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Influences Caraïbes

EKO d’EVENEMENTS:
le FESTIVAL «Influences Caraïbes»

Véronique Larose

Ce festival s’est achevé le 17 novembre dernier. Il a offert un mois de découvertes culturelles structurées autour d’une belle programmation, diversifiée, peaufinée par l’association «le Cri du Peuple».  Rencontres, débats, musique, cinéma, art contemporain, expositions,conte pour des artistes d’horizons différents: de Martinique, de Guadeloupe, de Trinidad, d’Haïti, du Canada, de Bondy, d'Avignon ou encore de Barbès! Maryse Condé était la bienveillante marraine de ce festival.

Eko-perso: la conférence «Créole, créolité, créolisation» du 7 novembre dernier, à la Maison de l’Amérique latine (Paris 7ème)

Cette rencontre interrogeait ces 3 notions autour de 3 personnalités:

  1. Michel GIRAUD: Sociologue -  Directeur de recherche au CNRS rattaché au Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe
     
  2. Marie-Christine HAZAËL-MASSIEUX: Linguiste - Enseignante à l’Université de Provence - Responsable du Groupe Européen de recherches en langues créoles
     
  3. Jean-Luc BONNIOL: Professeur d’anthropologie à l’université Paul Cézanne, Aix-Marseille III

Ces 3 Chercheurs qui ont partagé avec le public les enjeux des terminologies:

  1. l’ambiguïté du mot «créole» en tant que désignations d’individus (substantif et adjectif), en tant que langue («le français des îles» dès les années 1790). Michel GIRAUD précise que le créole apparaît «comme marqueur d’authenticité» par «la diversité des réalités recouvertes par le terme créole». Jean-Luc BONNIOL voit dans le créole «un phénomène de résilience au niveau collectif»
     
  2. la «créolisation» qualifiant un phénomène linguistique et culturel qui serait «un processus sans fin» d’après Jean-Luc BONNIOL
     
  3. la «créolité» fait référence «à une revendication, à une identité proclamée» selon Michel GIRAUD

Un défi d’enseignement: Mme. HAZAËL-MASSIEUX a également posé les problématiques des langues créoles dans leur enseignement. Enseignante en Linguistique comparée des créoles, a soulevé des questionnements autour de l’enseignement des langues créoles. Plusieurs problèmes techniques: «quelle langue enseigner?» «qui peut enseigner?» Elle explique l’objectif de cet enseignement: «c’est parler et écrire le créole avec tous ses niveaux de langue», d’autant plus qu’ «il y a très peu de personnes qui sont véritablement bilingues». Elle précise la particularité de la pédagogie: «ce n’est pas parce qu’on parle le créole qu’on sait enseigner le créole». Pour ce qui est du statut de cette langue, elle maintient que «le créole n’est plus une langue méprisée, mais bien une grande et vraie langue, qui est susceptible de recevoir les mêmes lettres de noblesse que les autres langues»

Un défi de création: Michel GIRAUD a insisté sur la mobilité de toute langue: «on peut étudier comment les gens parlent, on ne peut pas leur dire comment parler». Le sociologue a émis la nécessité de «créer tout un appareillage pour acquérir en créole tous les concepts dans des disciplines spécifiques», comme les sciences, par exemple.

Véronique Larose – août MAJ le 9 nov. 2007
Extrait de l’ELOKANS n°14 de déc. 2007 – page 12

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