Potomitan

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2003-2004: 150 ans de présence indienne
en Guadeloupe et en Martinique

Visite en Guadeloupe de
Son Excellence Dilip Lahiri

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Jean-Samuel Sahaï

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Ambassadeur

Alain De La Croix accueille amicalement Son Excellence Dilip Lahiri. © Photo Rébecca Marival.

« Pour aller de l'avant il ne faut pas refaire l'histoire, mais innover. Nous devons
ajouter quelque chose à l'héritage de nos ancêtres.
» - Mahâtma Gandhi.

Au début de l'année c'est Son Excellence Shrimati Savitri Kunadi, alors ambassadeure de l'Inde à Paris, qui avait rendu visite à la Guadeloupe pour le lancement des célébrations du cent-cinquantenaire de l'arrivée de nos Indiens. On avait apprécié entre autres les fêtes majestueuses organisées en Janvier par Ernest Moutoussamy à Saint-François (dont la fabuleuse et féerique cérémonie Allumer la Lampe).

Cette fois, c'est Son Excellence Dilip Lahiri, le nouvel ambassadeur à Paris nommé il y a cinq mois, qui vient d'honorer la Martinique et la Guadeloupe de sa présence.

Deux temps forts ont marqué cette visite

Le 1er octobre, ce fut la cérémonie de remise de médailles du cent-cinquantenaire de l'arrivée indienne par Bharat-à-Gua, la fédération d'associations indiennes pour les célébrations de 2004 présidée par le professeur agrégé Jean Boniface Hira, et le Conseil Général, partenaire de tutelle des opérations.

Au cours de cette matinée solennelle tenue à la Résidence Départementale du Bas-du-Fort, diverses personnes furent honorées pour avoir contribué à maintenir vivante la culture de nos aînés indiens, à savoir la musique, les danses, la religion, les plantes, la nourriture… Mais aussi cette bonté d'âme et ce dévouement inconditionnel au travail, à la famille et au pays, qui, de l'avis de tous, constituent encore à ce jour un apport inestimable à l'évolution de la Guadeloupe toute entière.

Ainsi furent récompensées des grands-mères aujourd'hui âgées mais femmes solides, ayant élevé parfois 12 enfants qui ont tous fait leur chemin dans la vie. Madame Chingan du Moule, Madame Janky, mère du professeur de médecine Eustase Janky, lui aussi médaillé, faisaient partie du nombre. On remercia des «patriarches» restés fidèles à leurs traditions contre vents et marées, en dépit du ridicule subi, comme le Père Sitalou.

On loua des activistes de la sauvegarde de la culture et de la pensée indienne comme M. Jocelyn Nagapin, auteur d'un magistral ouvrage sur l'hindouisme de l'Inde aux Antilles, ou Shri Francis Ponaman, éminent chercheur, doctorant en langues et cultures indiennes, fondateur de l'association Guadeloupe-Inde Sangam, et initiateur des recherches sur les origines de nos ancêtres en pays tamoul.

Furent aussi décorés des travailleurs de l'agriculture, comme M. Ramassamy, Président de la Chambre d'Agriculture, de l'Industrie comme Gérard-Olivier Sahaï, responsable de la SARA-Guadeloupe, du monde des transports comme M. Goulabkan, des média comme le sémillant Jude Sahaï, responsable de l'antenne à RCI, de l'écriture, comme la romancière Bogat-Minatchy, ou Nora Chevry, auteure d'une thèse de doctorat sur l'Inde, de l'éducation comme Jean-Samuel Sahaï, interprète, professeur de langue...

Et bien d'autres encore - une cinquantaine en tout, sans oublier les frères amis, poteaux-mitan de la culture indienne guadeloupéenne : Jacques Sidambarom, fondé de pouvoir honoraire de la BDAF petit-fils d'Henry Sidambarom - celui qui conquit, après un long procès politique fait à la République, amorcé en 1904, et qui aboutit en 1923 par l'octroi de la nationalité française aux travailleurs indiens jusque là apatrides - et Eliézère Sitcharn, cadre retraité de la Sécurité Sociale, président de la vénérable association des Amis de l'Inde que Jacques Sidambarom quitta un jour pour fonder, sous l'égide du Conseil Général, le Comité Sidambarom.

Le Mahâtma installé à Basse-Terre

Gandhi

Gandhi

Buste de Gandhi, Basse-Terre, Guadeloupe. Photo F.Palli.

L'autre point fort de la visite de Son Excellence fut le dévoilement du buste de Gandhi le jour de l'anniversaire de l'apôtre de la non-violence, samedi 2 octobre. Le monument se dresse symboliquement au bout de la rue Henry Sidambarom, comme pour rappeler que Basse-Terre fut, il y a de longues années jumelée à Pondichéry... Initiative quasi-oubliée du maire de l'époque, Jérôme Cléry, lui aussi médaillé, qui dut sembler bien curieuse au citoyen lambda, à une époque où la présence indienne n'avait pas encore conquis ses lettres de noblesse... Puis Shri Dilip Lahiri et sa suite ont visité la Médiathèque Caraïbe où se tient en ce moment une exposition sur l'Inde et sa Guadeloupe.

Il y eut peu de monde à cette inauguration, si on la compare à celle de l'autre monument érigé chez nous en hommage au Mahâtma, l'imposante statue offerte par l'Inde et érigée à Saint-François. Son émouvante inauguration, finement orchestrée par Ernest Moutoussamy, lui aussi médaillé, et son conseil municipal, attira aux pieds du Mahâtma, toutes ethnies et toutes options politiques confondues, tout ce que la Guadeloupe compte de personnalités, et plusieurs milliers de personnes.

Ce soir-là, il s'était subitement mis à pleuvoir à verse aussitôt le protocole officiel réalisé. Ce qui, de l'avis de certains membres de la délégation indienne, tout autant que de quelques férus indianistes locaux, était le signe que Gandhi, le ciel, et la divinité, avaient couronné de succès l'événement, et investi le mausolée.

Jean-Samuel Sahaï.

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