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Lettre ouverte aux Absents Tony Mardaye
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Aujourd’hui, je regarde l’attitude de mes compatriotes à propos des états généraux, je vous avoue ne pas les comprendre, une chance nous est donnée de proposer, de participer, d’influer sur les orientations de nos pays et la réponse quelque peu niaise faite: «On n’était pas demandeur de ces états généraux!»
Je ne souscris, ni ne partage le choix de l’abstention ou de la politique de la chaise vide, du refus de participer à ces états généraux.
Dites-moi, combien de fois au cours de l’histoire de nos pays, fûmes-nous consultés sur les orientations données?
Certains arguent que cela fait dix ans que nous menons nos propres états généraux, oui cela fait dix ans et on a abouti à quoi, on contrôle quoi, on a fait quoi?
Du vent, de la parlotte, où sont les plans de développement pas ceux du Conseil Général et de la Région, d’ailleurs a t’on vu un début d’application?
Cela fait plus de trois ans que je dénonce la vie chère, la paupérisation de nos populations, le génocide par substitution dont nos élus contribuent fortement, car les lois de décentralisation leurs confèrent la compétence sur l’urbanisme de leur commune respective, donc ils ont pouvoir sur l’aménagement.
Trois ans que je dénonce les maigres retraites de nos aînés et la misère dans laquelle ils vivotent, de la désespérance de notre jeunesse qui va à vau-l’eau, de drogue en violence, pendant ces trois ans, je n’ai vu, ni trouvé de relais, nos intellectuels plus à défendre la cause palestinienne, tibétaine, à avoir avis sur tout et sur rien, défendant toutes les causes, empoignant tous les combats du monde, sauf ceux de leur peuple.
Non pas que ces causes n’aient pas besoin d’être défendues, mais que l’on consacre toute son énergie vers des combats lointains et étrangers, dont nous n’avons aucune chance, aucun pouvoir de peser sur leur résolution, me semble d’une utilité crasse.
Le premier combat d’un nationaliste, c’est ainsi qu‘il se nomme est de défendre la cause nationale et les nationaux, me semble t’il!
Les seuls à avoir repris mes revendications, mon combat fut le LKP et le Collectif du 5 février, pourtant quand j’écrivais, je pensais alimenter la réflexion des élus et non celle des syndicalistes.
Nous sommes absents de tout dans nos pays, un pouvoir politique sans réel pouvoir, aucune prise sur la destinée de nos économies, si ce n’est de prélever leur octroi de mer qui grève le pouvoir d’achat, aucune prise sur l’économie productive, des pays (Martinique-Guadeloupe) dont le taux de couverture varie de 5% à 3 %.
Il n’y a rien dans nos pays appartenant à la population, je parle des 98 % afro-antillais, ou si peu. Nous n’avons pas la capacité de subvenir à nos besoins si la métropole ne nous abonde pas en produits alimentaires et autres, nous ne produisons rien, toujours dans le système de plantation et de l’exclusif colonial, rien n’a changé à ce niveau, rien sur le plan économique n’a changé.
Aujourd’hui la parole nous est donnée, et nous faisons la fine bouche, d’aucuns pensent que c’est en restant en dehors de tout qu’ils influenceront les choix, les décisions nous concernant.
Le propre de l’absence c’est l’absence! Ne pas être présent, ne pas avoir voix au chapitre, influer sur rien, c’est comme regarder les jours passés en étant toujours dans ses rêves éveillés ou être en train d’alimenter ses fantasmes.
Je ne serai pas absent des décisions concernant nos pays, je participerai à ces états généraux, je serai dans une commission gouvernementale traitant des: «productions locales et les conditions d’un développement endogène.»
Si j’ai créé le site Pyépimanla, c’est afin que personne ne parle de nous, en notre nom, alors qu’ils sont autres. C’est pour que personne ne contrôle notre image et nous photographie comme cela se faisait sous des angles nous enlaidissant.
Donc, ce n’est pas aujourd’hui que je me tairais, je ne serai pas l’absent de ce combat, je ne serai pas absent tant qu’il s’agira de défendre mon peuple.
Tony Mardaye
Signataire de l'Appel des 74.
Membre de la commission gouvernementale des états généraux.