
Princes, Rois serviles inclineraient la tête
et seraient serviteurs aux banquets de mes fêtes.

Je serais …
… Pourtant, ici, comme il est doux de voir monter la brume
Doucement, doucement comme un rêve qui fume …

©José Le Moigne
Brest 1962

Jean-Michel Caradec

José Le Moigne dans les années 60.
Caricature: Jean-Michel Caradec.

En ce temps-là, avec cette totale inculture qui est celle des jeunes gens pour qui l’horizon poétique se heurte aux limites du Lagarde et Michard, j’étais résolument verlainien et je le suis encore. Pourtant, je ne renie pas ce texte. Pour daté qu’il soit il exprime déjà ce que je pourrais appeler, avec un brin d’afféterie, mon Art Poétique. A condition bien sûr que j’en ai un, ce qui reste à démontrer.

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