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LEMURIA

Le continent disparu

 

 

Exposition gratuite au Blue Penny Museum
Le Caudan Waterfront, Port-Louis, Ile Maurice
du 25 novembre au 31 janvier 2009

Lemuria

Tout le monde a entendu parler, au moins une fois dans sa vie, du grand mythe de l’Atlantide. Depuis Platon, l’hypothèse de la disparition subite d’une très ancienne civilisation dont nous descendrions, hante la littérature. Des milliers d’ouvrages ont été écrits sur le sujet.

En revanche, beaucoup moins connue est notre Lémurie, continent de l’océan Indien, disparu au cours de quelque cataclysme planétaire et dont les îles Mascareignes et Madagascar formeraient les seuls vestiges actuels.

Malcolm de Chazal, s’emparant de l’idée, la reprendra à son propre compte pour la pousser dans ses ultimes retranchements. Ce qui nous donne l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature mauricienne, Petrusmok. Ce faisant, l’œuvre en question n’était en fait que l’aboutissement logique d’une grande aventure scientifique et littéraire, remontant à plus de deux siècles.

De Geoffroy Saint-Hilaire à Dumont d’Urville, nombreux ont été ceux à abonder dans le sens de cette théorie que d’aucuns jugèrent farfelue.

Le premier, Philip Sclater, le créateur du mot même de "Lémurie", élabora une doctrine dûment argumentée et bien loin de paraître loufoque, il fut relayé par de nombreux savants.

Puis, quittant le pôle scientifique pur, le continent fut abordé par des occultistes de tous bords, des théosophes, Mme Blavatsky, des Rose-Croix, ou plus gravement, des Allemands de l’entre-deux guerres, tel l’obscur Dr. Hans Hôrbiger.

Parallèlement, les écrivains de la région reprirent la thèse au vol, lui trouvant des racines régionales beaucoup plus authentiques. Jules Hermann, le Réunionnais, magnifiant la Grande Ile de Madagascar, en fit l’origine de toutes les civilisations et le malgache, langue adamique, fut pour lui, la source de toutes les langues de la planète, preuves à l’appui (…).

Robert Edward-Hart en eut connaissance et relaya l’idée de la Lémurie à son tour, au sein notamment du fameux Cycle de Pierre Flandre. C’est lui qui, un jour, en conversant avec Malcolm de Chazal, parvint à le convaincre. Nous savons la suite… De très nombreux auteurs reprirent cette thèse originale en en faisant une sorte de mythe fondateur de la société mascarine.

L’île Maurice devenait ainsi le centre du monde, l’origine de tout, la grande métropole de l’univers. Dès lors, tout y faisait trace, tout y était allusion, empreinte, messages laissés là par quelques "Lémuriens", dans le seul but de nous communiquer un mystère à décrypter. Pour les uns, thèse rocambolesque, pour les autres vérité révélée d’un passé enfin recouvré. Il est temps aujourd’hui, de nous pencher sur ce chapitre incontournable de notre littérature mascarine, que nous aurions en tout cas tort de ne pas prendre au sérieux, tant il monopolisa l’attention des contemporains. La Lémurie, en fait, nous apprend beaucoup sur nous-mêmes et notre société insulaire.

C’est en 1950 que Malcolm de Chazal, au cours d’une rencontre chez Robert Edward-Hart, entend parler du continent disparu, concept qu’il fait sien aussitôt. Emballé par l’idée, durant six mois, il part à la conquête de signes laissés par les anciens "Lémuriens" et réinterprète notamment tout le paysage de l’île en lisant chaque montagne comme un message sculpté à notre intention. Il rédige plus de 800 pages et revisite de multiples manières l’ancienne civilisation lémurienne. Petrusmok, édité localement, La Pierre philosophale, plus tard, L’Ile Maurice proto-historique folklorique et légendaire reprendront tous l’idée d’une Genèse de l’Humanité sur notre île, faisant même du dodo, la colombe de l’arche…

Cette exposition, c’est un peu la présentation de la fascination des intellectuels des Iles Soeurs pour leur voisine, Madagascar. L’exposition retrace tous les éléments de ce mythe, mêlant Histoire littéraire et Histoire Naturelle. Le choix du mot lémurie par l’Anglais Sclater ne fut pas fortuit et ce fut la possibilité d’intégrer tout un pan de légendes populaires de la Grande Ile au mythe en gestation.

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BLUE PENNY MUSEUM Expédition littéraire et scientifique…

Des spécimens de lémuriens naturalisés exposés

Le Mauricien, 21. novembre 2009

Le musée du Blue Penny propose une expédition d'un nouveau genre… sur le continent mythique de la Lémurie, du 25 novembre au 31 janvier. Lemuria, continent disparu explique l'importance du mythe littéraire de la Lémurie dans la littérature régionale de l'océan Indien, et retrace les sources scientifiques de ce mythe fondateur. De nombreux documents, des cartes originales, des livres et portraits seront montrés dans cette exposition, de même que plusieurs spécimens très précieux de lémuriens naturalisés, qui ont été prêtés par le Museum d'histoire naturelle de La Réunion.

De Geoffroy Saint-Hilaire à Dumont d'Urville, les intellectuels et écrivains furent nombreux à nourrir cette idée selon laquelle les îles des Mascareignes et la grande île de Madagascar seraient les derniers vestiges du continent disparu de la Lémurie. À l'instar de la théorie de l'Atlantide que Platon avait par ailleurs élaborée sous l'Antiquité romaine.

L'exposition Lémuria, continent disparu mettra l'emphase sur l'inspiration littéraire qu'a engendré ce grand mythe sur nos îles. Avec La révélation du Grand Océan, le Réunionnais Jules Hermann est le premier à avoir exploité ce mythe en magnifiant l'île de Madagascar. Le Mauricien Robert Edward Hart l'a suivi dans nombre de ses poèmes (principalement issus du Cycle de Pierre Flandre), et bien sûr Malcolm de Chazal a élaboré le roman de sa vie, Petrusmok, à partir de cette histoire tout à fait extraordinaire.

Cette exposition - ouverte gratuitement au public du 25 novembre au 31 janvier - explore également des aspects plus rationnels et scientifiques qui ont été à l'origine du mythe. Comme l'explique le si volubile conservateur du Blue Penny Museum (BPM), Emmanuel Richon, c'est Philip Sclater qui a inventé le mot "Lémurie". Aussi ce dernier a-t-il élaboré une doctrine dûment argumentée à ce sujet, qui fut relayée par de nombreux savants. Mais ses théories comportaient quelques erreurs scientifiques fondamentale "de timing". Ces théories furent aussi abordées et exploitées par des occultistes et des théosophes de différents courants (Rose Croix, etc.).

Le sujet est tellement riche que le mythe de la Lémurie peut sans exagération être considéré comme mythe fondateur de la société mascarine. L'île Maurice devenait aussi dans les théories de Malcolm de Chazal par exemple, le centre du monde, l'origine de tout, la grande métropole de l'univers. Thèse rocambolesque ou vérité révélée d'un passé enfoui dans les oubliettes de l'histoire, qu'importe en réalité. L'exposition proposée par le musée de la MCB nous apprendra beaucoup sur nous, notre imaginaire, notre littérature, sur certaines découvertes scientifiques, des théories plus ou moins plausibles, et même sur certains animaux tout à fait fascinants dont on dit qu'ils seraient nos ancêtres…

Le musée va, en effet, notamment montrer six spécimens extrêmement rares et précieux de lémuriens naturalisés. L'un d'entre eux, le Aye Aye, vient du musée de l'Institut mauricien, mais les autres viennent du Museum d'Histoire Naturelle de La Réunion. Certains d'entre eux montrent des variétés de lémuriens qui n'existent plus aujourd'hui dans les forêts de la Grande Île. Ces animaux empaillés sont d'autant plus précieux qu'il est interdit de naturaliser des animaux morts d'espèces protégées depuis 1975 à Madagascar.

On verra également à cette exposition des os d'aepyronis maximus, cet oiseau qui serait le plus grand des oiseaux connus sur terre, qui a notamment intrigué Prosper d'Épinay qui parlait de l'oiseau éléphant. "Il y aura dans cette exposition, nous indique Emmanuel Richon, de la rationalité et de l'onirisme, des informations aussi qui intéresseront autant les enfants que les adultes. Finalement, c'est tout simplement une exposition sur la fascination que Madagascar a pu exercer sur les intellectuels et les scientifiques de Maurice et de La Réunion."

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